mardi 31 mai 2016

Bienvenue à BanGui'gui

Samedi 14 mai 2016 - 7h45, le réveil sonne. Il est temps pour moi de me lever, rassembler mes affaires et faire mes au-revoir à la famille. Direction l’aéroport de Paris Charles-de-Gaule pour cette nouvelle aventure sur le continent africain.

Afficher l'image d'origine La vie rêvée de Walter Mitty


Mon plan de vol me fait faire une première escale à Casablanca, puis une seconde à Douala, sur la côte camerounaise. Après plus de 20 heures de voyage, le jour se lève. Nous sortons des nuages et je découvre enfin ma destination finale, la République Centrafrique (RCA). Les premiers paysages sont absolument incroyables ! Le vert domine l’ensemble de ce décor, la forêt semble infinie, la végétation luxuriante et de nombreuses veines hydrauliques animent ce paysage et apportent des teintes de couleurs plus sombres. La brume se faufile à travers les arbres, la rosée du matin inonde les prairies. A travers mon hublot, je ne peux m’empêcher d’être en admiration devant ce spectacle.

En se rapprochant de notre destination finale, je découvre les premiers signes de vie avec des bouts de piste et quelques petits villages parsemés dans cet immensitude verte. Nous passons à présent au-dessus de l’Oubangui, le fleuve marquant la frontière entre la RCA et la République Démocratique du Congo. La saison des pluies étant bien entamée, le niveau d’eau est élevé mais je devine quelques bancs de sable dignes des plus belles plages de France. Au loin, je peux commencer à admirer les premières collines où quelques nuages y sont restés accrochés. La météo est grise mais il ne pleut pas. Les premières pistes, les premiers villages et les premiers signes de vie se font plus nombreux. Finalement la voilà qui se dévoile, Bangui ! Les premières images de la ville me font rêver. Les routes en latérite sont d’un rouge vif, les maisons forment un damier presque parfait, les gens sont dehors, se déplacent en vélo, à moto ou à pied. Nous passons au-dessus de champs cultivés à moitié inondés par les dernières précipitations. Je sens que l’avion perd de l’altitude et je découvre de plus en plus de détails de la ville. C’est à ce moment que nous survolons un quartier qui me rappelle que dans quelques minutes je vais atterrir dans un pays et dans une ville qui sort d’une guerre et qui a subit de violents affrontements au cours de ses dernières décennies. Le paysage est marqué par les évènements de septembre 2015 qui ont été d’une grande violence. Ici, je ne retrouve aucun signe de vie. Une véritable ville fantôme se dresse sous mes pieds, les rues sont désertes, les maisons détruites, le quartier a été littéralement ravagé. Je me rends compte que la nature a progressivement gagné du terrain sur les ruines de cet arrondissement, signe que les habitants n’ont plus remis les pieds ici depuis plus de 8 mois...

Cette piqûre de rappel me ramène rapidement à la réalité. Le tarmac se dessine peu à peu. Nous nous posons. Le choc est violent. A quelques dizaines de mètres de la piste, des enfants observent notre oiseau de fer. Ici, il n’y a pas de clôture. J’ai l’impression d’atterrir en pleine brousse, pourtant je suis bien à l’aéroport international de la capitale centrafricaine. Plus loin, on retrouve une foule qui attend la permission d’un militaire pour pouvoir traverser la piste. Je comprends vite qu’il s’agit de réfugiés qui « logent » à l’aéroport…ou plutôt dans le camp de l’aéroport. Je découvre rapidement les premières tentes, cabanes en tôles et autres abris de fortune. Comme tout le monde, j’avais déjà vu ces images à la télévision, aux informations ou dans des films, mais aujourd’hui le choc est grand. Le campement est immense, la pauvreté semble atteindre des records et je ne te parle même pas de l’insalubrité. Je n’ose imaginer les conditions de vie de ces pauvres gens.

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Photo du camp de M'Poko - Image prise d'Internet


L’avion arrive en gare et entame sa manœuvre. J’aperçois les premiers Casques Bleus. Nous descendons enfin de notre 737 pour rejoindre le tarmac. La chaleur est supportable, en revanche le taux d’humidité est élevé et je me retrouve vite en nage. Arrivé à terre, je me sens quelques peu désorienté. Nous sommes au milieu de la piste, l’aéroport se trouve à 200 bons mètres de là. D’un côté, je retrouve les Casques Bleus, de l’autre des militaires français. Un groupe est en train de décharger un avion-cargo. Un peu plus loin, l’armée de terre fait de la maintenance sur ses hélicoptères Pumas. Je me rends dans le hall des arrivées où l’on me prend en photo, vérifie mes vaccins, me fait remplir le classique formulaire des arrivées avant de passer les premiers contrôles de passeport. La pièce est toute petite. Je n’aurai jamais pensé qu’un aéroport comme celui-là pourrait être la structure principale d’un pays aussi grand que la RCA. Après avoir passé les différents postes de contrôle, j’accède enfin à mes bagages. C’est ici que je retrouve Eric, mon N+1 à l’Ambassade. Nous faisons connaissance sur le trajet. J’essaie de trouver des points de repère mais ce n’est clairement pas le Sénégal. Les militaires sont présents à tous les coins de rue, entre les Nations Unies, les Casques Bleus, l’Armée française, la MINUSCA, l’Armée locale et les gendarmes, les blindés et autres grosses voitures se suivent et se ressemblent. Les personnes que nous croisons dans la rue ne semblent pas aussi souriantes et accueillantes qu’au pays de la Teranga. Je commence à me demander où est-ce que j’ai bien pu mettre les pieds.
"Bienvenue à Bangui"
 

Le centre-ville est petit. Les bâtiments sont bas. J’ai l’impression d’être dans un grand village. Après avoir pris le petit déjeuné chez Eric, où j’y ai également rencontré François mon N+2 de l’Ambassade et responsable du SCAC (Service de Coopération et d’Activité Culturelle) ainsi que le responsable de l’Alliance Française, Eric me ramène à mon nouveau domicile. Notre villa se situe dans le quartier riche de la ville sur la colline de Bangui. Lorsque nous entamons notre montée, je suis frappé par la hauteur des murs entourant les propriétés et l’ensemble des barbelés qui surmontent ces derniers. J’ai l’impression de passer à côté de prisons hautes sécurités.

Arrivée devant le portail, le gardien nous ouvre et je découvre ma nouvelle maison, notre maison puisque je vais la partager avec Morad et Adrien (VI à l’Ambassade), Laetitia (VI à l’Alliance Française) et Louise (VI à l’Agence Française de Développement). Le cadre est exceptionnel ! La villa se situe sur la colline, au bout de la rue. Nous partageons une immense parcelle avec une autre maison qui héberge le médecin de l’Ambassade. Après avoir franchi le portail, une grande allée se dessine jusqu’à la porte d’entrée de cette belle villa coloniale. Les espaces extérieurs sont bien aménagés mais manquent cruellement d’entretien. Aujourd’hui le bâtiment est vétuste, les coupures d’eau sont fréquentes et je ne te parle même pas de l’électricité. Néanmoins, avec un peu d’imagination, on arrive vite à se projeter quelques décennies en arrière lorsque les banquets étaient réalisés avec toute la haute société de Bangui ! J’allais oublier, nous avons 5 gardiens qui permutent chaque jour et Hervé, l’homme à tout faire de la maison #commentdevenirencoreplusassitéqu’avant : Hervé s’occupe essentiellement de l’entretien de la maison, des courses, de la cuisine et du linge.


Bienvenue à la villa 

 
 
Notre véhicule - ancienne ambulance




La piscine... Vide


Notre petite paillote


Je suis accueilli par Adrien et Louise qui m’aident à m’installer et me propose une petite ballade le long de la colline pour rejoindre l’Ambassade et les terrains de sport où une partie de tennis m’attend. Ma journée se termine par un petit concert à la Brasserie avec Louise où je fais la connaissance de Morad et de la bière locale (pas forcément exceptionnelle mais elle est fraîche et c’est tout ce qu’on lui demande). Nous rentrons avec Louise un peu avant l’heure du couvre-feu et je vais me coucher, épuisé.

Bonne nuit et à très vite pour plus de récits !

3 commentaires:

  1. Blog abandonné?
    Guigui a été croqué par les pygmées?

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    1. Hahaha! Non, non, je vais bien!

      Le blog est en pause pour le moment... J'espère revenir rapidement avec des choses sympas à montrer et à raconter.

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  2. Bonne nouvelle ��
    Mais le lecteur lointain reste sur sa faim...

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