Forêt de Sans Soucis, source: Cirkwi
Trail Autrement par UFOLEP, J+1 [FINISHER | 1er SCRATCH]
15 jours après la CIMASARUN, j’avais envie d’une dernière danse avant la Grande messe d’octobre. Ce nouveau trail répondait à mes attentes avec un profil bien nerveux: 6 kilomètres de faux plat montant au tempo + une longue montée régulière de +1500 m + 10 km de descente au seuil + une dernière bosse de 250 m de D+/- au mental.
Mais avant tout, un petit mot sur ce Trail Autrement organisé par l’UFOLEP Réunion. Conscients de l’évolution rapide de la pratique du trail, les organisateurs ont voulu revenir à des valeurs qui ont tendance à se perdre pour nous faire vivre un événement différent. Ainsi, le coureur, l’environnement et la passion du sport ont été mis en avant plutôt que la performance, la surconsommation et les artefacts “made in China” que l’on retrouve de plus en plus. En résumé, ça nous donne un événement qualitatif avec:
- une inscription à 1 euro du kilomètre avec un tarif réduit pour les filles
- un nombre de place limité à 300 participants divisé à parts égales hommes-femmes
- pas de podium, pas de prix, pas de t-shirt ou autre médaille mais du miel péi et une flasque offerte à tous
- des produits locaux aux ravitaillements avec des jus frais plutôt que les classiques boissons gazeuses pleine de mauvais sucre
- un repas végétarien de qualité avec smoothie et moelleux au chocolat pour récompenser nos efforts
- et, pas de plastique, c’est fantastique
Dernier objectif de l’organisation: créer une ambiance conviviale pour un trail autrement. Ça tombe bien, voilà exactement ce que je cherchais. Bon, il y avait aussi une sortie sérieuse et une performance en toile de fond…mais j’avais surtout envie de m’amuser, de prendre du plaisir et de partager cette journée avec Coline qui chaussait les baskets pour l’occasion (bon…ok…on aura uniquement partagé la route, la ligne de départ et, avec 2 heures d’avance sur son prévisionnel, la fin de son interview…)!
Retour sur une belle journée, avec en prime une première victoire sur la planète Trail. Et je t'avoue qu'elle vient me libérer d’un poids.
Cette fois, pas question de “louper” le départ. On arrive en avance pour récupérer nos dossards et prendre le temps de s’échauffer. En principe, pas de stress. Sur le papier, je me dis que les premiers kilomètres serviront à me dégourdir les jambes. Mais, je me mets la pression. Mon ventre gargouille fortement. J’ai quelques troubles digestifs depuis 3 jours. Ça devient inévitable. Un dernier appel d’urgence me fait filer aux toilettes…on est à 5 minutes avant le départ, ce sera donc l’accélération qui viendra finaliser mon échauffement (une grande première dans la série des “n’importe quoi d’avant course”). Heureusement, l’organisation décide de prendre quelques minutes supplémentaires afin d’avoir suffisamment de luminosité pour ne pas se faire une cheville dans les 200 premiers mètres. Je retrouve la ligne de départ, un peu remué…mais clairement plus léger. On remarque vite que les brutes habituelles ne sont pas là. On se retrouve à 4 coureurs en première ligne, puis un écart de presque 2 mètres avant le peloton! C’est timide. Ça ne se bouscule pas. C’est plaisant. On va pouvoir partir plus cool.
3. 2. 1. C’est parti…pleine balle! Je prends immédiatement la tête à 3’20” du kilomètre. Oui, faudra sérieusement revoir cette notion de “départ prudent”. RAF. C’est agressif. On n’est pas là pour cueillir les pâquerettes! Kilomètres 4, Yannick me récupère et passe devant. Il a une bonne foulée. Je le laisse partir et reviens sur un pacing plus raisonnable. On attaque les premières pentes. Entre 100 et 135 m de positif par kilomètre. L’allure diminue pour moi et Yannick prend de l’avance. 100 m nous séparent et c’est une erreur de marquage qui me fait revenir sur lui peu avant le premier ravitaillement.
Nous entrons dans le sentier après 10 kilomètres de bitume. Personne ne nous suit et je comprends que nous allons faire la course à deux. On commence alors à échanger et à faire connaissance. Parce que c’est ça aussi l’esprit trail. Nous faisons presque toute la montée ensemble. Il marche quand ça monte fort et relance quand c’est possible. J’essaie de rester sur mon rythme de course, sans pour autant exagérer l’effort. C’est plaisant. On passe par de beaux paysages forestiers. Le sentier est roulant avec quelques marches. La pente est régulière. Après 1500 m de D+, nous terminons les 2 kilomètres de forêt avec plusieurs sections de relances assez cassantes avant de retrouver la RF. Nous sommes au second ravitaillement et découvrons une épreuve bonus pour un gain de temps possible de 5 minutes: du tir à l’arc. Ça fait partie de la particularité de ce trail, tout comme l’obtention de bonus si tu venais en covoiturage ou en mode de transport doux. Mais revenons au tir. Trop facile. Guillaume Felt, c’est un peu comme Guillaume Tell. Bah…visiblement non. 1 point - gain de 30 secondes. Pas rentable puisque j’ai passé 2 minutes à l’arrêt. Passée cette épreuve, nous repartons ensemble pour 2 kilomètres à plat avant d’attaquer la longue descente vers Saint-Paul.
Le chemin est quelque peu technique, entre racines et pierres instables. Mon terrain d’expression. J’attaque en premier, à 3’50” au kilomètre. Yannick ne suit pas. Je continue fort et dévore les kilomètres. Je traverse la forêt avant d’entrer dans les sentiers de canne. Toujours aussi à l’aise, je me sens bien et me dit que maintenant, il faut aller chercher cette première victoire! 10 km de descente engagée à plus de 14 km/h en moyenne. Je bombarde. On alterne entre routes bétonnées et sentiers. Quand le paysage se dégage, j’arrive à évaluer mon avance. Elle commence à être conséquente. Pour autant, je ne relâche pas mon effort. À l’entame du sentier Maccabit, je sens la fatigue et une forme de lassitude s’installer. La technicité de la section va me réveiller. C’est surtout la cheville gauche qui s’est réveillée. Elle tourne mais j’arrive à me rattraper et je reste stable. La douleur ne flambe pas. Ouf. Il faut que je lève le pied et que je redouble de vigilance. Ce serait trop bête de se blesser aujourd'hui. Je termine cette descente en m'alimentant car la dernière bosse va être sérieuse.
Kilomètre 33. 3 heures de course. J’entame la boucle du Bassin Vital en mode survie. Ne pas craquer. Avancer. Aller chercher cette victoire. Je pousse fort sur les jambes. Les marches semblent mesurer 1 mètre. Encore 250 m de D+. C’est dur mais je m’accroche. J’arrive enfin à la bascule. Rester concentré en jouant avec les cailloux et les randonneurs. Je loupe une marche et manque de tomber. Allez! Encore un effort. J’aperçois la route. Je relance. Moins de 2 kilomètres. Dernier virage. Je me retourne. Je suis seul. À jamais le premier!
Résultat: Victoire en 3h33’39” devant Yannick IMBROSCIANO qui termine en 3h39’07” après bonification (+6’30” grâce à l’utilisation du vélo et à ses 2 points au tir). Bravo à lui et merci pour le bout d’aventure ensemble!
Merci à l'UFOLEP Réunion et aux bénévoles pour nous avoir mis au cœur du projet. Un grand merci pour tous les encouragements reçus. Bravo aux 126 coureurs et coureuses. Une première édition réussie! Un énorme Big Up à Co qui termine en un peu moins de 5 heures. Elle décroche une superbe seconde place féminine!
Objectif atteint, le plein de confiance est fait avant d’entamer la dernière ligne droite de l'année! Au programme, encore 10 gros jours d’entraînement avant la phase d’affûtage.
"Here we go!”