vendredi 30 juin 2023

Point d'étape sur mon projet sportif : survivre à la Diagonale des Fous

 

Illustration Sylvia Duckworth, "L'illusion de l'iceberg" (traduction Jean-Marc Dupont)

Celà fait maintenant 6 mois que je me suis lancé dans le projet Grand Raid 2023. Où est-ce que j'en suis au ⅔ de ma préparation? Comment se construisent mes journées, semaines et mois depuis que j'ai décidé de me consacrer à 100% dans ce projet? A quoi ressemble cette discipline de vie que je m'impose?

A travers ce post, j'ai envie de te donner un petit aperçu de ma préparation et aussi de mon état de forme avant d'entamer le dernier tiers. Parce que non, je ne suis pas en vacances à manger des caris au bord de la plage et boire du rhum arrangé à longueur de journée. Bien au contraire!

Initialement, ma préparation se divisait en 3 grands chapitres: la reprise et préparation physique (janvier, février) ; la technique, le renforcement musculaire et le dénivelé (mars, avril, mai) ; le volume et l'endurance (juin, juillet, août). Les 6 à 4 semaines avant le départ seront quant à elles consacrées à du maintien de forme et de la récupération / régénération du corps et de l'esprit pour arriver sur la ligne de départ dans les meilleures conditions possibles.

Ainsi, mes semaines sont constituées de la façon suivante :
- 2 sorties VTT de 50 à 70 km avec 800 à 1 500 m de dénivelé depuis mi-mars
- 1 à 2 sorties course à pied de 8 à 12 km sur plat
- 1 sortie trail de 20 à 55 km avec 1 000 à 3 500 m de dénivelé
- 1 à 2 séances de PPG (renforcement musculaire) de 45 à 90 min
- 1 heure d'étirement / d'assouplissement par jour
- 1 à 2 séances de glaçage et de massage par jour sur les points sensibles

Côté objectifs, je suis plutôt satisfait de ce que j'ai obtenu jusqu'à présent. Outres mes 3 premiers résultats encourageants sur trail court (dont 2 victoires dans ma catégorie Senior Homme sur la Méga Salazienne et sur le Trail de Grand Bassin Mollaret), j'ai réussi à augmenter progressivement ma charge de travail et à adapter mon corps à cette demande. J'ai construit une routine autour de mon activité sportive, mais aussi de mon bien-être physique et mental, le tout accompagné d'une nutrition adaptée à mes dépenses énergétiques.

Sur mes 6 derniers mois, j'ai ainsi parcouru près de 2 500 km dont 1 500 en VTT, pour plus de 66 000 m de dénivelé positif. Aujourd'hui, j'arrive à un volume de travail intéressant. En plus de la course à pied, des sorties trail et VTT, j'ai ajouté de la marche. Celà me permet notamment de soit récupérer ou au contraire d'avoir une dynamique soutenue et de travailler la gestion de l'effort sur plusieurs heures en montagne. Le mois de juin représente donc :
- 650 km parcourus dont 435 en VTT
18 500 m de dénivelé positif
- 55 heures dehors (hors séances de PPG et étirements qui représentent plus ou moins 35 heures)

En parallèle, je me suis instauré un suivi médical sur certaines périodes clefs avec des passages chez le podologue, l'ostéo' ou encore chez les kinés. De plus, mon alimentation a été quelque peu revue et particulièrement durant les 10 jours précédents un effort de plus de 4 heures. L'objectif étant de constituer des réserves en quantités et qualités optimales pour le jour J.

En conclusion, je me sens en bonne forme et dans une dynamique positive. Physiquement, hormis une petite alerte au niveau de mes tendons d'Achille en début de semaine et une légère gêne au genou gauche, je me sens bien. Mentalement, il y a eu une baisse de motivation fin mai / début juin mais je reviens progressivement avec de nouveaux objectifs à atteindre en juillet et août. Et, pour dire la vérité, j'ai faim. Vraiment faim! Au final, je prends toujours beaucoup de plaisir dans les sentiers Mafatais et ne me lasse pas de mon entraînement croisé avec mes sorties VTT entre mer et montagne. Le terrain de jeu réunionnais est vraiment exceptionnel et j'en prends plein les yeux à chaque fois!

Enfin, je porterai le dossard N°82 et espère bien t'emmener le plus loin possible! Le rêve continue…le travail aussi!

"En avant, à fond, toujours"

mardi 20 juin 2023

Trail de Grand Bassin Mollaret - Juin 2023

Résultat de course, Trail de Grand Bassin - Suunto / Vue sur la chute de Grand Bassin - Image prise d’Internet

Trail de Grand Bassin Mollaret 2023 : J+1 [FINISHER...avec un podium' - parce que c'est vraiment électrisant]

Au programme de ce samedi 17 juin 2023, un parcours historique au Pays du Trail. 22 km pour 1 100 m de dénivelé positif. Le tracé se décompose en 3 sections avec un départ depuis Bois Court sur 3 km roulants, puis une grosse descente de 650 m de D- vers Grand Bassin avant d'attaquer le pétard de la journée, la montée de Mollaret. 1 100 m de D+ sur 5 km avec des morceaux compris entre 40 et 45%! Enfin, la dernière section sera plus roulante avec 8 km de chemin bétonné. Ça va être rapide. Très rapide!

Alors, comme j'en ai pris l'habitude maintenant, je ne me cache plus. Au départ, je suis en première ligne et compte bien partir fort. 7:00, les hostilités sont lancées par l'organisation. Le premier kilomètre se fait en 3'13'', les 2 suivants en 3'45". Autant dire, vite. Nous sommes un groupe d'une quinzaine de coureurs à se détacher avant d'attaquer la descente vers Grand Bassin. 650 m de D- sur 3 km. Presque 10 km/h de moyenne dans un single très technique avec des marches irrégulières, du petit cailloux glissant, des trous, …autant te dire qu'il vaut mieux être concentré. La cheville tourne à 400 m du point bas. Petite frayeur mais ça passe! En avant, à fond, toujours. Le premier kilomètre de montée est régulier avec une pente légère. Par contre, je sens que la transition est difficile. La descente a fait mal. L'organisme n'a pas vraiment eu le temps d'entrer dans l'évènement et je subis un peu…

La montée de Mollaret est réputée. Longue. Dure. En d'autres circonstances, ce serait intéressant. Pas ici! Je suis seul et prends un rythme régulier mais bien en dessous de ce que je prévoyais. Il faut que je respire et que je rentre dans ma course. Au PK11, je suis dans mes objectifs à la minute près et le plus gros est passé. La fin de la montée se fait sur un sentier que j'estimais roulant. Et bien, c'est sans doute ma seule erreur de la journée. Trace boueuse, glissante avec une faible visibilité et de la végétation dense par endroit, me fait perdre 9 min sur 3 kilomètres…remarque, ça ne s'appelle pas "Mare à boue" par hasard. Et sans ça, ce serait quand même moins drôle. Je suis prudent est arrive enfin dans un sentier plus roulant. PK14 est en vue avec son ravitaillement et…un concurrent!

Vue sur le village de Grand Bassin - Image prise d’Internet

Le paysage est magnifique! Verts pâturages avec des chevaux dans un parc, des vaches dans l'autre. C'est vallonné, ça sent la campagne, je suis à la maison. Transporté! Je prends un peu d'eau au ravitaillement avant de me lancer dans les 8 derniers crans. L'estimation était de les effectuer en 35 min, soit à 4'22" du kilomètre. Mais c'était sans compter sur…ma faim! Après 1 heure sans voir personne, le concurrent devant moi devient un objectif. Une cible. Dans ma tête, le couloir se rétrécit considérablement et je ne vois que lui. Lui et son t-shirt rouge. Il n'en fallait pas moins pour que je me mette en chasse. C'est assez fou ce qu'il peut se passer dans ta tête, mais à cet instant, je deviens un prédateur. Le prédateur. Je reviens à sa hauteur, le double et relance. Encore 4 kilomètres et j'aperçois au loin un nouveau concurrent. Les ampoules déclarées au PK10 brûlent, mes abdos semblent se déchirer et ma poitrine me serre. Néanmoins, je relance encore pour le rattraper. Et, enfin, le paysage. Je reconnecte avec la réalité. Moment de légèreté. De sérénité. On voit l'océan en toile de fond. L'arche de la délivrance est sur la droite, à moins d'un kilomètre. C'est presque bon!

J'entre dans le sas d'arrivée. Il me reste 200 mètres. Je me retourne. Il n'y a plus personne. Sur ces 8 derniers kilomètres, avec une moyenne à peine au-dessus des 4 minutes au kilomètre, j'aurais réussi à rattraper 3 coureurs en me faisant mal (vraiment mal) pour arriver au bout.

Le speaker l'annonce: "arrivée en 2 heures 20 minutes et 15 secondes, 8ème au scratch (sur 496 coureurs au départ) et 1er Senior, Guillaume"! Énorme! Comme un gamin, je suis juste super content. Avec un sourire jusque derrière les oreilles! Malgré une marge de progression qui reste…importante (j'ai notamment perdu 5 minutes sur une section facile et fait une montée timide), je suis très satisfait de cette performance et de ce résultat. Le top 10 est là, avec en prime une victoire dans ma catégorie Senior Homme. Une belle journée pour courir.

Merci et bravo à l'Association d'Athlétisme Jacky Murrat ainsi qu'à l'ensemble des bénévoles présents sur cet événement! Encore un grand merci à Coline, qui m'inspire, à Thib's, Paul et Maman pour leurs encouragements et aux copains qui me suivent et me poussent à aller de l'avant!

Prochain rendez-vous, le 15 juillet "à la maison" pour le Trail Rivière des Galets! En attendant, récupération avant de reprendre le travail de fond, la préparation mentale et d'atteindre les objectifs fixés pour ce mois. Juin-juillet-août est la période la plus dense mais aussi la plus ludique de ma préparation à La Diagonale des Fous. Je ne lâche rien et continue de m'amuser. Parce qu'au final, c'est le plus important… [à suivre]