mardi 10 mai 2016

Volontariat International en Administration à Bangui, République Centrafrique

Alors, pour remettre les choses dans leur contexte, en mai 2015 je commençais un Service Civique International à Tambacounda, au Sénégal, où je rejoignais l'ONG ICD Afrique pour une mission de 12 mois en coopération internationale et aide humanitaire. Ma mission consistait alors à travailler avec les populations locales sur des projets de développement, de sensibilisation, d'amélioration des conditions de vie, d'accessibilité à l'alimentation et à l'eau potable, ou encore de gestion des déchets. 

"Les aventures de Guigui au Sénégal"

Ce type de contrat ne pouvant être renouvelé, et ajouter à cela mon envie de quitter le monde de l'ONG et du développement local pour revenir vers ma formation initiale, le génie civil, je commençais à prospecter pour un contrat de Volontariat International - VI. 

C'est ainsi qu'en début d'année 2016, je commence à envoyer mes premières candidatures via le site Internet civiweb. Les offres intéressantes restent faibles dans mon secteur d'activités mais ont le mérite d'exister. 70% des candidatures que j'effectue se trouvent en Afrique car c'est sur ce continent que le monde bouge et que les projets grandissent. Je suis donc plus ou moins préparé à ne pas quitter ce continent. Sénégal, Tchad, Côte d'Ivoire, Cameroun, Nigeria, Centrafrique, Bénin, Guinée, sont les points de chute possibles. C'est finalement une RH du Ministère des Affaires Etrangères et du Développement International qui me contacte en me proposant un entretien à Paris pour une mission de 12 mois en République Centrafrique (RCA), plus précisément à l'Ambassade de France à Bangui.

Enorme surprise! On est mi-mars, je rentre tout juste du Cap-Vert et voilà "LA" proposition que j'attendais. Seul problème, le premier entretien RH doit obligatoirement se dérouler à Paris. Que faire? Je décide donc de quitter le Sénégal plus tôt que prévu pour passer cet entretien. Après avoir échangé avec les responsables de l'ONG, je leur propose de terminer ma mission à distance et ainsi pouvoir rentrer passer cet entretien et éventuellement enchaîner directement après s'il s'avère concluant. C'est ainsi qu'en l'espace d'une semaine j'ai rassemblé mes affaires, plus ou moins bouclé mes dossiers et fait mes au-revoir à mes amis et collègues présents au Sénégal.


Le contrat VI - Volontariat International

Qu'est-ce qu'un contrat de Volontariat International (VI)? Il s'agit d'un contrat de 6 à 24 mois pouvant s'effectuer au sein d'une entreprise, d'une structure française relevant du  Ministère des Affaires Etrangères et du Développement International ou du Ministère de l’Economie, d'une structure publique locale étrangère ou auprès d'organisations internationales.

Attention, le Volontariat International, tout comme le Service Civique, n'est pas du bénévolat. En effet, le VI est placé sous tutelle de l'Ambassade de France, il réalise une mission professionnelle à l'étranger tout en bénéficiant d'un statut public protecteur et enfin, le VI perçoit une indemnité forfaitaire, variable suivant le pays d'affectation.

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Ce type de contrat est principalement destiné aux étudiants, jeunes diplômés, ou chercheurs d'emploi de 18 à 28 ans. Il s'agit d'une expérience professionnelle enrichissante qui s'avère être un véritable tremplin pour une carrière internationale.Les V.I perçoivent mensuellement une indemnité forfaitaire, variable suivant le pays d’affectation, mais indépendante du niveau de qualification.


Le recrutement

En ce qui me concerne, j'ai postulé à un VIA - Volontariat International en Administration. Je serai donc placé sous tutelle du Ministère des Affaires Etrangères et du Développement International. Environ un millier de volontaires sont envoyés chaque année aux 4 coins du monde dans ces conditions. Je pars donc travailler pour un service de l'Etat français, le SCAC - Service de Coopération et d'Actions Culturelles de l'Ambassade de France à Bangui, en République Centrafrique. Information importante, il s'agit d'un contrat de 12 mois renouvelable 12 mois.

Vue aérienne du centre de Bangui

Pour revenir sur mon recrutement pour le VIA - Chargé de mission micro-projets et génie civil à l'Ambassade de France à Bangui, j'ai donc rapidement pris la décision de quitter le Sénégal et de mettre fin de façon anticipée à mon contrat de Service Civique avec l'ONG ICD Afrique pour pouvoir passer ce premier entretien RH à Paris. Semaine intense puisque j'ai dû faire la passation de mes dossiers aux collègues, rassembler mes affaires, quitter mon appartement, tout en préparant au mieux mon retour en France ainsi que mon entretien.

Avant de prendre l'avion, quelques péripéties avec mon 7 places qui tombe en panne... Notre chauffeur qui décide de prendre son petit déjeuné pendant plus d'une heure, et bien sur le bordel habituel sur la route! Finalement, j'arrive à Dakar où je rejoins mes amis et collègues de la capitale pour une session shopping car je n'avais pas prévu de rentrer en France en hiver et encore moins pour un entretien. Le temps d'un dernier repas tous ensemble, me voilà à l'aéroport direction Paris Charles-de-Gaule!

Après avoir passé ce premier entretien, j'apprends que nous sommes seulement 3 candidats retenus sur la short-list et que ma première expérience au Sénégal est véritablement un plus dans ma candidature. Au second entretien, avec les services techniques de Bangui, nous ne sommes plus que 2. Tout se passe au mieux et quelques jours plus tard je reçois la réponse tant attendue:

Ministère des Affaires étrangères et du Développement International - "J’ai le plaisir de vous faire savoir que votre candidature au poste de VIA - Chargé de mission micro-projets et génie civil à l'Ambassade de France à Bangui (RCA - République Centrafricaine) a été retenue." Affectation prévue: Mai 2016! 

Réponse positive, je pars en RCA! Quoi? Oh p*****, je pars en RCA!


La mission

Tout ça, c'est bien beau, mais c'est quoi un chargé de mission micro-projets et génie civil? Comme je l'ai dit plus haut, le VIA travaille en étroite collaboration avec le chef de service et l'attaché de coopération humanitaire au SCAC - Service de Coopération et d'Actions Culturelles. Sur le papier, il aura différentes missions adaptables selon son profil et ses "envies":

- Appui-conseil à la conception de micro-projets soutenus par l'Ambassade, en particulier ceux qui comprennent des volets investissements et infrastructures,
- Constitution et instruction de dossiers techniques et administratifs,
- Contrôle de la mise en œuvre des actions,
- Mise en place d'outils de suivi pour la capitalisation et la communication,
- En lien avec les autres agents de l'Ambassade (Alliance française et autres partenaires), aide au montage d'événements et d'opérations à forte visibilité, portant sur les micro-projets,
- Participation à des réunion sur les problématiques de développement.

Plan architecture maison individuelle

En résumé, il s'agit d'un véritable projet de coopération technique et malgré le A - Administratif, l'Ambassade recherche un technicien / ingénieur en génie civil, architecture et urbanisme pour mener à bien cette mission. L'avantage de ce type de contrat est qu'il permet d'avoir une véritable expérience professionnelle. En effet, ce genre de mission apporte au volontaire une vision globale sur ce qui se fait au sein du métier, mais aussi des responsabilités qu'on ne nous donnerait pas forcément en France en sortie d'études. Il ne faut se cacher non plus que le salaire reste un aspect motivant pour partir dans un pays aussi "compliqué".

Les démarches administratives

A peine la nouvelle annoncée autour de moi, je me lance dans les démarches pour pouvoir être prêt à partir fin avril. Au programme des mois de mars-avril:

Passeport de service, VISA, c'est parti pour 12 mois

- Mise à jour des vaccins à l'hôpital militaire Legouest à Metz,
- Prise de sang afin de vérifier que je ne rentre pas "accompagné" du Sénégal,
- Obtention d'un certificat médical stipulant que je suis apte à travailler en République Centrafrique,
- Demande d'un passeport de service,
- Demande d'un VISA de service,
- Réalisation de la formation sécurité et rencontre avec le département psychologie du Ministère,
- Préparation du voyage.

Il est à noter que le Ministère des Affaires Etrangères prend en charge le billet d'avion aller-retour, les frais de passeport et de VISA de service, ainsi que 150 kilogrammes de bagages.


La formation sécurité

Avant de partir, le VIA doit participer à une formation sécurité et rencontrer le département psychologie qui gère l'ensemble du personnel expatrié dans les différentes Ambassades de France. Cette journée est aussi l'occasion pour moi de rencontrer 5 autres volontaires qui partent courant avril. Et les destinations sont toutes aussi "sexys" les unes que les autres! On a du Beyrouth au Liban, Tel Aviv en Israël, Tunis en Tunisie, Salvador et donc Bangui en République Centrafrique. 

La formation des "petits volontaires"

La formation est générale avec des compléments suivant les pays. Elle est présentée par un ancien chef négociateur du GIGN. Pas la peine de dire que le garçon à une forte expérience dans les domaines de la sécurité, criminologie, etc, ... Après s'être présenté, il nous explique quels sont les différents risques encourus par les volontaires et plus généralement par les français envoyés dans ces zones dites "chaudes", et je ne parle pas du climat.

Nous parlons essentiellement des risques politiques, criminels, terroristes et des risques liés à la protection de l’information. Cette demie-journée est très intéressante, de nombreux exemples viennent illustrer les problèmes que l'on peut rencontrer durant nos missions, on blague un peu sur tous les risques et au final, on se rend compte qu'on ne part pas, mais alors pas du tout, en colonie de vacances... Le moniteur n'est pas aussi drôle, surtout quand il prend une voix grave et sérieuse! Bon ça va, j'arrête de plaisanter...

Je ne vais pas te résumer toute la formation mais laisse moi néanmoins te partager certains points qui me semblent être importants et utiles pour l'ensemble des voyageurs partant vers des destinations où la vigilance doit être un minimum renforcée. Tu me diras que ça relève du bon sens mais parfois c'est bien de le rappeler.

"Ne jamais baisser son niveau de vigilance et anticiper les problèmes"

Avant le voyage :
- Se renseigner sur la sécurité du pays (http://www.diplomatie.gouv.fr),
- Se renseigner sur les modes opératoires de la criminalité,
- S'inscrire sur les sites tel que le Fil de sécurité d'Ariane (conseil aux voyageurs).

Quelques conseils au niveau des papiers / carte bancaire / ... :
- Scanner ses papiers en cas de perte ou de vol,
- Garder une copie scannée de ses papiers d'identité sur soi,
- Ne pas garder sa carte bancaire sur soi en permanence,
- Connaître les numéros utiles en cas de problèmes,
- Avoir sa carte mutuelle sur soi en permanence,
- Toujours avoir un billet à donner en cas d'agression,
- Stocker son argent sous clefs,
- Se renseigner quant au bakchich: connaître les procédures de négociations et les sommes à éventuellement donner.

En fonction du pays, avoir un "sac d'urgence" de prêt pour 48 heures d'autonomie avec :
- Lampe de poche avec batteries,
- 1 change complet de vêtements,
- 1 couteau,
- Une trousse de premiers soins,
- Suffisamment d'eau pour 48 heures,
- Rations de survie,
- Copie scannée des papiers importants.

Note: le tout est à étanchéifier!

En ce qui concerne les transports... :
- Identifier des taxis de confiance,
- Eviter les transports en commun,
- Varier les trajets et éviter les habitudes,
- Identifier au préalable les personnes qui viennent vous chercher à l'aéroport le cas échéant.

... et le logement :
- Changer et/ou ajouter des serrures,
- Eviter les plain-pieds sans barreaux,
- Identifier les compteurs eau / électricité / gaz et savoir les couper en cas de problèmes,
- Identifier une pièce de replie (exemple: salle-de-bain),
- Connaître ses voisins,
- Mettre une câle à la porte de sa chambre la nuit,
- Identifier et tester les sorties de secours,
- A l'hôtel: éviter les étages trop élevés et au-dessus de l'accueil.

Comment réagir en cas de fusillade / explosion / incendie / accident / ... ?
- Dans certains pays dont la RCA, en cas d'accident corporelle avec un tiers, se rendre au plus vite à l'Ambassade pour rendre des comptes et ne surtout pas essayer de régler le problème sur place,
- Eviter absolument toutes manifestations ou autres regroupements,
- Se protéger (les abris à privilégier: mur en béton, bloc moteur de voiture, arbre conséquent, ...),
- Oublier Facebook 5 minutes et penser à sauver sa vie avant-tout!

Comment réagir en cas d'enlèvement ?
- Eviter les déplacements non accompagnés de nuit et dans les endroits à risques,
- En cas d'enlèvement, rester calme, montrer ses mains, réaliser des gestes lents et se laisser faire,
- En cas d'agression physique, protéger ses organes vitaux,
- En cas de demande de rançon, s'assurer que la personne a bien été enlevée,
- Ne pas improviser et jouer les héros.

Fortement déconseillé = Interdit : 
Pour les personnes qui pensaient éventuellement venir me rendre visite, il faudra voir pour se rejoindre dans un pays où il n'y a ni rouge, ni orange sur la carte. Autrement dit, on se verra ailleurs qu'en RCA. Et pour les personnes qui pensaient que j'allais (encore) faire du tourisme, la carte ci-dessous montre un peu la situation sécuritaire du pays. L'interdiction de déplacement y est présente...un peu partout. Après, pas la peine de paniquer, en respectant les règles de sécurité il ne devrait pas y avoir de problème.
Carte sur la sécurité en RCA

Voilà quelques consignes qui peuvent s'avérer utiles lors de déplacements ou voyages dans ces zones dites "à risques". Dans le prochain article, je t'expliquerai un peu le contexte de la République Centrafrique, son histoire, sa culture, etc.

Source: https://www.civiweb.com
Source: http://www.diplomatie.gouv.fr

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