lundi 15 janvier 2024

Le jeu de Coline #1: Flash info émotionnel

Pour l’instant émotion, je t’emmène dans la tête du coureur! A la découverte de la partie la plus personnelle. La plus intime. La plus profonde. Peut-être la plus sombre? Quand tu te retrouves dans le dur. Quand tu es à la limite. Que tu n’avances plus. Que plus rien n’a de saveur. Quand tu dois aller puiser au plus profond de toi. Tu t’es déjà demandé ce qu’il y avait?

Certains l’appelle la “pain cave” (comprend, la grotte de la douleur). Et bien, au fond de ma grotte se cache un animal. Une bête primitive. Une bête enragée. Prête à être déchaînée et à répandre le chaos. A l’image de Hulk, je vais chercher à rassembler toute la colère qui est en moi pour renverser la tendance en allant dynamiter mon esprit, mon corps, ma course. Tu l’auras compris, j’ai besoin d'être en colère pour entrer dans cet état animal où je me sens “dangereux”. Plus je suis en colère, plus je suis performant. Il est difficile de dire combien de temps je peux être dans cet état. 5 minutes, 15 minutes, peut-être 1 heure? Le temps ne compte plus. La seule chose importante: manger. Et je suis alors affamé! A partir de ce moment, il se passe un truc. Mon cerveau déraille et je deviens cette bête primitive. Mon champ de vision se referme et je ne vois plus que le sentier. Ma respiration devient plus forte. Mon regard ne se détourne plus de mon objectif. De ma proie. Parce que j’entre en traque. En traque contre le temps, contre le coureur qui est devant moi, contre ces marches qui n’en finissent pas, contre moi-même. J’ai besoin de cette colère qui sommeille en moi pour développer une attitude agressive et la transformer en énergie motrice.

Tu l’imagines bien (parce que non, au quotidien je suis plutôt calme et je n’ai encore mordu personne), pour arriver à cet état, il y a un processus: se laisser envahir par le négatif avant de…tout faire péter! Je vais d’abord prendre conscience que je n’y arrive plus. Que physiquement et mentalement, ça flanche. Ensuite, une fois que j’ai la sensation de toucher le fond, je vais vraiment me faire mal. La version soft: “Abandonnes. Tu n’y arriveras jamais. Tu n’as pas les épaules pour ça”. La version hard? Demande au Sergent instructeur Hartman. Ces quelques mots suffisent à me faire plonger dans un état de déconnexion. J’entre doucement dans ma grotte, là où il n’y a presque plus de lumière. Ensuite, je vais me focaliser sur une frustration. Une frustration profonde. Souviens-toi quand tu étais petit et qu’on te privait de quelque chose...souviens-toi de cette frustration qui montait en toi. Se transformant en colère. Et bien, je vais rechercher cette frustration d’enfance. Je vais l’alimenter. Et mon petit atome de colère va doucement grandir jusqu’à imploser et libérer une énergie… parfois complètement démesurée. Alors, imagine quand j’ajoute à cette simple petite frustration d'enfance d’autres atomes de colère. Des frustrations plus importantes, des colères plus grandes, des injustices plus conséquentes. L’ensemble va venir former une véritable…bombe (merci Monsieur Oppenheimer). A ce moment, il vaut mieux ne pas me chatouiller…

Mais, du chaos naît une étoile. Pour être plus motivé, plus déterminé, plus hargneux. Pour avoir cette attitude de combattant, cette ténacité rageuse. Pour avancer, j’ai besoin de toujours être en colère. Parce qu’ensuite, je me libère complètement de toute cette énergie négative. J’arrive à me recentrer sur moi, sur mes sensations et sur ma course (je me rends d’ailleurs compte que j’ai avalé la dernière montée et que je suis déjà à Pleine des Merles). Je peux alors relancer avec des pensées positives.

Le gars est fou! Oui…mais j’ai fait mon premier podium comme ça. Alors, “autant continuer dans l’délire”.

Et toi, c’est quoi tes sources de motivation profonde?

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