Photo of the day
GTO pour Grand Trail de l’Ouest. Sur le papier, l’organisation La Team Lé là se donne les moyens de nous offrir un bel événement et c’est exactement ce que je recherche en prenant le départ du 50 km: du plaisir et une expérience coureur complète!
Le format se rapproche du D-Tour 45 avec un départ à plat depuis le front de mer de St-Paul jusqu'à La Possession. Après 12 kilomètres d’échauffement, les choses sérieuses commencent à Sans Souci. Et c’est là que tu peux t’en faire si t’es parti à fond les ballons. Donc, piano piano sur ce début de course, car tout le dénivelé arrive ici. Ce sera donc la petite grimpette de la journée jusqu’au Maïdo pour apprécier le lever du soleil sur Mafate. Ensuite, pause selfie et "vollgas” jusqu’au stade olympique de St-Paul (soit 23 km et 1900 m de D- pour te détruire les cuissots).
Petite particularité de la période: ici, c’est l’hiver. L’hiver austral. Alors, ça va peut-être te faire rire, un hiver à la Réunion, mais il fait (vraiment) froid. Même si on devrait éviter le givre, températures annoncées au sommet (2200 m): 6°C…alors, avec la transpiration et un peu de vent, il faudra peut-être chercher le quadrupède et son tonnelet de rhum arrangé!
GTO 50, J+3 [FINISHER: 2ème sur 341 coureurs]
Préambule: avant d’entamer la dernière semaine de préparation, je suis super confiant quant à mon état de forme. Ma séance d'intensité de lundi se passe très bien. Mardi, la séance de kiné avec Mathieu se veut active. Et mercredi, je réalise un 10 km énergique avec de bonnes sensations dans les jambes.
Je prévois donc encore une sortie vélo jeudi de 2 heures et un footing vendredi de 30/45 minutes pour rester actif et aborder ce GTO dans une certaine dynamique. Mais c'était sans compter sur un début de symptôme grippal mercredi soir…au final, je dois annuler ces dernières séances et basculer vers un canapé-plaid-infusion au goût de vitamine C-sirop contre la toux.
Vendredi soir, je décide tout de même de prendre le départ et de faire avec les cartes du moment. Je me dis qu’avec le repos et une dernière nuit de sommeil, ça devrait aller. Mais, là encore, c'était sans compter le début des vacances scolaire et la fête d’anniversaire chez les voisins. Je prends donc le départ de la maison à 2h30 quand d’autres semblent atteindre le pic de leur soirée. Le constat est là, je pars avec une main assez faible. J'espère quand même avoir de bonnes ressources pour aller au combat malgré une nuit blanche!
GTO avant-postes
Après un échauffement d’une quinzaine de minutes avec quelques accélérations pour faire monter le cardio, je me dirige vers la ligne de départ. Je suis concentré et finalement assez confiant car les premières sensations sont bonnes. A 4:00, le départ est donné dans une belle ambiance. Le premier kilomètre est avalé à près de 16 km/h. J’entre en 3è position dans le premier single du front de mer de Saint-Paul. Débute alors un enchaînement de sections dans le sable, sur des galets et sur du bitume avant de prendre le chemin gravillonné qui nous mènera jusqu’à La Possession. Je passe les 10 km avec 100 m de D+ en moins de 45 minutes. Le cardio est haut mais les jambes répondent bien. J’en profite car je sais qu’à partir du moment où nous aurons traversé la rivière des Galets, le rythme va diminuer dans les premières pentes. Premier ravitaillement, je remplis ma flasque et repars immédiatement. J’arrive au PK15 avec 1 minute d’avance sur mon estimatif. On entre alors dans le sentier qui va nous mener jusqu'au point culminant de notre escapade du jour. Le terrain est humide mais la pente reste régulière et les marches peu conséquentes. Je termine les 20 premiers kilomètres avec 1100 m de D+ en 2h02’. Je me trouve alors autour de la 4è place mais je commence à sentir un coup de moins bien. Il faut dire que c’est parti très fort!
GTO fond du gouffre
Malgré une alimentation régulière et riche en glucides, mon état de fatigue grandit. Les jambes vont bien mais j’ai l’impression de ne pas avoir d'énergie. Dans ces cas, c’est la tête qui prend le relais. Aujourd'hui, elle n’a visiblement pas trop envie. Je reste bloqué sur quelques pensées négatives. Je rumine un peu les dernières heures d’avant course ainsi que mon départ rapide. C’était un risque. Tu as joué, maintenant il faut assumer. J’entre alors dans un gros passage à vide entre le kilomètre 21 et 26…je dois composer avec les forces en présence. Je passe donc en mode randonnée. Je n’arrive plus à courir. Je pousse péniblement sur mes jambes. Et les quelques relances possibles sont ridiculement faibles. Je commence à me faire remonter. Avant le “replat” du PK23, je me retrouve avec 2 autres coureurs. Ils prennent ma trace mais restent derrière moi un petit moment. N’arrivant toujours pas à accélérer, je dois me mettre de côté pour les laisser passer. Je suis alors en 8è position avec une tête de course annoncée à près de 45 minutes (source bénévole). C’est difficile d’autant que le coureur devant moi porte un parfum qui commence à me déranger sérieusement. Ce sera la motivation pour repasser devant. J’attaque. L’accélération aura été salvatrice. Je prends rapidement 10 puis 15 mètres d'avance sans pour autant me faire trop mal. En quelques virages, je ne les vois plus. Ils décident de la jouer en gestion quand je retrouve enfin de l'énergie et de l’entrain! Je sors de la forêt après avoir repris le 5è qui s’est malheureusement tordu la cheville. Désormais, il me reste plus ou moins 4 kilomètres de chemin forestier roulant. Ça monte encore mais je peux prendre un rythme de course. Je m'alimente et continue de bien m’hydrater car la descente va être longue. Passage à la bascule PK29 en 3h22 - 5è position.
GTO sommet de mon art
Je profite de cette section pour faire un état des lieux à 20 bornes de la fin: le jour s’est levé. Les conditions sont parfaites. Il a fait frais avec un peu de vent mais pas de quoi sortir de cache-cou. Le passage à vide semble derrière moi et je vais définitivement pouvoir me réveiller avec cette descente vers Saint-Paul. 17 km avec 1700 m de D-. Je double le 4è peu avant le second ravitaillement au PK32. Ici, il décide de ne pas s'arrêter et repasse devant. Un peu d’euphorie! 15s pour recharger une flasque et c’est reparti. Finalement, le jeu du chat et de la souris n’aura pas duré bien longtemps. Je suis à nouveau 4è au moment d’entrer dans la forêt de cryptomerias. Le single est technique. De nombreuses racines recouvrent le sol. La terre est glissante. Les ornières sont parfois cachées sous des feuilles. C’est rock'n'roll. J’adore ça! Je déroule et commence à vraiment m'éclater. On m’annonce le podium à 5 minutes. J’attaque alors les chemins de canne. Toujours techniques avec un sol parfois instable, je bombarde! Il me reste 15 kilomètres pour gagner 5 minutes. Je me sens bien. Je vais pouvoir partir en mission! Je vais prendre au 3è plus d’une minute au kilomètre et littéralement le déposer à 10 crans de l’arrivée. Descente effectuée en…80 min (12,75 km/h)!
Et finalement, GTO bout de l’effort
Avant les 4 kilomètres de plat pour rejoindre le stade, je retrouve Luigi au dernier point de ravitaillement. C’est un coureur que je connais bien car nous avons déjà partagé 2 podiums catégorie l’an dernier. Je reprends un peu d’eau en échangeant un mot et repars immédiatement. Il me suit de près et nous abordons ensemble la dernière section de descente: le chemin Macabit et ses pierres si irrégulières. Ça commence à être long et notre lucidité n’est plus au niveau. Je glisse et manque de trébucher. Luigi loupe une intersection pourtant évidente. Je lève le pied et il n’en profite pas. On décide d’assurer ensemble, derrière, ça ne reviendra très certainement plus. Une fois arrivé sur le bitume, je relâche mon effort. Luigi a du mal à rester à hauteur en raison d’une douleur au pied. Il me dit de filer. On se retrouvera à l’arrivée. Je regarde ma montre. L’objectif des 5 heures est encore jouable. J’accélère. Encore 2 virages avant d’entrer dans le complexe sportif. Un dernier sprint pour se rappeler aux bons souvenirs des appels en profondeur. Yessay! Je termine sous la barre des 5 heures de course, à 12 minutes du vainqueur!
A l’arrivée, je suis déçu et heureux. J’ai la sensation d'être passé à côté. Je suis quelque peu déçu de n’avoir pas réussi à faire ma montée. Je l’ai clairement subis. Mauvaise gestion de course. Manque d'énergie ou d’envie. Je pense que mentalement je dois encore progresser parce que ça s’est beaucoup joué dans la tête. Avec un peu plus de recul, il y a beaucoup de positif à tirer de cette course. J’ai réalisé des ravitaillements efficaces (46 secondes de pause au total). J’ai réussi à pleinement m’exprimer dans la descente, en renversant complètement la situation. Physiquement, le travail réalisé avec Mathieu m'a permis d’encaisser ce volume et cette intensité. Je n’ai eu aucune gêne aux tendons d’Achille, au genou gauche ou au dos. A froid, seuls les quadriceps piquent un peu. Je suis également conforté dans ma planification quotidienne. Je progresse et, fait notoire, je m’amuse à nouveau!
Prochaine échéance, fin août sur la CIMASARUN.