samedi 20 mai 2023

Salazienne - Mai 2023

 

Préparation des affaires, Méga Salazienne / Résultat de course, Méga Salazienne - Suunto

Alors cette course, comment ça s'est passé? A chaud, je dirais: "Putain, quel pied!"
Maintenant que l'euphorie est quelque peu redescendue: "Mais putain, quel pied!"

Oui! Comme moi, tu ne rêves pas: c'est l'énorme surprise! J'ai bouclé ses 53 km pour 3 400 m de dénivelé annoncés en 7 heures 30 minutes et 38 secondes! Avec 1 heure d'avance sur mon meilleur objectif, je termine 3ème au général et 1er de ma catégorie d'âge (senior homme) sur 423 coureurs inscrits. Au pays du trail running, sur un parcours aussi exigeant que la Méga Salazienne et après 18 mois de pratique, il s'agit pour moi d'un "truc de fou"!

Mais revenons un peu sur ma course. Le départ est donné à 3 heures du matin dans une ambiance conviviale. Les premiers kilomètres sont roulants et le rythme imposé par les "gazelles" me convient bien. Je me retrouve donc dans un petit groupe de tête composé d'une douzaine de coureurs. L'écart avec le peloton se creuse rapidement et les 10 premiers kilomètres sont réalisés en moins de 55 minutes.

Viennent ensuite les premières pentes. Elles sont régulières et s'effectuent sur un chemin forestier qui permet de courir. Néanmoins, notre groupe s'étire un peu et je reste avec 2 coureurs. Dans une descente je prends la trace de notre meneur, Benjamin (1er), et nous resterons ensemble pendant plusieurs kilomètres. Trop fort pour moi, je n'arrive pas à prendre de relais et m'efforce de garder la cadence. Néanmoins, je l'observe et j'apprends beaucoup sur sa posture, sa technique en descente ainsi que sur ses relances en montée. Impressionnant, je comprends vite que ce garçon est un sacré client (infos coureur: 14ème de la Diag' 2021 et premier réunionnais). Je me laisse donc naturellement décrocher avant d'être récupéré par Nicolas (4e). Nous ferons presque toute l'ascension vers Caverne Mussard (PK18) ensemble. Je reste dans ma bulle et anime cette montée. Et quelle montée! Elle est longue. Très longue.

Une fois au sommet, 2 choses. Les premières lueurs arrivent. Il est presque 6h00 et le lever du soleil promet d'être un sacré spectacle. Par contre, comme je le redoutais, le terrain est complètement détrempé, boueux, glissant. La descente demande une concentration importante. Je prends un peu d'avance sur Nicolas mais nous nous retrouvons au ravitaillement de Belouve (PK23). Nous échangeons un mot puis je décide de repartir rapidement. La descente se fait bien, mais je reste prudent. J'essaie d'être le plus relâché possible tout en gardant une attention élevée sur mes appuis. Cela ne m'empêchera pas une belle chute mais sans gravité: j'étais déjà bien sale de toute façon. Le jour s'est levé, je croise les premiers randonneurs et avec eux les premiers encouragements. C'est plaisant d'autant que je me sens bien, les sensations sont là, les jambes et la tête aussi. Le paysage aide, le cirque de Salazie est absolument magnifique!

Vue sur le cirque de Salazie depuis le Col des Boeufs

Je continue donc seul entre chemins forestiers, singles plus ou moins techniques, racines et cailloux. Au ravitaillement de Bras Marron (PK34), l'organisation m'annonce la troisième position. Je ne comprends pas, j'effectue mon ravitaillement en eau et repars. Le parcours est plutôt roulant avant d'attaquer le second pétard vers Plaine des Merles. Nouveau ravitaillement et nouvelle annonce de "troisième position". Il me faudra encore quelques minutes. Je percute. C'est mon classement depuis 10 kilomètres! Je pensais être dans le top 10 mais pas sur le podium à ce moment de la course. Je ne m'enflamme pas, ça me fait même sourire! Je fais en sorte de rester dans ma course, de ne pas me perdre à imaginer quoique ce soit et à garder en tête les objectifs fixés, à savoir un finish en 8h30 (et peut-être moins en fonction des conditions à venir). La course est encore longue, tout peut arriver et je ne sais pas où en sont mes poursuivants. Je me dis plutôt que je risque de m'effondrer dans la seconde partie de la montée. D'autant qu'elle ne m'avait pas laissé un super souvenir en octobre dernier.

Grand Sable, on m'annonce toujours 3e avec 5 min de retard sur le second. L'organisation et même les randonneurs que je croise me donnent à chaque fois les estimatifs de passage et redoublent les encouragements. Clairement, courir en tête est une toute nouvelle dimension pour moi et j'adore! C'est…électrisant. On est à PK42 et je me sens toujours bien. Les mots de Valérie, de Thib's, de Paul, de Coline, de la famille, de mes voisins et des copains vont raisonner dans ma tête jusqu'à la ligne d'arrivée: "ne lâche pas cette place". C'est à partir de ce moment que je réalise que j'ai le potentiel pour le faire. Que mes premiers mois de préparation et de sacrifices ne sont pas vains. Que le travail paie. Que je ne suis pas là par hasard. Cette prise de conscience est accompagnée d'une émotion forte que j'ai dû mal à contenir. Les yeux embrumés, je me recentre vite et entre dans une toute autre phase psychologique: hargneux, j'attaque chaque nouveau pas comme un mort de faim! Le mode combattant est lancé.

Je reprends une grosse cadence et relance à chaque fois que c'est possible pour finir cette ascension. D'autant que ma stratégie de course voulait que j'ai suffisamment d'énergie et de lucidité à PK46 pour terminer fort. Au vu de ma détermination et de mes sensations, ça devrait promettre. Les 8 derniers crans étant roulants et descendants! Je carbure et commence à apercevoir Grand Ilet. Après 25 kilomètres seul, je double quelques coureurs des courses Mini et Salazienne. Mais voila, à 1km de la délivrance, je loupe une bifurcation et perds 1 min…un habitant m'avertit et je fais rapidement demi-tour pour relancer une ultime fois et ne pas me laisser rattraper sur la ligne!

Finalement, j'aurais un peu plus de 12 minutes d'avance sur Nicolas (4e). Encore mieux, je suis à 16 secondes, un gros 100 m, d'Elysée (2e). Je passe la ligne d'arrivée. Le temps s'arrête. Quelles sensations incroyables! Les émotions à ce moment se bousculent. Elles sont indescriptibles! Je n'en reviens pas! il va falloir me pincer…mais pas tout de suite. Je profite!

Un grand merci à l'AC Salazie et à l'ensemble des organisateurs, partenaires, bénévoles et supporters! Félicitation à tous les coureurs et amoureux de ce sport. Merci pour cette fête et pour les belles rencontres de la journée! A bientôt sur les sentiers pour continuer ces moments de partage et à en prendre plein les yeux.

La suite? Profiter des choses simples (oui, une bière bien tassée) et prendre 3 jours de repos, avant que ça ne recommence. Prochain rendez-vous, le 17 juin à Grand Bassin!

lundi 1 mai 2023

Objectif Grand Raid de la Réunion 2023

Affiche Grand Raid de La Réunion 2023 - Le Grand Raid

A 6 mois du Grand Raid 2023, voilà l'occasion pour moi de te présenter un peu ce projet sportif. En effet, cette année j'ai décidé de faire une pause professionnelle pour diverses raisons. La principale étant de prendre du temps pour moi, afin que je puisse réfléchir à l'orientation que je souhaite donner à ma vie professionnelle et personnelle après plusieurs années passées en Afrique.

Alors, plutôt que de partir faire le tour du monde en sac à dos (on y reviendra plus tard), j'ai décidé de réaliser un projet qui me tient à cœur depuis que je suis revenu à La Réunion, fin 2021: Vivre, ou plutôt survivre à la Diagonale des Fous. La quoi? Oui, la Diagonale des Fous ou la Diag' pour les intimes! Un ultra-trail (autrement dit, une course d'endurance dans sa version extrême) qui traverse l'île de La Réunion en partant de Saint-Pierre au Sud pour rejoindre le stade de La Redoute à Saint-Denis au Nord. Une aventure de quelques 165 km pour près de 10 000 m de dénivelé! 

Pour la petite histoire, il s'agit d'un événement majeur de l’île contribuant à son patrimoine sportif et culturel. Le tracé passe par le Piton de la Fournaise (un des volcans les plus actifs au monde) et par les cirques de Cilaos, Mafate et Salazie. L'ensemble des cirques, pitons et remparts sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. 

Le parcours permet donc de découvrir des paysages et une biodiversité unique. Évidemment, le tout dans un contexte tropical, avec ses micro-climats, ses variations de température importantes entre le littoral et les sommets mais aussi entre le jour et la nuit. Parce que oui, les élites mettront un peu moins de 24 heures mais le commun des mortels, lui, s'il a la chance de franchir la ligne d'arrivée (30% d'abandon en moyenne), mettra jusqu'à 66 heures!

Ainsi, mes journées ne seront pas de tout repos puisque ma préparation va m'amener à travailler chaque jour le fond, la technique, le mental, …mais également à m'imposer une rigueur et une discipline de vie, tout cela dans le but d'arriver au bout d'un des trails les plus durs au monde! 

Oui, je te vois venir. Tu dois à présent te dire que le garçon a un vrai problème…pas faux. Mais rassure-toi, nous serons plus de 6 500 Fous engagés sur les 4 courses du Grand Raid. Alors, du 19 au 22 octobre prochains, la folie devient normalité ici.

D'autant que même si le projet semble un peu fou, sans doute d'ailleurs, les raisons de me donner les moyens d'y parvenir sont réfléchies et plutôt claires dans ma tête. Je pense évidemment à la recherche du dépassement de soi ; au partage et à la communion avec les coureurs, les bénévoles et les supporteurs ; à l'évasion que la discipline te procure ; mais aussi à une façon différente de découvrir l'île, de goûter à l'ambiance et à la folie du Grand Raid ; … et, au-delà de tout ça, je cherche aussi à en apprendre d'avantage sur moi, sur mes limites, mes peurs, mes aspirations et mes motivations profondes. Ça peut paraître cliché mais être acteur de son existence et donner du sens à ce que l'on vit me semble devenir essentiel dans le contexte actuel. Finalement, plus qu'un projet sportif, ne serait-ce pas une quête spirituelle? Une façon de se réaliser, de grandir encore et d'être en accord avec le petit garçon qui veut continuer de rêver? A vos crayons, vous avez 2 heures!

En conclusion de cette introduction, j'espère t'emmener avec moi le plus loin possible et que tu prendras autant de plaisir que moi à vivre cette aventure extraordinaire, les courbatures en moins!