mercredi 20 décembre 2023

Saison Trail-running 2023, l’heure du bilan

Résultats saison trail-running 2023

Avant d’arriver sur la ligne de départ de la Diagonale des Fous, je m'étais dit que peu importe son issue, mon projet sportif était d'ores-et-déjà une réussite. En effet, j'ai appréhendé cette année 2023 comme un projet à part entière avec un début, un milieu et une fin…qui a d’ailleurs tendance à être repoussée. Pour moi, l’une des clefs aura été d’opter pour une approche et une prise en compte totale de l'activité dans mon mode de vie. Comme le soulignait Raphaël Verchère, philosophe du sport, la pratique du trail dans sa dimension globale permet de devenir "entrepreneur de soi-même". A l'image d'une entreprise, "on gère son corps et son esprit à partir des notions de rendement. L'idée est d'accroître sa performance en employant des moyens rationnels". Ainsi, j'ai appliqué au cours de l'année des notions de planification, de gestion, de management et d'indicateurs de réussite pour atteindre mes objectifs. De plus, la discipline et la rigueur de mon quotidien m'ont permis une recherche de qualité, d'optimisation et de performance tout au long du projet. Ça sonne quand même vachement professionnel tout ça…et bien oui, ça l’est, je t’assure! Et, je vais même utiliser le mot “outre” pour continuer dans la dynamique. Mais après, promis, j'arrête.

Outre le fait d'avoir préparé mon corps et mon esprit à cette grande aventure, j'ai réussi à me recentrer sur les choses essentielles mais aussi et surtout à trouver un rythme de vie sain et en harmonie avec mes valeurs. En adoptant cette discipline, je pense avoir gagné en maturité et, c'est peut être un peu cliché, mais j'ai le sentiment d'être devenu une meilleure version de moi. Quand je t’ai présenté ce projet il y a 8 mois, je parlais d’une forme de quête spirituelle. Aujourd’hui, j’ai retrouvé des sensations et des émotions en accord avec mon “moi intérieur”...attends, ça ne deviendrait pas un peu trop philosophique maintenant pour “un gars qui court”? Ok…faisons plus terre-à-terre dans ce cas: le petit garçon qui est en moi a carrément kiffé courir dehors, sauter dans les flaques, faire du vélo et s'émerveiller devant le terrain de jeu. Parce que je ne l’ai peut-être pas souligné assez mais la nature, les paysages et les montagnes réunionnaises sont un véritable paradis pour la pratique des sports outdoor!

Comme tu as également pu le constater, je suis un petit comique quand je veux, certes, mais j’ai aussi réalisé de très nets progrès sur le plan sportif. Préparer en 9 mois un ultra aussi difficile que la Diagonale des Fous semblait être un défi impossible. Que ce soit lors de mes entraînements ou en course, j’y ai mis toute ma passion, mon envie et ma persévérance pour ne jamais rien lâcher. Grâce à cela, mais aussi à votre soutien, à celui de mes proches et à l'adrénaline du dossard, les résultats ont même été bien au-delà de mes espérances. Hormis la performance réalisée lors du Grand Raid, l’image ci-dessous atteste d’une progression constante dans les classements (données issues de l’organisation BeTrail) avec une côte générale de 71,12 (+14,47 par rapport à fin 2022). En ce qui concerne mon Index de performance ITRA - International Trail Running Association, je suis à 686 (+246 par rapport à fin 2022). Grosso modo, ça signifie surtout que je suis super méga trop content de mes résultats.


Parce que 2023, c’est 3 podiums en catégorie et 1 podium scratch :

- Boucle du Bassin Vital (23 km / 1 100 m de D+) - Finisher en 2h41min49s, 32ème / 508

- Méga-Salazienne (53 km / 3 400 m de D+) - Finisher en 7h30min38s, 3ème / 356 (🥇 - 1er Senior)

- Grand Bassin (22 km / 1 300 m de D+) - Finisher en 2h20min15s, 8ème / 452 (🥇 - 1er Senior)

- Rivière des Galets (39 km / 1 600 m de D+) - Finisher en 3h51min36s, 5ème / 732 (🥉 - 3è Senior)

- Trail de Saint-Jeoire (77 km / 5 500 m de D+) - Finisher en 11h21min31s, 11ème / 61

- Diagnonale des Fous (165 km / 10 000 m de D+) - Finisher en 31h55min42s, 54ème / 2047

- Boucle du Coeur de l’Est (63 km / 2 800 m de D+) - Finisher en 9h01min29s, 5ème / 149 (🥈 - 2è Master 0)


Au-delà des résultats, je suis particulièrement fier d’avoir réussi à augmenter mon volume de travail progressivement et à conserver une régularité dans ma motivation. Ceci m’a notamment permis d'éviter les blessures. Mon hygiène de vie ainsi qu’une préparation axée sur la récupération auront été les clefs d’une année pleine. Ainsi, 2023 pour moi, c’est :

- 5 000 km parcourus dont 2 500 km en VTT ; 1 200 km de trail ; 800 km de course à pied ; 500 km de marche

- 150 000 m de dénivelé positif

- plus de 450 heures dehors (hors séances de renforcement, de kiné et d’assouplissement / étirements)


Côté budget (parce que oui, tout cela a un coût et le trail reste malheureusement une activité onéreuse), voilà un récapitulatif plus ou moins exhaustif de mes dépenses hors frais de vie sur l'année :

- Équipement (chaussures, chaussettes, short, t-shirt, flasques, rachat VTT et entretien, …): +/- 800 €

- Frais d’inscription à 7 trails: +/- 530 €

- Santé (ostéopathe, podologue, huiles essentielles, crèmes et gels de récupération, crème anti frottement, Tape, strap, …): +/- 300 €

- Nutrition (boissons énergies, barres, gels, purées, …): +/- 400 €

- Logistique (location de véhicule et carburant): +/- 400 €*

* Ces aspects logistiques ne sont pas entrés dans tous mes trails. De plus, mes entraînements et sorties quotidiennes ont été faites depuis chez moi où en co-voiturage.


Au-delà des résultats et des chiffres, j’ai pris énormément de plaisir (et c’est sans doute le plus important dans l’histoire). Que ce soit lors de mes entraînements ou durant les phases de compétition, j’ai trouvé un équilibre qui me convient parfaitement. Entre choix de vie et instants évasions, j’ai été pleinement épanoui dans mon projet. Certes, il y a eu des moments plus difficiles mais ils semblent déjà loin tant la satisfaction à l'arrivée est grande! Aujourd’hui, je me sens accompli et ceci a été possible par beaucoup d'énergie positive, de belles rencontres, des moments de partages forts, …et un changement de mentalité. J’ai beaucoup appris sur moi, sur la gestion de mes émotions, sur ce que mon corps était capable de donner / d’endurer et sur mes limites. Et, une tendance se dégage, on peut sans cesse les repousser!

Alors, pour résumer ces 12 mois et cette aventure un peu folle, je me suis d’abord documenté. J’ai appris. J’ai travaillé dur. J’ai expérimenté. Je me suis trompé. J’ai donc recommencé. Encore. Et encore. Et je n’ai cessé de progresser. Alors oui. Pour arriver au sacre ultime. Pour survivre à la Diagonale des Fous. J'ai transpiré. J’ai lutté. J’ai pleuré. J’ai crié. Mais j’ai finalement beaucoup rigolé. J’ai trébuché. Je suis tombé. Je me suis blessé. Je me suis conditionné et puis je me suis relevé. J’ai eu des moments de doute. J’ai pris des coups. J’ai été frustré, en colère parfois…je me suis alors remis en question. J’ai avancé. J’ai grandi. J’ai reçu. J'ai donné. On a partagé. Finalement, je suis tombé amoureux. J’ai vécu une année complètement folle. Intense. Complète. Et j’ai été plus qu’heureux de vous la partager.


Alors, pour vous qui m’avez soutenu tout au long de cette formidable année: MERCI !

Des pensées pour Maman, Papa, Lulu, Coline, Thib’s, Jean-Lou & sa famille, mes voisins Camille, Fabrice, Sylvette, les Tamba' Boys, Mathilde, Paul, Lety, Adrien, Amandine, David, Yannick, Jo, Valérie, Jean-Philippe, Cyril et Laurent.

Belles Fêtes de fin d'année à vous et à bientôt pour la présentation des objectifs 2024! Parce qu’une chose est sûre, il va y avoir de belles courses en perspective et j’ai à coeur de confirmer cette première année!

mardi 12 décembre 2023

Boucle du coeur de l'Est - Décembre 2023

Préparation des affaires, Boucle du Cœur de l’Est / Résultat de course, Boucle du Cœur de l’Est - Suunto

Boucle du Cœur de l’Est : J+2 [FINISHER…avec un podium en M0]

Initialement, ce dernier dossard de l'année se voulait être une évaluation de mon état de forme après la Diagonale des Fous mais aussi et surtout une façon de bien terminer cette (fabuleuse) année en prenant un maximum de plaisir.

Avant toute chose, on reviendra sur la notion de plaisir…enfin, il y en a bien eu a l'échauffement. Un peu dans le premier pétard lorsqu’un tangue a fait la course avec moi sur 5 mètres avant de bifurquer dans un bosquet. Et, évidemment, aux différents points de ravitaillement. Parce que oui, les bénévoles de cette BCE ont été exceptionnels! Je tiens déjà à les remercier pour l’aide logistique dans la gestion de mes flasques mais aussi et surtout pour leurs sourires, leurs encouragements et leur bienveillance!

Alors, ce résumé…par où commencer? Départ officiel de ce trail long de 63 km pour 2 800 m de dénivelé à 3h00 du matin depuis le village de Hell-Bourg. Après un bout de nuit moyennement reposant en tente (parce que l’aventure, tu la vis à fond ou c’est pas la peine), mon réveil et ma mise en bulle se passent plutôt bien et je me sens d’attaque. J’avais envie de prendre du plaisir mais officieusement, j’avais dans un coin de ma tête dimensionné cette “ballade dominicale” en 8 heures et 01minute…et je savais que derrière les 4 Mousquetaires (interprétés par nos têtes d’affiches du jour et élites locaux), il resterait une place à prendre pour Albert…le cinquième Mousquetaire. J’avais donc bien envie de jouer ce petit rôle en complétant le quinté. Mais avant ça, il fallait venir à bout d’un parcours exigeant, technique, boueux et glissant!

Vous êtes prêts pour cette dernière aventure 2023? 3, 2, 1, partez! Départ sur un bon rythme. Les 4 km de mise en jambe se font en 18 minutes avant d’attaquer le pétard de la journée. +1 500 m sur 8 km avec des pentes comprises entre 20 et 40 % pour rejoindre le Cap Anglais et le gîte du Piton des Neiges. J’arrive au premier ravitaillement du Cap en 2h03. Je suis alors 5è mais l'écart avec Mathieu (4è) est déjà de 8 minutes. Derrière, c’est assez proche et je vois les frontales de 2 coureurs à moins de 3 minutes. Côté sensations, je ne m’affole pas car ça va être long. En effet, la montée s’est bien passée pour moi mais je sais que les prochains kilomètres de descente vers Mare à Boue vont être compliqués. Entre les blocs rocheux, les flaques et la boue, le terrain est technique et glissant. De plus, j’aurais le soleil de face. J’aborde le sentier prudemment mais me fais plusieurs frayeurs jusqu’à la première chute. Ensuite, c’est une succession de glissades et de chocs contre les cailloux qui me font perdre ma confiance du jour. Et c’est à PK15 que je perds toute notion de plaisir, lorsque ma chaussure reste accrochée à une racine et que j’entends un gros “craaaaatch”...avant de trébucher. Je me relève pour faire un rapide état des lieux. Ma chaussure droite est touchée mais pas coulée. Je constate une grosse déchirure sur la membrane supérieure. Nooooon…mes belles chaussures. Bon, je fais rapidement mon deuil et reprends ma descente. J’arrive enfin au niveau des Plaines et aperçois le ravitaillement de Mare à Boue (PK24). Je m’en suis rendu compte il y a quelques kilomètres, malgré un lever de soleil incroyable au-dessus du Volcan et une belle météo, la journée va être loooooooongue…je quitte Mare à Boue avec 15 minutes d’avance sur mon estimatif. Edouard (6è) arrive à ce moment et semble également touché. Je repars pour quelques kilomètres de route avec un rythme correcte. Je relâche également mon corps, quelque peu crispé. Jusque PK34 et Piton Textor, les paysages me font du bien. On est au niveau des Plaines, c’est vallonné, il y a des vaches et des chevaux. C’est vert et ça sent la campagne. J’ai l’impression d'être à la maison et c’est une sensation agréable. Même si côté course, j’ai les jambes lourdes et mes relances ne sont pas franches.

La descente jusqu’au 4è ravitaillement est vraiment délicate. 800 m de D- dans un sentier boueux avant de reprendre la forêt de cryptomerias et son tapis de racines plus glissantes les unes que les autres. Ça descend fort, ça glisse beaucoup, je tombe à nouveau lourdement mais sans gravité. 8,5/10 pour la figure, une jolie double roulade! PK38, je découvre la longue portion de route du parcours. 10 km. Je peux dérouler sur les faux plats descendants et relancer un peu. Mais après PK44 et un ravitaillement express, la route bétonnée, la chaleur de la matinée, l’absence d’ombre et la légère pente ascendante me font mal. Malgré les encouragements des riverains et cyclistes, je n’avance plus. Je me retourne. Edouard est à 300 mètres derrière moi. Paradoxalement, je suis content. J’en ai marre d'être seul. Et même s’il a les jambes et qu’il me dépasse, je suis soulagé de le voir revenir sur moi. Petite tape dans la main avant de constater que lui aussi est fatigué. Il ne relance pas et nous commençons un peu à discuter. Ça me fait du bien. Avant de rentrer dans la forêt de Bébour, je reprends de l’avance sur lui. Il n’accroche pas. Nous nous souhaitons bon courage pour les 12 derniers kilomètres (théoriques) avant que je n’entre réellement au coeur de l’Est…oui, le coeur. Je vais vite comprendre pourquoi et toi aussi.

Ici, le sentier se rapproche plus du parcours du combattant que d’une trace de trail. Il n’est pas dégagé. Des arbres sont en travers. Tu dois escalader. Parfois ramper. Quand tu penses relancer, tu t’enlises dans 10 cm de boue. Une horreur. Je n’en vois pas le bout et ça continue de monter…je regarde ma montre: 09:59. Un panneau m’indique 2h20 jusqu’au gîte de Bélouve. Je calcule rapidement. Ça, plus la descente vers Hell-Bourg estimée à 600 de D- sur 4 kilomètres. J’en ai encore pour 1h30… Et ça fait déjà presque 10 heures que je suis dans les sentiers? Quelle galère je me dis! Gros coup au moral. Au final, je lisais l’heure et non pas mon temps de course. 8 heures de course à PK58. C’est déjà mieux mais le ressenti est bel et bien là. Je ne m’en sors pas…et je comprends que le tracé ne va pas s'arrêter à PK63. On va avoir droit à des prolongations. Engagez-vous qu’ils disaient. Super! A ce moment, j’ai envie de tout laisser tomber. Le temps, la place, plus rien n’a d’importance. Comme la sensation de ne pas être au niveau. De ne pas être en forme. Pire encore, de ne pas réussir à changer de dynamique. A inverser cette tendance et trouver ma mentalité de guerrier qui m’avait tant aidé sur d’autres événements.

L’avantage d'être seul avec toi-même, c'est que tu reflechis. Oui, ça arrive et ça m’arrive. Après analyse, je prends conscience que j’ai gardé en référence mes 40 derniers kilomètres de la Diag'. Ces 40 crans où j'étais complètement drogué par l'adrénaline et les gels énergisants. Les statistiques montreront que, au bout du compte, je nétais pas si mal avec mon mode bulldozer…

Toujours est-il qu’à cet instant, la jolie route bétonnée que j’ai détesté quelques kilomètres plus tôt commence à sérieusement me manquer. Parce que cette forêt, c’est la Barckley! Au bout du rouleau, tu essaies sans grande conviction de courir mais là, c’est le chantier. Tu patines dans la boue. Tu ne vois pas où tu mets les pieds. Tu glisses. Tu trébuches. Et tu entends quoi à moins de 50 m sur ta parallèle? Une voiture qui roule sur une belle route bétonnée. Lisse. Plate. Aaaaargh, ça m'énerve!

Au bout du bout, je retrouve enfin le chemin forestier qui mène vers le gîte de Bélouve, le dernier ravitaillement et la descente vers le stade de Hell-Bourg. Derniers 600 m de D- et quelques 4, 5, 6 kilomètres? Je n’en sais trop rien, j’ai déjà plus de 60 kilomètres au compteur… Pour l’avoir déjà fait 2 fois, je sais qu’elle se descend bien. Mais aujourd’hui, j’ai mal et ça glisse encore un peu. J’essaie de foncer car je veux en terminer au plus vite. 37 minutes pour descendre 5 kilomètres et presque 600 de dénivelé. Et une cheville seulement! Ça aurait pu être pire. Enfin, j’arrive sur le dernier kilomètre de bitume. Personne derrière moi. J’entre dans le stade et m’approche de l’arrivée. Je ralentis. Je marche les 10 derniers mètres. Je serre les points en passant sous l’arche et je hurle de toute mes forces. De la rage.

Finalement, le résultat est plus que bon étant donné les conditions et un tracé un peu plus long que prévu (3 km et surtout presque 450 m de dénivelé supplémentaires d'après ma montre). Ceci explique en partie l’écart avec mon estimation initiale. Parce oui, je termine en 9 heures 01 minute et accroche ainsi le Top 5 (sur 173 inscrits) derrière les têtes d’affiches J. Boyer, J. Sautron, F. Mithridate et M. Desserprit. Edouard terminera à la 6è position. Alors oui, il y aura eu de la douleur, des sensations compliquées à gérer, un manque d'énergie, de longs moments dans le dur, …mais je me dis que le résultat et la satisfaction de l'arrivée n’en seront que plus grands. D’autant plus que la bière d’après course pourra être savourée puisque je suis récompensé en terminant second de ma catégorie M0 - Master 0 (générations 1985-1989)!

Je conclu ainsi cette première saison de trail et vais pouvoir profiter des dernières semaines de l'année pour (vraiment) me reposer et faire le bilan avant de reprendre les choses sérieuses en 2024.

Merci et bravo à l’organisation UTOI - Ultra Trail de l’Océan Indien, ainsi qu’aux bénévoles présents tout au long du tracé. Bravo à l’ensemble des coureurs de cette première édition de la Boucle du Cœur de l'Est et un énorme respect à tous ceux qui ont pris le déluge!

Enfin, un grand merci aux habituels supporters pour vos messages qui me font vraiment beaucoup de bien!