lundi 15 septembre 2025

Trail Autrement - Septembre 2025

Forêt de Sans Soucis, source: Cirkwi

Trail Autrement par UFOLEP, J+1 [FINISHER | 1er SCRATCH]

15 jours après la CIMASARUN, j’avais envie d’une dernière danse avant la Grande messe d’octobre. Ce nouveau trail répondait à mes attentes avec un profil bien nerveux: 6 kilomètres de faux plat montant au tempo + une longue montée régulière de +1500 m + 10 km de descente au seuil + une dernière bosse de 250 m de D+/- au mental.

Mais avant tout, un petit mot sur ce Trail Autrement organisé par l’UFOLEP Réunion. Conscients de l’évolution rapide de la pratique du trail, les organisateurs ont voulu revenir à des valeurs qui ont tendance à se perdre pour nous faire vivre un événement différent. Ainsi, le coureur, l’environnement et la passion du sport ont été mis en avant plutôt que la performance, la surconsommation et les artefacts “made in China” que l’on retrouve de plus en plus. En résumé, ça nous donne un événement qualitatif avec:

- une inscription à 1 euro du kilomètre avec un tarif réduit pour les filles

- un nombre de place limité à 300 participants divisé à parts égales hommes-femmes

- pas de podium, pas de prix, pas de t-shirt ou autre médaille mais du miel péi et une flasque offerte à tous

- des produits locaux aux ravitaillements avec des jus frais plutôt que les classiques boissons gazeuses pleine de mauvais sucre

- un repas végétarien de qualité avec smoothie et moelleux au chocolat pour récompenser nos efforts

- et, pas de plastique, c’est fantastique

Dernier objectif de l’organisation: créer une ambiance conviviale pour un trail autrement. Ça tombe bien, voilà exactement ce que je cherchais. Bon, il y avait aussi une sortie sérieuse et une performance en toile de fond…mais j’avais surtout envie de m’amuser, de prendre du plaisir et de partager cette journée avec Coline qui chaussait les baskets pour l’occasion (bon…ok…on aura uniquement partagé la route, la ligne de départ et, avec 2 heures d’avance sur son prévisionnel, la fin de son interview…)!

Retour sur une belle journée, avec en prime une première victoire sur la planète Trail. Et je t'avoue qu'elle vient me libérer d’un poids.

Cette fois, pas question de “louper” le départ. On arrive en avance pour récupérer nos dossards et prendre le temps de s’échauffer. En principe, pas de stress. Sur le papier, je me dis que les premiers kilomètres serviront à me dégourdir les jambes. Mais, je me mets la pression. Mon ventre gargouille fortement. J’ai quelques troubles digestifs depuis 3 jours. Ça devient inévitable. Un dernier appel d’urgence me fait filer aux toilettes…on est à 5 minutes avant le départ, ce sera donc l’accélération qui viendra finaliser mon échauffement (une grande première dans la série des “n’importe quoi d’avant course”). Heureusement, l’organisation décide de prendre quelques minutes supplémentaires afin d’avoir suffisamment de luminosité pour ne pas se faire une cheville dans les 200 premiers mètres. Je retrouve la ligne de départ, un peu remué…mais clairement plus léger. On remarque vite que les brutes habituelles ne sont pas là. On se retrouve à 4 coureurs en première ligne, puis un écart de presque 2 mètres avant le peloton! C’est timide. Ça ne se bouscule pas. C’est plaisant. On va pouvoir partir plus cool. 

3. 2. 1. C’est parti…pleine balle! Je prends immédiatement la tête à 3’20” du kilomètre. Oui, faudra sérieusement revoir cette notion de “départ prudent”. RAF. C’est agressif. On n’est pas là pour cueillir les pâquerettes! Kilomètres 4, Yannick me récupère et passe devant. Il a une bonne foulée. Je le laisse partir et reviens sur un pacing plus raisonnable. On attaque les premières pentes. Entre 100 et 135 m de positif par kilomètre. L’allure diminue pour moi et Yannick prend de l’avance. 100 m nous séparent et c’est une erreur de marquage qui me fait revenir sur lui peu avant le premier ravitaillement. 

Nous entrons dans le sentier après 10 kilomètres de bitume. Personne ne nous suit et je comprends que nous allons faire la course à deux. On commence alors à échanger et à faire connaissance. Parce que c’est ça aussi l’esprit trail. Nous faisons presque toute la montée ensemble. Il marche quand ça monte fort et relance quand c’est possible. J’essaie de rester sur mon rythme de course, sans pour autant exagérer l’effort. C’est plaisant. On passe par de beaux paysages forestiers. Le sentier est roulant avec quelques marches. La pente est régulière. Après 1500 m de D+, nous terminons les 2 kilomètres de forêt avec plusieurs sections de relances assez cassantes avant de retrouver la RF. Nous sommes au second ravitaillement et découvrons une épreuve bonus pour un gain de temps possible de 5 minutes: du tir à l’arc. Ça fait partie de la particularité de ce trail, tout comme l’obtention de bonus si tu venais en covoiturage ou en mode de transport doux. Mais revenons au tir. Trop facile. Guillaume Felt, c’est un peu comme Guillaume Tell. Bah…visiblement non. 1 point - gain de 30 secondes. Pas rentable puisque j’ai passé 2 minutes à l’arrêt. Passée cette épreuve, nous repartons ensemble pour 2 kilomètres à plat avant d’attaquer la longue descente vers Saint-Paul. 

Le chemin est quelque peu technique, entre racines et pierres instables. Mon terrain d’expression. J’attaque en premier, à 3’50” au kilomètre. Yannick ne suit pas. Je continue fort et dévore les kilomètres. Je traverse la forêt avant d’entrer dans les sentiers de canne. Toujours aussi à l’aise, je me sens bien et me dit que maintenant, il faut aller chercher cette première victoire! 10 km de descente engagée à plus de 14 km/h en moyenne. Je bombarde. On alterne entre routes bétonnées et sentiers. Quand le paysage se dégage, j’arrive à évaluer mon avance. Elle commence à être conséquente. Pour autant, je ne relâche pas mon effort. À l’entame du sentier Maccabit, je sens la fatigue et une forme de lassitude s’installer. La technicité de la section va me réveiller. C’est surtout la cheville gauche qui s’est réveillée. Elle tourne mais j’arrive à me rattraper et je reste stable. La douleur ne flambe pas. Ouf. Il faut que je lève le pied et que je redouble de vigilance. Ce serait trop bête de se blesser aujourd'hui. Je termine cette descente en m'alimentant car la dernière bosse va être sérieuse. 

Kilomètre 33. 3 heures de course. J’entame la boucle du Bassin Vital en mode survie. Ne pas craquer. Avancer. Aller chercher cette victoire. Je pousse fort sur les jambes. Les marches semblent mesurer 1 mètre. Encore 250 m de D+. C’est dur mais je m’accroche. J’arrive enfin à la bascule. Rester concentré en jouant avec les cailloux et les randonneurs. Je loupe une marche et manque de tomber. Allez! Encore un effort. J’aperçois la route. Je relance. Moins de 2 kilomètres. Dernier virage. Je me retourne. Je suis seul. À jamais le premier!

Résultat: Victoire en 3h33’39” devant Yannick IMBROSCIANO qui termine en 3h39’07” après bonification (+6’30” grâce à l’utilisation du vélo et à ses 2 points au tir). Bravo à lui et merci pour le bout d’aventure ensemble!

Merci à l'UFOLEP Réunion et aux bénévoles pour nous avoir mis au cœur du projet. Un grand merci pour tous les encouragements reçus. Bravo aux 126 coureurs et coureuses. Une première édition réussie! Un énorme Big Up à Co qui termine en un peu moins de 5 heures. Elle décroche une superbe seconde place féminine! 

Objectif atteint, le plein de confiance est fait avant d’entamer la dernière ligne droite de l'année! Au programme, encore 10 gros jours d’entraînement avant la phase d’affûtage. 

"Here we go!”

dimanche 31 août 2025

CIMASARUN - Août 2025


Photo of the day

Pendant que certains feront le tour du Mont-Blanc, nous serons près de 1300 à parcourir les 3 cirques (Cilaos, Mafate et Salazie). Parce que nous aussi on sait faire le tour d'une montagne*...

* Piton des Neiges, 3070 m, point culminant de l’océan Indien.

Départ: samedi 30 août 2025 à 4:00 depuis Hell-Bourg
Distance: 54 km
Dénivelé: 3800 m

Plaine des Tamarins, cirque de Mafate

CIMASARUN, J+2 [FINISHER | 12è SCRATCH]

Nervosité. Ça part fort. Trop fort. Ça monte de façon agressive. Ça régule. Ça commence à devenir lactique. Ça monte encore. Pourcentages ignobles. C’est dur. Sommet. La descente fait mal. La journée va être longue. C’est encore dur. Aille la cheville. Ça fait mal. C’est dur. Ça commence à pousser. C’est dur. Mafate. Fatigue. Grosse descente. Ça tabasse dans les quads. C'est dur. Faut encore remonter. J’ai mal. Soulagement. C’est terminé.

La CIMASARUN 2025 ou une nouvelle expérience de souffrance interne! Tu l’auras compris, avec ses 53 km et quelques 3800 de dénivelé, la CIMASARUN est une course particulièrement exigeante. Tant physiquement que mentalement, elle ne m’aura à aucun moment épargné. Retour sur cette lutte contre moi-même.  

Vendredi, 19:00. Avec Co, nous prenons la route pour Hell-Bourg, dans le cirque de Salazie. Après 2 heures de route, nous arrivons sur le lieu de départ où nous posons la tente. Bivouac grand luxe, on a pris les matelas, les oreillers ainsi qu’une grosse couverture car il fait froid (6°C). Réveil à 2:30 pour un départ à 4:00. Sur le papier, tout est parfait. Trop parfait. Du coup, on va corser les choses en ne trouvant pas le sommeil. La nuit est tout de suite plus courte mais j’ai eu le temps de rêver que je loupais le départ. Je me réveille doucement. Je prends mon petit déjeuner: 2x cracottes de seigle avec un duo fromage de chèvre-jambon et 2 autres beurre de cacahuète-banane. Ensuite, je me prépare avant d’aller tranquillement m’échauffer une quinzaine de minutes. Petit footing avant d’enchaîner quelques gammes pour faire sérieux. Et je termine avec 4-5 lignes histoire d’effrayer la concu’.

3:55. On n’est pas passé loin du fiasco. J’arrive sur le départ et me place sur la première ligne. Mais là, je percute que je n’ai pas effectué mon pointage…le speaker annonce même un décalage du départ en raison d’une saturation au niveau de l'équipe d’enregistrement. Je fais donc le tour du sas de départ pour m’apercevoir que je suis presque le dernier et qu’il reste un bon tiers de coureurs à pointer. Bah oui…1300 personnes, ça ne se fait pas en 5 minutes, surtout quand tu es seul pour l'opération. Angoisse totale…je décide donc de prendre la tangente et j’arrive tant bien que mal à me repositionner en 5è ligne. Ouf, je ne vais pas avoir besoin de faire le slalom géant. Sauf que tout ça m’a complètement sorti de ma bulle. J'en oublie même d’actionner ma montre avec le tracé (heureusement, je connaissais bien la route car le balisage orange à côté des fleurs de la même couleur pouvait prêter à confusion).

4:10, top départ! Prêt ou pas, je pars à 3’50” du kilo et…c’est trop fort. Les 3 kilomètres suivant tournent à 4’35. C’est toujours trop fort. Les premières pentes vont faire du bien…ça va calmer tout ce petit monde…moi en particulier. Le profil est montant avec de beaux pourcentages et j’arrive vite au bout des 5 kilomètres de route pour 225 m de D+. On va pouvoir attaquer la randonnée avec le sentier du Cap Anglais et ses 1300 m de D+. C’est agressif. Je me fais déposer par Charlotte, première féminine. Le rythme est costaud et, après 1 heure entre 800 et 1200 m/h, je commence à devenir lactique. Le corps me fait comprendre 3 choses. 1- Je suis parti un poil trop vite. 2- Les efforts soutenus accompagnés de gel énergétiques à 4:00 du matin, c’est pas ouf. 3- La dernière semaine n’a pas été assez reposante pour prétendre à de plus gros efforts. J’arrive au sommet en 2h10 et profite des magnifiques lueurs du jour pour reprendre espoir. La descente du Bloc est joueuse. Ça va finir par me réveiller. Faux. Habituellement si à l’aise, je subis complètement. Les quadriceps piquent et je ne me sens pas à l’aise. Les sensations ne sont pas bonnes. Je dois avancer prudemment. Bon, je descends quand même les 4 kilomètres et 1000 de D- en 35 min. Je profite pour me ravitailler et j’entame une section roulante, composée de nombreuses relances. Problème, je n’arrive plus du tout à courir en montée. Je cours en descente. Sur le plat. Mais dès qu’arrivent 5 marches, je suis à l’arrêt complet. J’ai le sentiment de subir le sentier. Ça devient très pénible. D’autant que la cheville gauche tourne fortement. Je pousse un cri et clopine bien pendant 5 minutes. La douleur est importante. Je suis à nouveau à Cilaos, octobre 2024. Je pense très sérieusement à mettre le clignotant. L’excuse est parfaite. Non. Impossible. Pas cette fois. Je diminue mon allure. La douleur s’estompe progressivement et je rejoins la route menant au pied du Taïbit. Ici, je retrouve Juju qui m’encourage. Je lui fais comprendre que la journée va être longue et pénible. Je broie du noir et me rends compte que je m’égare complètement du jeu que j’aime. Avant d’attaquer les 800 m de dénivelé que nous propose le Taïbit, je décide de changer d’approche. J’irai au bout, même en marchant. Je redeviens positif. J’encourage, je discute et je retrouve le sourire dans l’effort. J’entame la montée avec Reshad et nous échangeons durant une bonne demie-heure. J’imprime un bon rythme pour passer le col en 56 minutes. Nous rattrapons d’ailleurs Charlotte au sommet qui imprime une sacrée cadence! 

La traversée de Mafate se fera sur un rythme régulier. Le jour est bien levé et c’est l’heure de produire des efforts. Je suis mieux mais j’ai toujours de grosses difficultés à courir en montant. J’appuie donc fort sur les jambes. Ça marche! J’ouvre la route pour Charlotte désormais. Elle va faire un peu l’accordéon mais elle accroche bien. Passage par la Plaine des Tamarins, toujours aussi belle. Le sentier est de plus en plus technique pour rejoindre le col des Boeufs. Les randonneurs que l’on croise nous encouragent chaudement. Enfin, on bascule sur Salazie pour les 15 derniers kilomètres. 10 de descente, 5 de remontée. Je suis alors autour de la 17è place. Charlotte descend bien. Je la suis et reste dans ses pas durant les premiers kilomètres. Je décharge mentalement car j’ai eu peu de relais depuis la descente du Bloc. Ça fait du bien. Je trouve des jambes à partir du PK40! Je profite d’un temps plus faible de sa part pour prendre le lead. Malheureusement, elle ne suivra pas. Je décide d’envoyer. Ça fait mal. Je récupère 1, 2 puis 3 coureurs. Aucun n’accroche mon train. Je suis mieux. J’arrive à Grand Sable, dernier point de ravitaillement avant l'arrivée. Il reste 5 kilomètres de route et quelques 300 mètres de D+. Je ne vais même pas faire semblant de les courir. J’attaque fort avec une marche appuyée. Je rattrape Fredie à 1 kilomètre de l’arrivée. C’est vraiment dur pour tout le monde. Encore quelques escaliers avant d’arriver au stade Paul Dominique Hubert. C’est fait! Je retrouve Coline et nous passons la ligne ensemble. Avec le sourire!

Résultat: 7h34’57” de course. 12è au scratch (sur 920 coureurs à l’arrivée). Victoire en catégorie Master 0 après bonification. Finalement, je termine à 5 minutes de mon estimatif et à 1’30” du Top10. Même si tout ça semble bien anecdotique au regard de mon état de forme, l’important est de sortir le positif à 1 mois et demi du Grand Raid…et il y en a:

- RAS au niveau des tendons et genoux 

- RAS au niveau du dos malgré une douleur qui me suit depuis 15 jours. Merci à mon ostéopathe David pour le travail effectué cette semaine

- Une bonne préparation des pieds et aucune ampoule à déplorer malgré des passages dans l’eau

- Une cheville flexible et résistante 

- Une assez bonne gestion des temps faibles (je n’ai pas pété)

- Une fin de parcours positive avec des jambes qui répondent et me permettent de terminer fort

- Une gestion autonome des ravitaillements correcte avec 3 minutes d’arrêt sur 5 points

Merci à l’organisation RANDORUNOI et aux bénévoles pour nous permettre de vivre ce type d’événement. Un grand merci pour les encouragements et l’aide sur les ravitaux. Bravo à l’ensemble des coureurs et des coureuses. Merci à Co pour m’avoir accompagné dans cette aventure ainsi qu’à vous tous pour vos encouragements. 

Place à quelques jours de récupération avant la dernière ligne droite et le grand récital d’octobre! 

mardi 22 juillet 2025

Trail de la Rivière des Galets - Juillet 2025

 

Trophée pour la première place en catégorie M0H 

Trail de la Rivière des Galets, J+1 [FINISHER | 5è SCRATCH]

Ne t’inquiètes pas, tu n’as loupé aucun épisode. Initialement, je n’avais pas prévu de courir le trail de la Rivière des Galets cette année. Mais la semaine dernière, quelques places supplémentaires ont été mises en vente et je me suis dit que c'était un peu mon rendez-vous annuel avec Mafate depuis que j’ai débuté le trail. Du coup, me voilà au départ de ma 4è édition. Le format de ce “marathon”: 40 kilomètres pour 1600 mètres de dénivelé. Ça va encore courir fort!

Connaissant le parcours sur le bout des orteils, j’avais surtout envie de m’amuser et de retrouver le Mur de Dos d’Âne (oui, il me manque…parfois). L'idée de départ est aussi de partir moins vite que les années précédentes, de travailler mon pacing de course sur la Canalisation des Orangers et de terminer en fonction des sensations du moment. 15 jours seulement après le GTO, ce plan me semble raisonnable sans pour autant me frustrer.

Le départ est donné à 6:00. Les conditions météo sont bonnes. Il ne fait pas froid. Je pars léger. Short, t-shirt, frontale. Dans mon sac, j’emporte 2 flasques de 33cl avec de l’ISO, 2 purées de fruit et 5 gels. Nous sommes 711 à nous élancer en plus des 87 concurrents présents sur le relais. Ça part très fort. Le rythme est vraiment élevé et pour une fois, je préfère ne pas suivre. Je me cale à 4’30” au kilomètre. Résultat, avant de traverser la Rivière des Galets au PK3, je dois me retrouver autour de la 20è place (tous coureurs confondus). Pas de panique, entre les relayeurs et les gars qui vont déjà péter dans la première montée, je sais que ce trail se jouera à partir du PK27. Je reste donc prudent en traversant la rivière en passant sur les roches pour éviter de me mouiller les pieds tout de suite. Dernier saut de cabris pour retrouver le chemin et…outch…ça glisse. Me voilà à manger un peu de salade de cailloux pour bien débuter. Je me relève vite et repars en rigolant de cette chute des plus ridicules…et sans conséquence. 

Un kilomètres plus loin, on entre dans le premier single menant à Sans Soucis. Un peu plus raide, ça cale déjà devant moi. J’attends un peu avant de trouver l’ouverture. Je dépasse 2 concurrents. Ici, le sentier est étroit, il faut faire attention aux hautes herbes qui cachent des pierres mais aussi aux branches situées à mi-hauteur. Après un bon kilomètres, je retrouve la route et un rythme de course plus élevé. Malgré la pente, je monte bien et récupère un groupe de 3 coureurs. C’est avant d’emprunter le chemin forestier qui nous mènera à la Canalisation des Orangers que je les dépose. Je suis à présent dans ma course. L’envie commence à s’installer après 30 minutes plutôt laborieuses. Les sensations sont correctes malgré une gêne au tendon d’Achille droit. Pour le moment, elle n'évolue pas mais reste une source de préoccupation puisque j’avais déjà hésité à prendre le départ en raison de douleurs survenues en milieu de semaine. À 3 mois du Grand Raid, ce n’est pas le moment de faire n’importe quoi!

Kilomètres 9 / 650 m de D+ / 52 minutes de course. Je débute la Canalisation autour de la 10è place (relais compris). L’objectif est de garder un pacing de course de 4’45” au kilomètre. Je rattrape un concurrent et me cale dans sa foulée. J’en profite pour m’alimenter et ranger ma frontale. Après 2 kilomètres, son rythme diminue. Je ne me fais alors pas prier pour prendre les devants. Il ne suit pas. Je suis seul sur cette Canalisation. La vue sur Mafate s’ouvre doucement. Toujours aussi impressionnante. Dans un virage, je vois Claire et Maé qui font leur sortie du WE. Elles m’encouragent chaleureusement et je vois mon pacing de course exploser. 4 minutes pour faire 1 kilomètre. Je m’enflamme. D'autant que j’aperçois 2 coureurs un peu plus loin. La section devient plus technique avec une légère pente descendante. J’attaque fort et reviens sur le premier coureur. Il s'écarte et je passe. S’ensuit une légère montée avant de redescendre vers les Lataniers. Avant d’emprunter les escaliers, je récupère et dépasse le second coureur. 

1h45 de course et près de 20 kilomètres parcourus. Désormais, c’est une descente technique qui m’attend et je décide d’y aller. Je m’amuse carrément et prends quelques risques car les sensations sont bien présentes à ce moment. C’est euphorisant! Je récupère encore un coureur qui n’est pas aussi à l’aise. 2 kilomètres pour 430 m de D- avalés en…11 minutes. Je retrouve le fond de la rivière. Le paysage a bien changé depuis les derniers cyclones. Le tracé est différent et le sol bien moins compact. Du sable, du sable et du sable. Sans parler des nombreuses traversées de rivière qui m’attendent lors des prochains 5 kilomètres. Cette fois, pas le choix. Il faut se mouiller les pieds. Au loin, je reconnais Luigi qui est sur le relais. Je vais rapidement le rattraper. Il terminera sa course en accrochant ma cadence. On arrive ensemble à Deux-Bras (PK27) en 2h20 et j’entends qu’il est premier. Je suis content pour lui et espère que son relais ira au bout (alerte spoiler, ils termineront second). 

Je suis alors 5è avant d’attaquer le Mur. Je ne le sais pas mais à ce moment de la course, j’ai 7 minutes de retard sur le leader. La course débute ici. Seulement voilà, devant c’est du lourd. Du très lourd même avec la présence de 2 athlètes élites: Alexandre Dépêche (1er) et Jean-Pierre Grondin (2è), le Roi de Mafate. Sans parler de Fredie Payet (2è ex-aequo), second en 2024. Je préfère donc gérer cette fin de course et me concentrer sur ma position actuelle. D’autant que les premiers pas dans cette dernière ascension sont difficiles. J’ai déjà dépensé beaucoup d'énergie et je le sens. Les muscles congestionnent et le départ de crampes n’est pas loin. Je vais faire cette montée un bon cran en-dessous. J’ai la chance d'être accompagné par Romain Fontaine et un de ses copains qui font une sortie de reprise. On échange quelques mots et ils m’encouragent. C’est plutôt cool! On croise d’ailleurs plusieurs groupes de randonneurs et de traileurs qui ne cessent de me féliciter et de me pousser. Ça fait du bien mais je n’avance pas beaucoup plus vite. Au final, je ferai la montée en 52 minutes (4,5 km pour 850 m de D+). 2 minutes de plus que l’an passé. Au sommet, je sais qu’il me reste environ 40 minutes de descente. Je préfère ne pas forcer et rester sur une dynamique de gestion. Derrière, ça ne reviendra plus.

Au final, je termine à un peu plus de 2 minutes du 4è. Un écart qui n’a pas bougé entre Deux-Bras et l'arrivée. En poussant un peu, j’aurais sans doute réussi à le rattraper mais l’objectif n'était pas là et je suis content de ma course (pour une fois, j’ai réussi à suivre les consignes de départ). Je franchis donc la ligne en 3h56’07” et décroche une belle 5è place sur 626 arrivées (victoire en catégorie M0H après bonification puisque Alexandre et Fredie ont été récompensés au scratch). Après celle de 2023 et la 6è place de l’an dernier, on dirait que ce trail me va plutôt bien. Mais comme à chaque fois, je me dis qu’il est beaucoup trop rapide et qu’il est grand temps d’attaquer la randonnée! Côté tendon, la gêne n’a pas évolué durant la course. À froid, c’est une autre histoire. Quelques jours de repos complet devraient me faire du bien et me permettront de faire une vraie coupure avec la période de gros volumes qui arrive.

Encore une belle édition pour l’association A2RDG. Bravo pour l’organisation et merci aux bénévoles! Merci aussi à Claire, Maé, Luigi, Romain et aux petits groupe du club TFL pour vos encouragements. Vous avez été au top! Dernières pensées pour Toto qui aura vécu une sacrée aventure.

Prochaine échéance, fin août sur la CIMASARUN.

mardi 8 juillet 2025

GTO 50 - Juillet 2025

Photo of the day

GTO pour Grand Trail de l’Ouest. Sur le papier, l’organisation La Team Lé là se donne les moyens de nous offrir un bel événement et c’est exactement ce que je recherche en prenant le départ du 50 km: du plaisir et une expérience coureur complète! 

Le format se rapproche du D-Tour 45 avec un départ à plat depuis le front de mer de St-Paul jusqu'à La Possession. Après 12 kilomètres d’échauffement, les choses sérieuses commencent à Sans Souci. Et c’est là que tu peux t’en faire si t’es parti à fond les ballons. Donc, piano piano sur ce début de course, car tout le dénivelé arrive ici. Ce sera donc la petite grimpette de la journée jusqu’au Maïdo pour apprécier le lever du soleil sur Mafate. Ensuite, pause selfie et "vollgas” jusqu’au stade olympique de St-Paul (soit 23 km et 1900 m de D- pour te détruire les cuissots). 

Petite particularité de la période: ici, c’est l’hiver. L’hiver austral. Alors, ça va peut-être te faire rire, un hiver à la Réunion, mais il fait (vraiment) froid. Même si on devrait éviter le givre, températures annoncées au sommet (2200 m): 6°C…alors, avec la transpiration et un peu de vent, il faudra peut-être chercher le quadrupède et son tonnelet de rhum arrangé!


Vue sur la forêt de cryptomerias, source GTO

GTO 50, J+3 [FINISHER: 2ème sur 341 coureurs]

Préambule: avant d’entamer la dernière semaine de préparation, je suis super confiant quant à mon état de forme. Ma séance d'intensité de lundi se passe très bien. Mardi, la séance de kiné avec Mathieu se veut active. Et mercredi, je réalise un 10 km énergique avec de bonnes sensations dans les jambes.

Je prévois donc encore une sortie vélo jeudi de 2 heures et un footing vendredi de 30/45 minutes pour rester actif et aborder ce GTO dans une certaine dynamique. Mais c'était sans compter sur un début de symptôme grippal mercredi soir…au final, je dois annuler ces dernières séances et basculer vers un canapé-plaid-infusion au goût de vitamine C-sirop contre la toux. 

Vendredi soir, je décide tout de même de prendre le départ et de faire avec les cartes du moment. Je me dis qu’avec le repos et une dernière nuit de sommeil, ça devrait aller. Mais, là encore, c'était sans compter le début des vacances scolaire et la fête d’anniversaire chez les voisins. Je prends donc le départ de la maison à 2h30 quand d’autres semblent atteindre le pic de leur soirée. Le constat est là, je pars avec une main assez faible. J'espère quand même avoir de bonnes ressources pour aller au combat malgré une nuit blanche!


GTO avant-postes

Après un échauffement d’une quinzaine de minutes avec quelques accélérations pour faire monter le cardio, je me dirige vers la ligne de départ. Je suis concentré et finalement assez confiant car les premières sensations sont bonnes. A 4:00, le départ est donné dans une belle ambiance. Le premier kilomètre est avalé à près de 16 km/h. J’entre en 3è position dans le premier single du front de mer de Saint-Paul. Débute alors un enchaînement de sections dans le sable, sur des galets et sur du bitume avant de prendre le chemin gravillonné qui nous mènera jusqu’à La Possession. Je passe les 10 km avec 100 m de D+ en moins de 45 minutes. Le cardio est haut mais les jambes répondent bien. J’en profite car je sais qu’à partir du moment où nous aurons traversé la rivière des Galets, le rythme va diminuer dans les premières pentes. Premier ravitaillement, je remplis ma flasque et repars immédiatement. J’arrive au PK15 avec 1 minute d’avance sur mon estimatif. On entre alors dans le sentier qui va nous mener jusqu'au point culminant de notre escapade du jour. Le terrain est humide mais la pente reste régulière et les marches peu conséquentes. Je termine les 20 premiers kilomètres avec 1100 m de D+ en 2h02’. Je me trouve alors autour de la 4è place mais je commence à sentir un coup de moins bien. Il faut dire que c’est parti très fort!


GTO fond du gouffre 

Malgré une alimentation régulière et riche en glucides, mon état de fatigue grandit. Les jambes vont bien mais j’ai l’impression de ne pas avoir d'énergie. Dans ces cas, c’est la tête qui prend le relais. Aujourd'hui, elle n’a visiblement pas trop envie. Je reste bloqué sur quelques pensées négatives. Je rumine un peu les dernières heures d’avant course ainsi que mon départ rapide. C’était un risque. Tu as joué, maintenant il faut assumer. J’entre alors dans un gros passage à vide entre le kilomètre 21 et 26…je dois composer avec les forces en présence. Je passe donc en mode randonnée. Je n’arrive plus à courir. Je pousse péniblement sur mes jambes. Et les quelques relances possibles sont ridiculement faibles. Je commence à me faire remonter. Avant le “replat” du PK23, je me retrouve avec 2 autres coureurs. Ils prennent ma trace mais restent derrière moi un petit moment. N’arrivant toujours pas à accélérer, je dois me mettre de côté pour les laisser passer. Je suis alors en 8è position avec une tête de course annoncée à près de 45 minutes (source bénévole). C’est difficile d’autant que le coureur devant moi porte un parfum qui commence à me déranger sérieusement. Ce sera la motivation pour repasser devant. J’attaque. L’accélération aura été salvatrice. Je prends rapidement 10 puis 15 mètres d'avance sans pour autant me faire trop mal. En quelques virages, je ne les vois plus. Ils décident de la jouer en gestion quand je retrouve enfin de l'énergie et de l’entrain! Je sors de la forêt après avoir repris le 5è qui s’est malheureusement tordu la cheville. Désormais, il me reste plus ou moins 4 kilomètres de chemin forestier roulant. Ça monte encore mais je peux prendre un rythme de course. Je m'alimente et continue de bien m’hydrater car la descente va être longue. Passage à la bascule PK29 en 3h22 - 5è position.


GTO sommet de mon art

Je profite de cette section pour faire un état des lieux à 20 bornes de la fin: le jour s’est levé. Les conditions sont parfaites. Il a fait frais avec un peu de vent mais pas de quoi sortir de cache-cou. Le passage à vide semble derrière moi et je vais définitivement pouvoir me réveiller avec cette descente vers Saint-Paul. 17 km avec 1700 m de D-. Je double le 4è peu avant le second ravitaillement au PK32. Ici, il décide de ne pas s'arrêter et repasse devant. Un peu d’euphorie! 15s pour recharger une flasque et c’est reparti. Finalement, le jeu du chat et de la souris n’aura pas duré bien longtemps. Je suis à nouveau 4è au moment d’entrer dans la forêt de cryptomerias. Le single est technique. De nombreuses racines recouvrent le sol. La terre est glissante. Les ornières sont parfois cachées sous des feuilles. C’est rock'n'roll. J’adore ça! Je déroule et commence à vraiment m'éclater. On m’annonce le podium à 5 minutes. J’attaque alors les chemins de canne. Toujours techniques avec un sol parfois instable, je bombarde! Il me reste 15 kilomètres pour gagner 5 minutes. Je me sens bien. Je vais pouvoir partir en mission! Je vais prendre au 3è plus d’une minute au kilomètre et littéralement le déposer à 10 crans de l’arrivée. Descente effectuée en…80 min (12,75 km/h)!


Et finalement, GTO bout de l’effort

Avant les 4 kilomètres de plat pour rejoindre le stade, je retrouve Luigi au dernier point de ravitaillement. C’est un coureur que je connais bien car nous avons déjà partagé 2 podiums catégorie l’an dernier. Je reprends un peu d’eau en échangeant un mot et repars immédiatement. Il me suit de près et nous abordons ensemble la dernière section de descente: le chemin Macabit et ses pierres si irrégulières. Ça commence à être long et notre lucidité n’est plus au niveau. Je glisse et manque de trébucher. Luigi loupe une intersection pourtant évidente. Je lève le pied et il n’en profite pas. On décide d’assurer ensemble, derrière, ça ne reviendra très certainement plus. Une fois arrivé sur le bitume, je relâche mon effort. Luigi a du mal à rester à hauteur en raison d’une douleur au pied. Il me dit de filer. On se retrouvera à l’arrivée. Je regarde ma montre. L’objectif des 5 heures est encore jouable. J’accélère. Encore 2 virages avant d’entrer dans le complexe sportif. Un dernier sprint pour se rappeler aux bons souvenirs des appels en profondeur. Yessay! Je termine sous la barre des 5 heures de course, à 12 minutes du vainqueur!

A l’arrivée, je suis déçu et heureux. J’ai la sensation d'être passé à côté. Je suis quelque peu déçu de n’avoir pas réussi à faire ma montée. Je l’ai clairement subis. Mauvaise gestion de course. Manque d'énergie ou d’envie. Je pense que mentalement je dois encore progresser parce que ça s’est beaucoup joué dans la tête. Avec un peu plus de recul, il y a beaucoup de positif à tirer de cette course. J’ai réalisé des ravitaillements efficaces (46 secondes de pause au total). J’ai réussi à pleinement m’exprimer dans la descente, en renversant complètement la situation. Physiquement, le travail réalisé avec Mathieu m'a permis d’encaisser ce volume et cette intensité. Je n’ai eu aucune gêne aux tendons d’Achille, au genou gauche ou au dos. A froid, seuls les quadriceps piquent un peu. Je suis également conforté dans ma planification quotidienne. Je progresse et, fait notoire, je m’amuse à nouveau!

Prochaine échéance, fin août sur la CIMASARUN.

mardi 17 juin 2025

3294 - Trente-deux nonante-quatre, c’est quoi encore le projet?

 

Image: Affiche du Grand Raid de la Réunion 2025

Cette année, j’avais dit “pas d’ultra”. Et…aussi étonnant que cela puisse paraître, je m’y tiens! Parce que non, 45, 50 ou encore 70 km, ce n’est pas de l’ultra. C’est long. Un peu. Mais, pas de négociation possible. Ce n’est pas de l'ultra-trail. Tu l’auras compris, je n’irai pas sur une 3ième Diagonale des Fous consécutive. Je te rassure, je ne pouvais évidemment pas passer à côté du Grand Raid. D’autant que les Dieux du trail l’ont décidé lors du tirage au sort de mars dernier!

Alors, 4 ans après avoir fait mes débuts sur cette terre de trail qu’est la Réunion (Petite rétrospective: Année 1 - Découverte du sport le plus cool du monde avec un trail de Bourbon 109 km ; Année 2 - Survivre à la DDF 165 km avec la manière et année 3 - DNF sur cette même Diag' ou comment prendre une bonne leçon d’ultra), j’ai décidé de revenir aux bases et de suivre une vraie progressivité dans mon année pour arriver doucement mais sûrement aux 70 km que propose la Mascareignes (ou Masca’ pour les intimes). L’évènement va être un peu plus joueur et sportif…et c’est tant mieux!

Le parcours, avec ses 4000 m de dénivelé positif pour 4800 m de dénivelé négatif devrait tenir toutes ses promesses. Partir de Salazie au milieu de la nuit. Traverser une partie de Mafate pour arriver à “la maison”. Monter le Mur de Dos d’Âne. Se casser les dents dans la Kalla d’abord puis sur le chemin des Anglais, en pleine fournaise. Terminer avec l’interminable montée vers le Colorado avant de redescendre sur la Redoute. Le menu s’annonce excellent!

Début des festivités dans 4 mois
Dossard n°3294
Courses préparatoires: GTO début juillet et CIMASARUN(?) fin août 


mercredi 4 juin 2025

D-Tour 45 - Mai 2025

Photo of the day

Début d'année compliqué mais…on y arrive. 

Après le cyclone Garance, de nombreux reports de course, un épisode Chikungunya et une dernière modification de parcours, nous y voilà finalement! Ma saison 2025 se lance sur un 45 tours. La chanson, un petit marathon avec quelque 2000 m de dénivelé positif. Le départ se fera de la Possession pour arriver au chef-lieu Saint-Denis, en passant par le gîte de la Roche Écrite. 

La stratégie de course? Comme dirait Eddy, “j’ai pas d’stratégie moi. C’est pour les gars qu’ont pas confiance les stratégies”. 5 km de plat pour s’échauffer, 17 km de montée pour pas péter et 20 km de descente pour tout envoyer. 

Départ: samedi 31 mai 2025 à 4:00

Distance: 42 km

Dénivelé: 2000 m


Vue sur Mafate et le Piton Cabris

D-Tour 45 [FINISHER | 2è SCRATCH sur 249 arrivées]

“Rêvons plus grand” aura donc été le slogan du WE! Mais avant de rêver, il fallait faire une course sérieuse. Et comme souvent dans ces moments, je savais pouvoir compter sur mon Assistance 5 étoiles qui m’accompagne.

Samedi, 4:05, le départ est donné dans une certaine confusion. L’organisation annonce un problème de pointage, décrit un parcours qui semble ne pas correspondre aux informations initialement transmises et lance une course sans réelle ligne de départ. Déconcertant mais le ton est donné pour les prochains 42 km et 2200 m de dénivelé théoriques. 

Je pars en imprimant un rythme de 4’15” au kilomètre et me retrouve vite seul en tête à rattraper les coureurs du 70 km, partis la veille. “On dirait que le 45 est parti” rigole un participant. Le contraste est saisissant. Après 6 kilomètres réguliers, j’entame le sentier de Bord et sa loooooongue montée jusqu’au Gîte de la Roche Écrite. Je me fais alors rejoindre par Romain Bardeur. On échange quelques mots et je lui souhaite une belle course en le laissant filer autour du kilomètre 7. Mon idée est de rentrer dans ma bulle en restant un cran en-dessous. Pour durer, il faudra rester le plus régulier possible lors des 17 kilomètres de montée qui m’attendent. 

D-Tour ou détour? Première surprise de ce parcours à Dos d’Âne où je dois retrouver Coline pour mon ravitaillement. En effet, les signaleurs m’indiquent devoir suivre un fléchage différent de celui préparé. Problème, Co ne m’attend pas du tout au bon endroit…j'espère qu’elle aura eu l’information mais je me prépare à faire une croix sur ma boisson d'effort, ma barre et mes 2 purées énergétiques. Quelques minutes plus tard, j'atteins le point de ravitaillement officiel et, comme redouté, je suis seul. Je remplis mes flasques d’eau et j’attaque la section Dos d’Âne - gîte avec une logistique des plus légères: 6 gels et uniquement de l’eau. Moi qui aime l’organisation millimétrée et que le plan se déroule selon le plan, il va falloir que je passe vite à autre chose. Je suis alors second et une énorme interrogation: est-ce que ça va passer? 1h37 de course et il m’en reste au moins 3. A raison d’un gel par demie-heure, ça ira. Je reviens vite sur le moment présent et m’efforce de ne pas ruminer. Pour le moment, tout va pour le mieux, aucune raison de paniquer!

Je continue ma montée sur un rythme régulier. Le profil de course est roulant et je peux courir 90% du temps. J’arrive au gîte en 3 heures, 20 minutes après Romain. Je fais le plein d’eau et bascule en seconde position avec 5 minutes d’avance sur Nicolas. Il reste un gros semi-marathon et 2200 m de D- à réaliser. Maintenant, l’enjeux va se trouver dans la maîtrise des émotions. Ne pas s'enflammer. Faire une descente costaud. Ne pas tomber et…gérer son effort et sa nutrition. 

Je ne connais pas le parcours, ni les sentiers. Il y a des sections roulantes, d’autres plus techniques. Le soleil s’est levé et ses rayons percent la forêt. Je suis ébloui. La casquette ne me sert à rien et je dois redoubler de vigilance. La première partie est joueuse avec un single rapide, des virages larges, peu de technicité mais un sentier un peu humide et surtout, des coureurs du 70 km dont le pas semble un peu plus lasse. Kilomètre 30, je retrouve de la route forestière bétonnée, de celle qui tape bien quand tu lâches les chevaux. S’ensuit des passages dans une forêt de goyaviers. On traverse une ravine. Ça descend, ça remonte. Les relances se font difficilement mais je me rapproche doucement de la dernière descente vers la Providence. Intersection. Je ne vois plus aucun marquage…j’y vais au petit bonheur la chance et ça passe pour cette fois. Je commence également à fatiguer. Mon estomac me fait comprendre qu’il aimerait bien autre chose que du gel. Il m’en reste 1 que je prendrai au kilomètre 35. Les purées auraient fait du bien…tant pis. Je croise de plus en plus de monde. Je comprends qu’il s’agit des coureurs engagés sur le 25 km. Mon attention est au plus haut car ça devient engagé. Le sentier ne se prête pas facilement au croisement de coureurs. Imagine alors des gens qui montent, la tête dans le guidon et en face, moi qui descend en mode papang à 10, 12, parfois 14 km/h. Ça en devient même dangereux…seul point positif, je suis sur le bon chemin!

Je viens doucement à bout de cette section. Plus de caillou, plus de racine, plus de marche. J’arrive sur une place où je peux remplir une dernière fois ma flasque avant de…mmm. Aller à gauche? A droite? Personne n’est là pour t’aiguiller et aucun marquage…dernière surprise qui vient confirmer le nom de la course: D-Tour et des tours. Heureusement, un randonneur m’aide après 1 minute de tergiversations. Je prends donc à gauche, pleine balle. Ce serait trop bête de se faire doubler à 3 km de l’arrivée. J’entre en ville. Encore 3 pâtés de maison pour décrocher l’argent. Le speaker annonce l'arrivée du second de ce D-Tour 45. Je passe la ligne et retrouve (finalement) Coline après 4h54'05"! 

Une course qui aura eu son lot de couacs, pas forcément des plus agréables pour l’expérience coureur, mais je retiens un parcours sympa, des conditions météorologiques incroyables et de (très) belles sensations dans les jambes. 

Bravo à l’ensemble des coureurs et merci à ceux du 70 et du 25 km pour les encouragements. Un grand bravo à Romain et à Nicolas qui réalisent tous les deux un beau début de saison. Big up aux bénévoles pour leur bonne humeur. Merci à Maddle pour la préparation physique, le travail porte ses fruits! Merci pour vos encouragements. Enfin, un immense merci à Co pour sa patience et son soutien (2 ans, ça valait bien la peine de se dépasser un peu)!

Podium scratch avec Romain Bardeur (1er en 4h46'13") et Nicolas Schumacher (3è en 4h57'02")


mardi 18 mars 2025

Verticale de la Fenêtre - Mars 2025

Forêt des Makes, source - cartedelaréunion

Après 6 semaines hors des sentiers et avec une reprise des plus progressives, j’ai décidé de prendre le départ de la Verticale de la Fenêtre. Initialement inscrit sur le 14 km, j’ai préféré revenir sur un format plus court et donc moins sollicitant pour mes tendons d’Achille. C’est donc dans le cadre du championnat de montagne élite femmes que je débute ma saison 2025 (8,5 km pour 1000 m de D+). L’objectif est de respecter une zone d’intensité de 3 sur 5 et d’ajuster en fonction des sensations. Cela devrait déjà me permettre de me faire plaisir et de retrouver des sensations, sans pour autant avoir un impact délétère sur le travail réalisé jusque-là avec mon kiné Mathieu. J’ai donc composé avec les armes du moment, en essayant de ne pas me faire mal. Ce format étant particulièrement exigeant, j’avais en tête de garder un pacing de course autour des 8 minutes au kilomètres (vitesse de 7,5 km/h) tout en restant dans des zones cardiaques autours des 155 BPM. Sur le papier, ça semble être un bon plan.

7:00, le départ est donné! Après 20 longs mètres à plat, virage à 90° et c’est parti! On attaque directement avec une belle pente béton avant d’entrer dans un chemin encore humide. 125 m de D+ pour le premier kilomètre. À 6’45” au kilomètre, autant dire que ça part fort…et que je suis déjà dans le rouge. Le deuxième kilomètre est du même acabit. J’essaie de rentrer dans un rythme qui me convient mieux car je sens que les jambes ne répondent pas. Au kilomètre 3, le groupe de tête s’est échappé. Il est composé de 2 coureurs juniors et d’Annecy APPOLON. Une fusée! Je me fais alors reprendre et, n’ayons pas peur des mots, déposer. D’abord par Marie QUILLEVERE, habituée de l'épreuve puisqu’il s’agit de sa 4è participation avec déjà 3 podiums à son actif dont une victoire, puis par Marie GATOUILLAT. Je n’arrive pas à les accrocher. Je manque cruellement de punch. Frustrant. Je comprends vite que je n’ai pas les outils pour ce format. Là où il te faut puissance et explosivité, j’ai une bonne endurance de fond. Très bien sur du long. Moins utile quand tu dois côtoyer des zones rouges pendant 1 heure. J'accepte cependant la relégation et me recentre sur l'idée première: courir sans se faire mal et rester régulier dans l’effort. Mais, alerte spoiler, j’aurais quand même mal. Aux jambes et un peu (beaucoup) au moral. Jusqu’au kilomètre 6, c’est compliqué. Ici, je rentre dans la forêt de cryptomerias. J’adore cet endroit, il dégage une énergie qui me plaît et me booste. Il y a beaucoup de racines, de la technicité et pendant 2 kilomètres, je vais pouvoir rigoler avec 150 m de D-. Je rattrape la troisième féminine. Elle ne semble pas du tout à l’aise et j’en profite pour prendre le large. S'ensuit 1,5 km de montée en faux plat avant d’attaquer le petit pétard de la journée: 180 m de D+ sur 500 m. 8 minutes en bonne forme…mais je vais surtout essayer de limiter les dégâts car la forme semble être restée à la maison. J’aperçois la seconde féminine avant d’attaquer la montée. On me dit même que le troisième est pris de crampes. Malheureusement, je ne suis pas dans un grand jour. Je peine à pousser sur les jambes. Je ne rattraperai personne mais j’essaie quand même de ne pas m’effondrer, si près du but. D’autant que j’entends que ça revient derrière. Après 12 min de montée, je franchis la ligne d'arrivée en 1h11’53” tout en conservant, de justesse, une anecdotique 5è position.

Même si cette course comptait pour du beurre, j’en tire déjà de nombreux points positifs. Le premier étant le retour dans les sentiers (les Makes sont décidément un terrain de jeu que j’apprécie particulièrement). Ensuite, j’ai trouvé que les sensations n’ont finalement pas été si mauvaises à la vue de l'entraînement quasi inexistant sur ce profil de course. J’ai eu peu de gêne aux TA. Et, j’ai vécu un moment de partage sympa à l’arrivée avec les copains! Une reprise intéressante avec du travail en perspective.


Félicitations aux championnes de la Réunion et à l’ensemble des coureurs et coureuses engagés sur ce format. Un énorme Big Up à Co, qui termine 36è sur 101 en 1h31 pour son second dossard. Merci à l’organisation Team la Rivière et aux bénévoles pour cette belle fête. Bravo à l’ONF qui a fait un super travail sur le sentier. Et merci pour vos encouragements!


Prochaine étape, fin avril avec le D-Tour 45.