mercredi 20 décembre 2023

Saison Trail-running 2023, l’heure du bilan

Résultats saison trail-running 2023

Avant d’arriver sur la ligne de départ de la Diagonale des Fous, je m'étais dit que peu importe son issue, mon projet sportif était d'ores-et-déjà une réussite. En effet, j'ai appréhendé cette année 2023 comme un projet à part entière avec un début, un milieu et une fin…qui a d’ailleurs tendance à être repoussée. Pour moi, l’une des clefs aura été d’opter pour une approche et une prise en compte totale de l'activité dans mon mode de vie. Comme le soulignait Raphaël Verchère, philosophe du sport, la pratique du trail dans sa dimension globale permet de devenir "entrepreneur de soi-même". A l'image d'une entreprise, "on gère son corps et son esprit à partir des notions de rendement. L'idée est d'accroître sa performance en employant des moyens rationnels". Ainsi, j'ai appliqué au cours de l'année des notions de planification, de gestion, de management et d'indicateurs de réussite pour atteindre mes objectifs. De plus, la discipline et la rigueur de mon quotidien m'ont permis une recherche de qualité, d'optimisation et de performance tout au long du projet. Ça sonne quand même vachement professionnel tout ça…et bien oui, ça l’est, je t’assure! Et, je vais même utiliser le mot “outre” pour continuer dans la dynamique. Mais après, promis, j'arrête.

Outre le fait d'avoir préparé mon corps et mon esprit à cette grande aventure, j'ai réussi à me recentrer sur les choses essentielles mais aussi et surtout à trouver un rythme de vie sain et en harmonie avec mes valeurs. En adoptant cette discipline, je pense avoir gagné en maturité et, c'est peut être un peu cliché, mais j'ai le sentiment d'être devenu une meilleure version de moi. Quand je t’ai présenté ce projet il y a 8 mois, je parlais d’une forme de quête spirituelle. Aujourd’hui, j’ai retrouvé des sensations et des émotions en accord avec mon “moi intérieur”...attends, ça ne deviendrait pas un peu trop philosophique maintenant pour “un gars qui court”? Ok…faisons plus terre-à-terre dans ce cas: le petit garçon qui est en moi a carrément kiffé courir dehors, sauter dans les flaques, faire du vélo et s'émerveiller devant le terrain de jeu. Parce que je ne l’ai peut-être pas souligné assez mais la nature, les paysages et les montagnes réunionnaises sont un véritable paradis pour la pratique des sports outdoor!

Comme tu as également pu le constater, je suis un petit comique quand je veux, certes, mais j’ai aussi réalisé de très nets progrès sur le plan sportif. Préparer en 9 mois un ultra aussi difficile que la Diagonale des Fous semblait être un défi impossible. Que ce soit lors de mes entraînements ou en course, j’y ai mis toute ma passion, mon envie et ma persévérance pour ne jamais rien lâcher. Grâce à cela, mais aussi à votre soutien, à celui de mes proches et à l'adrénaline du dossard, les résultats ont même été bien au-delà de mes espérances. Hormis la performance réalisée lors du Grand Raid, l’image ci-dessous atteste d’une progression constante dans les classements (données issues de l’organisation BeTrail) avec une côte générale de 71,12 (+14,47 par rapport à fin 2022). En ce qui concerne mon Index de performance ITRA - International Trail Running Association, je suis à 686 (+246 par rapport à fin 2022). Grosso modo, ça signifie surtout que je suis super méga trop content de mes résultats.


Parce que 2023, c’est 3 podiums en catégorie et 1 podium scratch :

- Boucle du Bassin Vital (23 km / 1 100 m de D+) - Finisher en 2h41min49s, 32ème / 508

- Méga-Salazienne (53 km / 3 400 m de D+) - Finisher en 7h30min38s, 3ème / 356 (🥇 - 1er Senior)

- Grand Bassin (22 km / 1 300 m de D+) - Finisher en 2h20min15s, 8ème / 452 (🥇 - 1er Senior)

- Rivière des Galets (39 km / 1 600 m de D+) - Finisher en 3h51min36s, 5ème / 732 (🥉 - 3è Senior)

- Trail de Saint-Jeoire (77 km / 5 500 m de D+) - Finisher en 11h21min31s, 11ème / 61

- Diagnonale des Fous (165 km / 10 000 m de D+) - Finisher en 31h55min42s, 54ème / 2047

- Boucle du Coeur de l’Est (63 km / 2 800 m de D+) - Finisher en 9h01min29s, 5ème / 149 (🥈 - 2è Master 0)


Au-delà des résultats, je suis particulièrement fier d’avoir réussi à augmenter mon volume de travail progressivement et à conserver une régularité dans ma motivation. Ceci m’a notamment permis d'éviter les blessures. Mon hygiène de vie ainsi qu’une préparation axée sur la récupération auront été les clefs d’une année pleine. Ainsi, 2023 pour moi, c’est :

- 5 000 km parcourus dont 2 500 km en VTT ; 1 200 km de trail ; 800 km de course à pied ; 500 km de marche

- 150 000 m de dénivelé positif

- plus de 450 heures dehors (hors séances de renforcement, de kiné et d’assouplissement / étirements)


Côté budget (parce que oui, tout cela a un coût et le trail reste malheureusement une activité onéreuse), voilà un récapitulatif plus ou moins exhaustif de mes dépenses hors frais de vie sur l'année :

- Équipement (chaussures, chaussettes, short, t-shirt, flasques, rachat VTT et entretien, …): +/- 800 €

- Frais d’inscription à 7 trails: +/- 530 €

- Santé (ostéopathe, podologue, huiles essentielles, crèmes et gels de récupération, crème anti frottement, Tape, strap, …): +/- 300 €

- Nutrition (boissons énergies, barres, gels, purées, …): +/- 400 €

- Logistique (location de véhicule et carburant): +/- 400 €*

* Ces aspects logistiques ne sont pas entrés dans tous mes trails. De plus, mes entraînements et sorties quotidiennes ont été faites depuis chez moi où en co-voiturage.


Au-delà des résultats et des chiffres, j’ai pris énormément de plaisir (et c’est sans doute le plus important dans l’histoire). Que ce soit lors de mes entraînements ou durant les phases de compétition, j’ai trouvé un équilibre qui me convient parfaitement. Entre choix de vie et instants évasions, j’ai été pleinement épanoui dans mon projet. Certes, il y a eu des moments plus difficiles mais ils semblent déjà loin tant la satisfaction à l'arrivée est grande! Aujourd’hui, je me sens accompli et ceci a été possible par beaucoup d'énergie positive, de belles rencontres, des moments de partages forts, …et un changement de mentalité. J’ai beaucoup appris sur moi, sur la gestion de mes émotions, sur ce que mon corps était capable de donner / d’endurer et sur mes limites. Et, une tendance se dégage, on peut sans cesse les repousser!

Alors, pour résumer ces 12 mois et cette aventure un peu folle, je me suis d’abord documenté. J’ai appris. J’ai travaillé dur. J’ai expérimenté. Je me suis trompé. J’ai donc recommencé. Encore. Et encore. Et je n’ai cessé de progresser. Alors oui. Pour arriver au sacre ultime. Pour survivre à la Diagonale des Fous. J'ai transpiré. J’ai lutté. J’ai pleuré. J’ai crié. Mais j’ai finalement beaucoup rigolé. J’ai trébuché. Je suis tombé. Je me suis blessé. Je me suis conditionné et puis je me suis relevé. J’ai eu des moments de doute. J’ai pris des coups. J’ai été frustré, en colère parfois…je me suis alors remis en question. J’ai avancé. J’ai grandi. J’ai reçu. J'ai donné. On a partagé. Finalement, je suis tombé amoureux. J’ai vécu une année complètement folle. Intense. Complète. Et j’ai été plus qu’heureux de vous la partager.


Alors, pour vous qui m’avez soutenu tout au long de cette formidable année: MERCI !

Des pensées pour Maman, Papa, Lulu, Coline, Thib’s, Jean-Lou & sa famille, mes voisins Camille, Fabrice, Sylvette, les Tamba' Boys, Mathilde, Paul, Lety, Adrien, Amandine, David, Yannick, Jo, Valérie, Jean-Philippe, Cyril et Laurent.

Belles Fêtes de fin d'année à vous et à bientôt pour la présentation des objectifs 2024! Parce qu’une chose est sûre, il va y avoir de belles courses en perspective et j’ai à coeur de confirmer cette première année!

mardi 12 décembre 2023

Boucle du coeur de l'Est - Décembre 2023

Préparation des affaires, Boucle du Cœur de l’Est / Résultat de course, Boucle du Cœur de l’Est - Suunto

Boucle du Cœur de l’Est : J+2 [FINISHER…avec un podium en M0]

Initialement, ce dernier dossard de l'année se voulait être une évaluation de mon état de forme après la Diagonale des Fous mais aussi et surtout une façon de bien terminer cette (fabuleuse) année en prenant un maximum de plaisir.

Avant toute chose, on reviendra sur la notion de plaisir…enfin, il y en a bien eu a l'échauffement. Un peu dans le premier pétard lorsqu’un tangue a fait la course avec moi sur 5 mètres avant de bifurquer dans un bosquet. Et, évidemment, aux différents points de ravitaillement. Parce que oui, les bénévoles de cette BCE ont été exceptionnels! Je tiens déjà à les remercier pour l’aide logistique dans la gestion de mes flasques mais aussi et surtout pour leurs sourires, leurs encouragements et leur bienveillance!

Alors, ce résumé…par où commencer? Départ officiel de ce trail long de 63 km pour 2 800 m de dénivelé à 3h00 du matin depuis le village de Hell-Bourg. Après un bout de nuit moyennement reposant en tente (parce que l’aventure, tu la vis à fond ou c’est pas la peine), mon réveil et ma mise en bulle se passent plutôt bien et je me sens d’attaque. J’avais envie de prendre du plaisir mais officieusement, j’avais dans un coin de ma tête dimensionné cette “ballade dominicale” en 8 heures et 01minute…et je savais que derrière les 4 Mousquetaires (interprétés par nos têtes d’affiches du jour et élites locaux), il resterait une place à prendre pour Albert…le cinquième Mousquetaire. J’avais donc bien envie de jouer ce petit rôle en complétant le quinté. Mais avant ça, il fallait venir à bout d’un parcours exigeant, technique, boueux et glissant!

Vous êtes prêts pour cette dernière aventure 2023? 3, 2, 1, partez! Départ sur un bon rythme. Les 4 km de mise en jambe se font en 18 minutes avant d’attaquer le pétard de la journée. +1 500 m sur 8 km avec des pentes comprises entre 20 et 40 % pour rejoindre le Cap Anglais et le gîte du Piton des Neiges. J’arrive au premier ravitaillement du Cap en 2h03. Je suis alors 5è mais l'écart avec Mathieu (4è) est déjà de 8 minutes. Derrière, c’est assez proche et je vois les frontales de 2 coureurs à moins de 3 minutes. Côté sensations, je ne m’affole pas car ça va être long. En effet, la montée s’est bien passée pour moi mais je sais que les prochains kilomètres de descente vers Mare à Boue vont être compliqués. Entre les blocs rocheux, les flaques et la boue, le terrain est technique et glissant. De plus, j’aurais le soleil de face. J’aborde le sentier prudemment mais me fais plusieurs frayeurs jusqu’à la première chute. Ensuite, c’est une succession de glissades et de chocs contre les cailloux qui me font perdre ma confiance du jour. Et c’est à PK15 que je perds toute notion de plaisir, lorsque ma chaussure reste accrochée à une racine et que j’entends un gros “craaaaatch”...avant de trébucher. Je me relève pour faire un rapide état des lieux. Ma chaussure droite est touchée mais pas coulée. Je constate une grosse déchirure sur la membrane supérieure. Nooooon…mes belles chaussures. Bon, je fais rapidement mon deuil et reprends ma descente. J’arrive enfin au niveau des Plaines et aperçois le ravitaillement de Mare à Boue (PK24). Je m’en suis rendu compte il y a quelques kilomètres, malgré un lever de soleil incroyable au-dessus du Volcan et une belle météo, la journée va être loooooooongue…je quitte Mare à Boue avec 15 minutes d’avance sur mon estimatif. Edouard (6è) arrive à ce moment et semble également touché. Je repars pour quelques kilomètres de route avec un rythme correcte. Je relâche également mon corps, quelque peu crispé. Jusque PK34 et Piton Textor, les paysages me font du bien. On est au niveau des Plaines, c’est vallonné, il y a des vaches et des chevaux. C’est vert et ça sent la campagne. J’ai l’impression d'être à la maison et c’est une sensation agréable. Même si côté course, j’ai les jambes lourdes et mes relances ne sont pas franches.

La descente jusqu’au 4è ravitaillement est vraiment délicate. 800 m de D- dans un sentier boueux avant de reprendre la forêt de cryptomerias et son tapis de racines plus glissantes les unes que les autres. Ça descend fort, ça glisse beaucoup, je tombe à nouveau lourdement mais sans gravité. 8,5/10 pour la figure, une jolie double roulade! PK38, je découvre la longue portion de route du parcours. 10 km. Je peux dérouler sur les faux plats descendants et relancer un peu. Mais après PK44 et un ravitaillement express, la route bétonnée, la chaleur de la matinée, l’absence d’ombre et la légère pente ascendante me font mal. Malgré les encouragements des riverains et cyclistes, je n’avance plus. Je me retourne. Edouard est à 300 mètres derrière moi. Paradoxalement, je suis content. J’en ai marre d'être seul. Et même s’il a les jambes et qu’il me dépasse, je suis soulagé de le voir revenir sur moi. Petite tape dans la main avant de constater que lui aussi est fatigué. Il ne relance pas et nous commençons un peu à discuter. Ça me fait du bien. Avant de rentrer dans la forêt de Bébour, je reprends de l’avance sur lui. Il n’accroche pas. Nous nous souhaitons bon courage pour les 12 derniers kilomètres (théoriques) avant que je n’entre réellement au coeur de l’Est…oui, le coeur. Je vais vite comprendre pourquoi et toi aussi.

Ici, le sentier se rapproche plus du parcours du combattant que d’une trace de trail. Il n’est pas dégagé. Des arbres sont en travers. Tu dois escalader. Parfois ramper. Quand tu penses relancer, tu t’enlises dans 10 cm de boue. Une horreur. Je n’en vois pas le bout et ça continue de monter…je regarde ma montre: 09:59. Un panneau m’indique 2h20 jusqu’au gîte de Bélouve. Je calcule rapidement. Ça, plus la descente vers Hell-Bourg estimée à 600 de D- sur 4 kilomètres. J’en ai encore pour 1h30… Et ça fait déjà presque 10 heures que je suis dans les sentiers? Quelle galère je me dis! Gros coup au moral. Au final, je lisais l’heure et non pas mon temps de course. 8 heures de course à PK58. C’est déjà mieux mais le ressenti est bel et bien là. Je ne m’en sors pas…et je comprends que le tracé ne va pas s'arrêter à PK63. On va avoir droit à des prolongations. Engagez-vous qu’ils disaient. Super! A ce moment, j’ai envie de tout laisser tomber. Le temps, la place, plus rien n’a d’importance. Comme la sensation de ne pas être au niveau. De ne pas être en forme. Pire encore, de ne pas réussir à changer de dynamique. A inverser cette tendance et trouver ma mentalité de guerrier qui m’avait tant aidé sur d’autres événements.

L’avantage d'être seul avec toi-même, c'est que tu reflechis. Oui, ça arrive et ça m’arrive. Après analyse, je prends conscience que j’ai gardé en référence mes 40 derniers kilomètres de la Diag'. Ces 40 crans où j'étais complètement drogué par l'adrénaline et les gels énergisants. Les statistiques montreront que, au bout du compte, je nétais pas si mal avec mon mode bulldozer…

Toujours est-il qu’à cet instant, la jolie route bétonnée que j’ai détesté quelques kilomètres plus tôt commence à sérieusement me manquer. Parce que cette forêt, c’est la Barckley! Au bout du rouleau, tu essaies sans grande conviction de courir mais là, c’est le chantier. Tu patines dans la boue. Tu ne vois pas où tu mets les pieds. Tu glisses. Tu trébuches. Et tu entends quoi à moins de 50 m sur ta parallèle? Une voiture qui roule sur une belle route bétonnée. Lisse. Plate. Aaaaargh, ça m'énerve!

Au bout du bout, je retrouve enfin le chemin forestier qui mène vers le gîte de Bélouve, le dernier ravitaillement et la descente vers le stade de Hell-Bourg. Derniers 600 m de D- et quelques 4, 5, 6 kilomètres? Je n’en sais trop rien, j’ai déjà plus de 60 kilomètres au compteur… Pour l’avoir déjà fait 2 fois, je sais qu’elle se descend bien. Mais aujourd’hui, j’ai mal et ça glisse encore un peu. J’essaie de foncer car je veux en terminer au plus vite. 37 minutes pour descendre 5 kilomètres et presque 600 de dénivelé. Et une cheville seulement! Ça aurait pu être pire. Enfin, j’arrive sur le dernier kilomètre de bitume. Personne derrière moi. J’entre dans le stade et m’approche de l’arrivée. Je ralentis. Je marche les 10 derniers mètres. Je serre les points en passant sous l’arche et je hurle de toute mes forces. De la rage.

Finalement, le résultat est plus que bon étant donné les conditions et un tracé un peu plus long que prévu (3 km et surtout presque 450 m de dénivelé supplémentaires d'après ma montre). Ceci explique en partie l’écart avec mon estimation initiale. Parce oui, je termine en 9 heures 01 minute et accroche ainsi le Top 5 (sur 173 inscrits) derrière les têtes d’affiches J. Boyer, J. Sautron, F. Mithridate et M. Desserprit. Edouard terminera à la 6è position. Alors oui, il y aura eu de la douleur, des sensations compliquées à gérer, un manque d'énergie, de longs moments dans le dur, …mais je me dis que le résultat et la satisfaction de l'arrivée n’en seront que plus grands. D’autant plus que la bière d’après course pourra être savourée puisque je suis récompensé en terminant second de ma catégorie M0 - Master 0 (générations 1985-1989)!

Je conclu ainsi cette première saison de trail et vais pouvoir profiter des dernières semaines de l'année pour (vraiment) me reposer et faire le bilan avant de reprendre les choses sérieuses en 2024.

Merci et bravo à l’organisation UTOI - Ultra Trail de l’Océan Indien, ainsi qu’aux bénévoles présents tout au long du tracé. Bravo à l’ensemble des coureurs de cette première édition de la Boucle du Cœur de l'Est et un énorme respect à tous ceux qui ont pris le déluge!

Enfin, un grand merci aux habituels supporters pour vos messages qui me font vraiment beaucoup de bien!

samedi 28 octobre 2023

Diagonale des Fous - Octobre 2023

Résultats Diagonale des Fous 2023

Grand Raid 2023: J+7, le débrief' [FINISHER]

Voilà maintenant une semaine que le Grand Raid 2023 s'est terminé et j'ai encore bien du mal à le réaliser…"j'ai survécu" à la Diagonale des Fous et, on peut le dire, avec la manière! Mais que s'est-il passé dans ces sentiers? Un truc de "fou", tout simplement.


Retour vers le futur, nous sommes le jeudi 19 octobre 2023.

6:00 (à prononcer six-zéro-zéro, ça fait plus sérieux): après 9 mois de préparation, nous sommes enfin arrivés au jour J. Départ de la Diag' dans 15 heures! Je me réveille avec la même excitation qu'un jour de Noël. Ça va être magique! Bon…plus terre à terre côté sensations, j'ai d'abord une belle douleur dans le dos et mes premiers pas sont…rouillés. Le passage chez l'ostéo en urgence a fait du bien mais ce n'est pas encore ça. J'essaie d'être positif et de rester confiant sur le fait que ce soir, tout ira bien.

8:00 (non…huit-zéro-zéro): après un bon petit déjeuner en terrasse, c'est le moment du dernier briefing avec Coline concernant la gestion de ma course et de mes ravitaillements. Je suis prêt. Elle est stressée. On souffle un bon coup et je déroule mon plan de course. Rien n'a été laissé au hasard. Je termine de préparer mes ravitaux avant de boucler l'ensemble de mes sacs (côté logistique, c'est assez énorme). Coline se charge de préparer la voiture et de finaliser ses affaires. Car elle aussi se prépare à vivre 2 nuits complètement folles…

10:00: atelier cuisine. Coline prépare des muffins, des galettes de bananes et du gâteau patate. Ça sent super bon mais je ne peux toucher à rien (quelle frustration). Je commence donc ma ratatouille et mes émincés de poulet.

11:00: pour ma part, tout est calé. Je peux tranquillement déjeuner. Je suis détendue et je me sens plutôt bien. Il y a du mieux au niveau de mon dos. Coline est encore très active et s'occupe des derniers détails pour que je puisse complètement déconnecter. Grâce à elle, je suis serein. Mais je sens qu'elle absorbe tout le stress et l'angoisse de la course…

13:00 - 16:00: c'est l'heure de la sieste. Je me détends et profite de ce temps pour faire le vide, façon apnéiste. Ça ne fonctionne pas bien…mais j'arrive à me reposer. Note à moi-même: travailler la méditation à l'avenir.

16:00: à partir de là, on entre dans le vif du sujet. Maëlle nous a rejoint. Elle va aider Coline dans sa mission d'Assistance. Je vais prendre mon dernier dîner, une douche et me préparer. Je me conditionne doucement. J'enfile le maillot jaune et blanc des Fous de la Diagonale. Je me sens comme un super héros (j'ai même un collant pour affronter la nuit et le froid de Nez de Boeuf, je ne fais pas les choses à moitié)!

18:00: départ pour Saint-Pierre. Le stress commence à monter pour moi. J'ai la pâteuse et me pose quelques questions existentielles sur la capacité de mon corps à résister à un tel événement…c'est bien le moment de se rendre compte que traverser l'île en courant n'est peut être pas si raisonnable que ça après tout. De la pure folie? Coline me rassure et entame parfaitement son rôle d'Assistance!

18:15 (prononce ça comme tu veux, je commence à réellement m'en battre les c******* de tout ce qu'il se passe de superflus autour de moi): Google, c'est quoi la définition de folie? Folie - manque de jugement, absence de raison. C'est de la folie, de la pure folie. Synonyme: déraison…ou Diagonale des Fous. Eh m****!

19:00: dernière photo, derniers mots, dernier bisou et j'entre dans la zone réservée aux coureurs. L'ambiance est déjà exceptionnelle. 2 heures d'attente dans mon sas. Je partirai en vague 1, avec les brutes comme dirait Thibaut. Ne pas penser. Faire le vide. Entrer dans ma bulle. Se détendre. Sean Paul! J'adore ce son! C'est çaaaaa qu'c'est booooon! Nooooooon, se détendre! Oups…

20:45: pipi. Pipi? Oh non. Pas maintenant…le fameux "pipi de la peur". Comment gérer ça à 15 min du départ…bon, on verra plus tard (au risque de te décevoir, j'ai fait un arrêt express à PK8).

20:50: les élites se rendent sur la ligne de départ et l'ambiance monte encore d'un cran. Il faut dire que le plateau est magnifique (Dunand-Pallaz, Grangier, Tshumi, d'Haene, Santelli, Pommeret ou encore "Casquette verte" chez les garçons). Dans mon sas, la tension est palpable. L'atmosphère est humide. Lourde. Le ville de Saint-Pierre est prête à s'enflammer!

20:55: les bénévoles du Grand Raid ouvrent nos barrières et nous sommes dirigés vers la ligne de départ. Ça se bouscule. Il y a de l'adrénaline. Beaucoup de testostérone. L'excitation est à son comble.

20:59: l'hymne officielle est lancé. Le décompte…5, 4, 3, et c'est parti! Je ne te le fais pas dire, en athlétisme, c'est ce qu'on appelle un vrai faux départ…

21:00: les Fous sont lâchés et l'objectif principal pour moi est de ne pas tomber, de rapidement creuser un écart pour trouver mon rythme et de rester dans ma bulle. Ma concentration est à son plus haut niveau et je fais abstraction complète des 15 000 personnes qui hurlent, chantent et nous encouragent. Je sors des 2 premiers kilomètres avec une moyenne de 4min25. J'entre dans l'aventure. Mon aventure. Ma bulle. Mon rythme.


Partie 1: de Saint-Pierre à Cilaos - Prends ton temps. Trouve un rythme régulier. Reste dans ta bulle. Et respecte ce p***** de plan de course bordel de m****!

Jusqu'à Domaine Vidot (PK15), l'ambiance est incroyable. Les gens crient tellement fort que ça te fait mal aux oreilles. Tu dois fendre la foule par endroit. Tout le monde essaie de te taper dans la main et de te donner un maximum d'énergie positive pour l'aventure qui t'attend. Je n'ai pas les mots. C'est ça la folie du Grand Raid! C'est pour ça que je me suis entraîné si dur. C'est pour ça que je veux aller au bout! Je fais le maximum pour ne pas me laisser envahir par les émotions et rester concentré. Résultat, j'en profite assez peu mais j'aurais le temps d'y revenir plus tard. Physiquement, j'ai une gêne aux talons / tendons d'Achille depuis le départ. Mon dos m'a embêté la première heure mais je commence à ne plus le sentir. Mon corps entre dans l'événement! Ma tête y est depuis un moment.

Après l'euphorie, on plonge dans la nuit et le silence. Le peloton s'est étiré, je suis dans les 300 premiers et la cadence est un peu en dessous de ce que je peux donner. Néanmoins, je suis en avance sur mes estimatifs. Ça me convient. On croise encore de rares supporters qui nous encouragent. Pour certains, le nuit va être longue. Peu avant le R1, le sentier est monotone et je commence à somnoler. Il est entre 23 heures et minuit. Ça va durer 30 minutes et je vais lutter de toutes mes forces pour garder les yeux ouverts. Heureusement, le chemin forestier est roulant et la pente descendante est douce. On retrouve la route menant à Notre Dame de la Paix. Je dépasse Monsieur et Madame Pommeret (Ludovic Pommeret - second en 2009, 2014 et 2019 avant de remporter la Diag' en 2021) qui tentent pour la seconde année consécutive de finir la Diagonale à deux. Je trouve ça beau! Le R1 et le R2 se passent bien. Je suis content de retrouver Coline et Maëlle qui ont tout préparé pour des ravitaillements express. Je prends tout de même le temps, je discute un peu. Je prends leurs bonnes énergies et leurs sourires avant de repartir. D'autant que je suis en avance de 30 à 40 minutes sur mes horaires de passages pour le moment. Je profite du R2 pour changer de t-shirt et mettre des vêtements chauds (manche longue, imperméable, cache cou, cache oreilles et gants). Je traverse les Plaines et prends plaisir à observer les vaches qui ruminent au bord du sentier. Ça sent bon la campagne. Le jour commence à se lever et je suis sur le sentier qui mène au sommet du Piton des Neiges. A droite, le paysage est sous les nuages et un ciel rouge fait son apparition. Magique, comme à chaque fois. Petit à petit, j'aperçois devant moi le sommet de l'île. Majestueux! Bifurcation à gauche, je vais attaquer la descente du Bloc (-1 200 m). Je la redoute un peu car elle est technique. Mais nous avons de la chance, le sentier est sec et je peux faire une descente rapide. D'habitude, je ne suis pas trop à l'aise mais aujourd'hui, ça passe crème. Je m'amuse! Elle est tout de même longue et, après 1 heure de négatif, je commence à le sentir dans les genoux. Vivement Cilaos. Encore 15 minutes…


Partie 2: de Cilaos à Deux-Bras - Tu entres sur "ton" terrain de jeu. Mafate! La course débute ici. Soit ça passe, soit ça casse. C'est du 50/50.

J'arrive avec de l'avance à Cilaos et je me sens bien. Je suis lucide et en bonne forme. C'est le dernier ravitaillement avec les filles avant Deux-Bras. Je leur dis que j'ai envie de profiter d'elles, de l'ambiance et de mes bonnes sensations. Je leur explique que l'on va pouvoir laisser le chronomètre de côté ainsi que la position. Je suis alors 153è. Je vais prendre le temps de me changer intégralement, de bien laver mes pieds et de les protéger. Je mange un peu pendant que Coline me masse les jambes. Ça fait du bien. On rigole! Je repars après 1 bonne heure de pause, content de ce début de course. Sauf que là, je sais que ça va se compliquer. Premièrement, je vais traverser Mafate sans assistance. Deuxièmement, j'attaque directement avec un morceau à +1 300 m.

J'arrive au pied de la montée du Taïbit avant d'entrer dans Mafate. Il est 9h00 et le soleil "i pouak" comme on dit ici. Je m'hydrate davantage et prends du bouillon à chaque ravito. Ma montée est sérieuse et régulière. J'arrive au sommet du Taïbit. Je lève la tête pour profiter d'une vue à couper le souffle sur le cirque de Mafate. Mafate! "Mon" terrain de jeu. Je vais bien. Je me sens à ma place. C'est parti pour la traversée. De l'autre côté, c'est chez moi! Marla, la moitié du parcours (PK84). Il fait chaud. Très chaud. Je me dis que ça va être long. Je prends une petite pause avant de repartir. Plaine des Tamarins, j'y croise 2 bœufs au milieu du chemin. Gentil les copains. Je discute avec Pamela Léger (deuxième du Trail de Bourbon en 2021, elle le remporte en 2022) qui a du mal. Je continue. Plaine des Merles (PK92), je retrouve une partie du sentier de la Méga Salazienne où j'avais terminé sur le podium. Ça me fait du bien au moral avant d'attaquer le sentier Scout. Cette portion, je ne la connais pas et je l'aborde doucement. D'autant que même si je n'ai toujours aucune douleur aux jambes, la lassitude s'installe. J'arrive à Grand Place avec du retard sur ce que j'avais estimé. Et il commence à se creuser. 1h30 de mémoire. Lorsque j'arrive au point de ravitaillement, j'entends des "allez Marcelle". Le Reine Marcelle repart sous les encouragements des bénévoles. Avec 5 victoires sur le Diag' (1995, 2002, 2007, 2008 et 2010), elle fait son retour sur l'épreuve 6 ans après sa dernière course. Son record de victoires n'est pour l'heure pas égalé. Une véritable légende ici. Génial! Je rempli mes flasques, mange de la pastèque, des tomates, des oranges, des bananes et prends un gobelet de bouillon. C'est reparti.

Il y a de moins en moins de coureurs et je me retrouve souvent seul. Je rattrape Marcelle Puy avant d'attaquer la grosse montée vers Roche Plate (+1 115 m). Je prends conscience qu'il vient de se passer un truc. Mais je retourne rapidement dans ma bulle car un nouveau problème pointe le bout de son nez. Je commence un peu à être inquiet quant à la gestion de mes lampes frontales. J'avais laissé une lampe à Cilaos pour recharger les batteries avant de la récupérer à 19:00 à Deux-Bras. Sauf que ma seconde frontale est moins performante et je n'avais pas prévu plus de 4 heures d'utilisation. J'arrive à Roche Plate peu avant 19h00. Il me reste 13 kilomètres jusqu'au prochain ravitaillement. Le sentier est technique. La descente est longue, cassante et glissante avec la poussière qui s'est déposée sur les marches de Mafate. L'angoisse de la lumière revient, je repense à 2021. J'évalue cette portion à 3 km/h de moyenne. Il va me falloir 4 à 5 heures étant donné mon état de forme. Pas le temps de traîner ou de réfléchir, je vais devoir prendre quelques risques en imposant une nouvelle dynamique. Cette histoire de lumière va m'obstiner et je vais attaquer le sentier avec une détermination sans nom. Je me sens comme investie d'une mission. Celle de rallier le poste de ravitaillement de Deux-Bras le plus vite possible. Je rejoins Sylvaine Cussot, annoncée comme prétendante au podium féminin. Elle me dit qu'elle va bien malgré un petit coup de fatigue. Elle m'encourage et je continue de foncer. Quelques minutes se passent et je réalise enfin. Si je dépasse "Sissi Cussot", je dois être vraiment bien côté classement…et probablement pas si loin du Top 100. Je continue sur une cadence élevée, sourire aux lèvres!

Enfin, je vois les lumières du ravitaillement de Deux-Bras. Il y a du monde ici. Où est ma lumière rouge? Trouvé! Coline est bien présente! Essoufflé mais plein d'adrénaline, je lui demande où j'en suis. Elle me répond que j'ai presque 2h30 de retard sur mon estimatif mais que je suis 96è. 96è? Oui! Comment tu te sens? Déchaîné! Je vois son visage inquiet à ma réponse. Je lui dit qu'on va faire un ravito express et qu'on revoit notre stratégie de fin de course. Maintenant, on joue le Top 100! Je change de t-shirt, de chaussures, je m'occupe de mes pieds et je vide mon sac. Je prends avec moi 2 flasques, des purées et des gels. On oublie le point à Grande Chaloupe. Je mange un peu et je lève le camp, plus déterminé que jamais à garder cette position! Sous les encouragements de Coline, de la famille et des copains qui me suivent sur le live, je me sens intouchable. Ces derniers 40 crans promettent d'être sportifs!


Partie 3: de Deux-Bras à Saint-Denis - Comme le disait le Sergent Instructeur Hartman, "montrez-moi qu'vous'en avez une paire les Louloutes!" (Full Metal Jacket, 1987). Activation du mode guerrier.

Ici, je suis à la maison. Le Mur, je le connais par cœur. Encore faut-il ne pas me faire avoir par l'adrénaline. Je vais devoir garder un rythme régulier et calme, ça va se jouer plus tard. Je monte en 1h15, c'est sérieux. Je me dis que depuis l'entrée de Mafate, je réalise une course de patron. Je suis fluide, régulier, je n'ai mal nul part, et mentalement, c'est solide. Très solide! De plus en plus d'ailleurs. La Kalla, passage long, technique, usant. Je le mange avec plaisir. J'arrive à La Possession et je retrouve pour la dernière fois mon duo d'assistance. Position? 67è! Monstrueux! Je change les flasques, je prends purées et gels. Un bisou et rendez-vous à La Redoute. On va le faire, alleeeeeeez!

Les Anglais…il m'avait fait tellement mal l'an dernier. Je l'aborde comme un jeu. Ce sera lui contre moi. Une pierre après l'autre. Je déroule. J'arrive à La Grande Chaloupe sans m'être fait trop mal. J'ai commencé à compter. Et deux choses sortent: 1. J'ai gagné quelques places, je suis 62è. 2. Je peux récupérer mon retard et entrer sous les 33 heures si je me bouge un peu le c**. Il faudra être mort de faim pour le faire mais cette mentalité, je la connais bien. Je me suis conditionné pour! Encore un peu plus. Toujours plus. Il n'en fallait pas moins pour que je relance. Malgré 2 ampoules, je me sens vraiment bien. De mieux en mieux depuis cette descente de Roche Plate.

On m'a dit: "quand on veut, on peut. Et toi, tu le veux absolument". Plus rien ne m'arrête. Je suis en train de sortir un final incroyable et j'en suis pleinement conscient. Obstiné. Possédé. Transcendé. J'arrive au Colorado où je remplis une flasque avant de repartir immédiatement. Je double encore 2 concurrents. Je suis 54è en attaquant la descente vers le stade de la Délivrance. Et quelle descente. Un véritable enfer pour le coureur qui a déjà parcouru 160 kilomètres. Des racines, des pierres, des branches, …la motivation? Les lumières de la ville. Le son de la Fête. Coline qui m'attend. J'accélère pour éviter de jouer ma place dans cette portion. Je calcule encore. Je peux la faire en moins de 45 minutes. Il est 4h12. Il va falloir faire une énorme descente tout en évitant de se faire une cheville. Beau challenge. Le mano à mano avec le temps est lancé! J'y vais. A fond. Toujours. Je vois enfin le stade. Dernier pointage, on me dit qu'il me reste 10 minutes. Il est 4h48. Je sors du sentier, je passe le pont Vinh San. Dernière portion de route. Je vois Coline au loin avec qui nous avions décidé de finir ensemble. Je lui hurle qu'on peut le faire sous les 32 heures (mais qu'est-ce qu'il me raconte encore?)! J'arrive. Elle me dit de foncer. Ultime encouragement! J'entre dans le stade et je vois l'arche. Le speaker, Ludo' Collet, annonce mon arrivée…déjà.

Ouaiiiiiiiiis! On l'a fait! Les planètes se sont alignées pour moi. J'ai vécu la course de rêve. Les instants magiques que j'attendais. C'est beau. C'est fou. C'est le Grand Raid, tout simplement.


En résumé:

- Les chiffres: 2855 coureurs engagés pour 2047 Fous à franchir la ligne d'arrivée.

- Le temps d'une Diagonale: 31 heures, 55 minutes et 42 secondes (54è scratch et 21è de ma catégorie Senior Homme).

- La phrase du jour à Deux-Bras (PK128, presque 25 heures de course): "Maintenant, on oublie les massages, le rendez-vous podologue et autres trucs de princesses. Je change de chaussures, de t-shirt et je dégage tout ce qui est inutile du sac. On va le garder ce Top 100!".

- La dynamique de Packman: à partir du début du sentier Taïbit (PK80), plus aucun coureur ne va me dépasser et je vais remonter de la 232è place à la 54è.

- La stat': sur la portion Colorado - La Redoute, je suis plus rapide que l'ensemble du Top 10.

- La palme des meilleurs supporters: un groupe de 3 hommes ont posé leur tente au bord du sentier, peu après domaine Vidot (PK18 environ). Énorme barbecue. Énorme sono. "Eyes of the tiger" quand je passe à leur niveau. L'un d'eux est prêt du sentier, il tape dans la main de chacun des coureurs. Chaud patate le garçon, il me hurle dessus: "allez gars, vous y êtes presque!". Il en était convaincu…moi, un peu moins à ce moment.


Place aux remerciements. Et là…je n'ai juste pas les mots pour la remercier de tout le soutien qu'elle m'a apporté au cours de mon projet sportif. Elle s'est impliquée à 200% dans son rôle d'Assistance et je n'aurais pas réussi à faire tout cela sans elle. Parfaite dans la logistique, dans l'énergie transmise, dans sa gestion de mes émotions, Coline a été absolument incroyable! Merci mille fois (et cœur avec les doigts)! Une pensée pour Maëlle qui était présente pour la soutenir durant ces 3 jours de course.

Également un grand merci à la famille et aux copains! Je pense notamment à Thib's, Jean-Lou et sa famille, Lety, Paul, Amandine, les Tamba' Boys et Laurent. Une pensée à mes voisins Camille, Sylvette et Fabrice.

Un remerciement particulier à Jean-Philippe pour son aide, ses conseils et l'ensemble de ses encouragements depuis 2 ans maintenant.

Je n'oublie évidemment pas Mathilde (kinésithérapeute Sport Péi), David (ostéopathe) et Alex (ostéopathe). Merci à vous pour tout le travail que nous avons réalisé ensemble!

Enfin, un immense merci au Grand Raid de la Réunion. Merci à l'organisation, aux bénévoles, aux supporters et à toutes les personnes qui s'impliquent tant pour nous permettre de vivre cet événement magique!

Merci également pour vos messages d'encouragements et de félicitations. Vous m'avez beaucoup touché et je suis sincèrement fier de vous avoir partagé cette aventure incroyable.

Rendez-vous le 17 octobre prochain pour la 32è édition…parce que oui, cette histoire m'a mis en appétit!

mercredi 18 octobre 2023

Départ Grand Raid 2023: J-1

Préparation des affaires, Diagonale des Fous

9 mois de préparation pour un projet un peu fou. Ça y est, nous y sommes, pour mon plus grand bonheur (tu noteras que je ne fais aucune blague…ça devient réellement sérieux)! Physiquement et mentalement, je me sens relativement prêt (oui, il y a eu un petit passage en urgence chez l'ostéo en raison d'une vertèbre bloquée…pas l'idéal à moins de 30 heures du départ). Mais, je suis reposé, concentré et j'espère que toutes les planètes seront alignées jeudi pour que la Fête soit belle.

Mes estimatifs de passage sont les suivants:

PK0 - Départ de Saint-Pierre: 21h00 (J)

PK28 - Notre Dame de la Paix: 1h30 (J+1)

PK50 - Mare à Boue: 5h00 (J+1)

PK72 - Cilaos: 9h00 (J+1)

PK106 - Grand Place les Bas: 15h00 (J+1)

PK128 - Deux-Bras: 19h30 (J+1)

PK144 - La Possession: 23h00 (J+1)

PK166 - Arrivée à Saint-Denis: 5h00 (J+2)

Ce n'est pas un objectif en soit mais sur le papier, j'ai estimé mon aventure à 32 heures (à plus ou moins 10 heures)! Au-delà du temps, très anecdotique donc, j'espère surtout rallier le stade de La Redoute. Vivre quelque chose d'unique. Ne pas me blesser. Prendre du plaisir et m'amuser le plus souvent possible. Profiter au maximum de la formidable ambiance du Grand Raid et des moments incroyables que nous allons partager avec mon Assistance 5 étoiles (Coline est déjà au top)!

Tu l'auras compris, j'ai surtout à cœur de bien terminer les choses. Je suis conscient de l'événement qui m'attend mais aussi de la chance de pouvoir y participer. Déjà très fier de ma préparation, j'aborde ce premier 100 Miles de façon plutôt sereine (inconscience ou insouciance ?). Bon, d'accord, il y a une pointe de stress et d'appréhension, mais aussi beaucoup d'excitation et d'enthousiasme à l'idée de me lancer dans les sentiers de cette course mythique. Une combinaison qui me va plutôt bien pour ma "mise en bulle"!

Côté météo, la première nuit devrait être clémente. Le ciel sera dégagé et il fera moins froid que les années précédentes, notamment à partir de Nez de Boeuf. La journée de vendredi (et la traversée de Mafate) sera "lourde et écrasante" d'après Météo France. J'aurais peut-être droit à quelques ondées sur les reliefs en seconde partie de journée. Enfin, pour la nuit de vendredi à samedi et la fin du parcours, je devrais rester au sec. Dans tous les cas, il me faudra faire preuve d'adaptation. Les clefs du succès pour arriver au bout de cette longue balade en montagne seront la régularité de l'effort, la gestion de l'hydratation / de l'alimentation et la détermination à aller au bout.

Objectif: "survivre" et aller au bout du rêve

Départ: jeudi 19 octobre 2023 à 21h00 (19h00 - Paris)

Dossard: N°82

Suivi live: https://www.grandraid-reunion.com/.../suivi-courses-et.../

Suivi balise SFR: https://grandraid.sfr.re/#/

Médias: Réunion la 1ère et Canal + (Canal Grand Raid, chaîne 19)

"Maint'nant, ou on s'la pète, ou on s'dégonfle…" - Bienvenue à Zombieland, 2009

jeudi 12 octobre 2023

Départ Grand Raid 2023: J-7, on entre dans le "money-time"

 

Source: santé nutrition

Il y a quelque temps de ça, je te parlais de mon dernier mois de préparation et des étapes à ne pas manquer. Outre la phase de récupération / régénération, j'insistais sur l'importance du repos ou encore des exercices de relaxation et de préparation mentale. Aujourd'hui, je débute mon programme alimentaire pré-course. On entre doucement dans le "money-time" et l'heure est venue de finaliser ces longs mois de préparation. Ainsi, adopter la bonne stratégie nutritionnelle pour cette épreuve d'ultra-endurance fait partie des fondamentaux. Je vais donc suivre 3 phases avant le départ, jeudi 19 octobre:

Phase 1, J-7 et J-6 : épuiser mes réserves en glycogène en diminuant ma consommation de glucides (diminution des apports en féculents)

7:00 - petit déjeuner: Un bol de flocons d'avoine avec fruits secs, bananes et lait végétal. 2 galettes de riz avec purée d'amande. Tisane gingembre, curcuma avec une cuillère de miel

12:00 - déjeuner: 100 à 150 g de protéines (poisson, poulet, dinde, viande maigre) et légumes à volonté. Yaourt ou fruit. Tisane "après-repas"

16:00 - collation: 30 g d'amande et 1 à 2 carreaux de chocolat noir 86 %

19:00 - dîner: 100 g de protéines (jambon blanc, sardines, maquereaux, oeufs), 1 tranche de pain de seigle, crudités. Fromage de chèvre ou de brebis. Yaourt

Phase 2, J-5: il s'agit là d'une journée de transition avant de reconstituer mes réserves en glycogène

7:00 - petit déjeuner: Un bol de flocons d'avoine avec fruits secs, bananes et lait végétal. 2 galettes de riz avec purée d'amande. Tisane gingembre, curcuma avec une cuillère de miel

12:00 - déjeuner: Féculents (riz, quinoa, boulgour), légumineuses (lentilles, pois), protéines végétales (tofu, galette végétale). Yaourt ou fruit. Tisane "après-repas"

16:00 - collation: 30 g d'amande et 1 à 2 carreaux de chocolat noir 86 %

19:00 - dîner: 50 à 80 g de protéines (jambon blanc, sardines, maquereaux, oeufs), 1 tranche de pain de seigle, potage ou crudités. Fromage de chèvre ou de brebis. Yaourt ou compote

Cette journée est également l'occasion de faire une dernière séance de VMA (séance de fractionné). Elle n'excède pas 60 minutes et, une fois terminée, je vais avoir le droit de grignoter durant les 4 à 6 heures suivant la fin de l'exercice (pain d'épice, fruits secs, pâte de fruit). Une boisson de récupération fait maison est également prévue*.

* Boisson de récupération:

- ¼ de jus de raisin

- ¾ d'Hépar

- 1 citron pressé

- 1 pincée de sel

- 1 pincée de bicarbonate de soude

Phase 3, J-4 à J-1: recomposer mes réserves en glycogène tout en optimisant mon confort digestif

Ici, l'idée est d'augmenter les apports en féculents d’un tiers à chaque repas, sans excès, tout en maintenant un apport optimal en huile de qualité, protéines, végétaux et micronutriments.

A éviter: les produits céréaliers complets et/ou à base de gluten, les graisses cuites, le lait animal, les légumineuses, les épices, les légumes à fibres dures ou peu digestes.

Et le jour J, on mange quoi? Et quand?

Le dernier repas est pris environ 45 minutes avant le départ et il se compose idéalement d'un feuilleté au fromage en entrée, d'une choucroute royale accompagnée de ½ litre de vin blanc sec et/ou d'un litre de bière (parce que l'hydratation est super importante à ce moment) et d'une pâtisserie avec beaucoup de crème en dessert. Là, tu devrais être au top. Vraiment? Nooooon! Evidemment, tu ne fais pas ça…sauf si tu veux vomir avant la fin du premier kilomètre. Donc, le mieux est de garder une alimentation traditionnelle (ou classique étant donné que "traditionnelle" peut porter à confusion) en veillant à ton confort digestif. Et ce n'est pas non plus la peine de manger 2 kg de pâtes. Par contre, pour un départ à 21h00, il est intéressant de décaler le dîner à 17h00 et de manger une pâte d'amande ou une compote un peu avant le départ.

Note importante: depuis janvier, mon alimentation ainsi que mon hydratation sont déjà au centre de ma préparation. Je mange équilibré, varié et j'essaie au maximum de consommer des produits frais et de qualité. Cette stratégie n'est pas une recette magique mais elle fonctionne plutôt bien pour moi. Lors des 2 trails longs effectués cette année (plus de 7h00 d'effort), je n'ai eu aucun problème digestif, je me sentais moins fatigué et je n'étais pas écoeuré par le sucre. En mangeant régulièrement de petites quantités, en variant les textures ainsi que les apports en sucré et en salé, je n'ai pas non plus eu cette sensation de faim durant les épreuves. La boisson Isotonique joue également un rôle essentiel.

Sur ces explications (qui m'ont donné l'eau à la bouche…merci choucroute royale), je retourne à mes fourneaux! Bon appétit…

dimanche 8 octobre 2023

Départ du Grand Raid 2023: J-10, tipa tipa on y arrive

Illustration de l’assistance en trail - David Lussac

Ouiiiiiiiii. Elle a dit oui! A la question "veux-tu…faire mon assistance Grand Raid?" (Bah oui, à quelle autre question pensais-tu…), Coline a répondu un grand "OUI"!

Départ du Grand Raid 2023: J-10, tipa tipa on y arrive

Alors, pour cet avant-dernier point d'étape, je voulais mettre mon assistance 5 étoiles en avant et, de façon plus générale, l'ensemble des personnes qui vont participer à la Fête d'une façon complètement différente des coureurs. Ces hommes et ces femmes de l'ombre qui peuvent faire basculer votre course. Ces gens, [à mon avis bien plus fous que les coureurs eux-mêmes car il ne reçoivent ni médaille, ni t-shirt à la fin…ni courbature non plus, maintenant que j'y pense], ces passionnés, ces amoureux, ces Fous, qui s'engagent auprès de leurs ami(e)s, de leur compagn(e)on, de leur famille, pour partager l'événement en tant qu' "Assistance". Et oui, ça mérite bien un grand "A".

A l'image du gardien de but qui passe une soirée tranquille sans aucune intervention jusqu'à la 88ème minute. Cette fameuse 88ème minute où l'attaquant adverse traverse pour la première fois de la rencontre le milieu de terrain et se présente face à lui. Sur 90 minutes de jeu, il aura 30 secondes à négocier. 30 secondes pour se retrouver être le héros de la soirée ou sous le feu des critiques le lendemain dans la presse. Et bien, l'Assistance Grand Raid, c'est un peu ça, sans tout le drama (enfin…c'est ce que l'on espère). Dans mon cas, je dois pouvoir compter sur Elle les yeux fermés (et ils le seront sans doute un peu après 24 heures de course). Coline va donc devoir braver la nuit, le froid, la pluie, la chaleur, les heures d'attente interminables et être à 200% lors de mon arrivée sur zone. A 200% et avec le sourire s'il vous plaît! Parce que là, pas vraiment le temps de tergiverser. Les gestes doivent être automatiques, fluides et efficaces. Des heures d'attente pour 2 à 5 minutes sur les ravitaux secondaires, 15 à 20 minutes sur ceux de Cilaos et Deux-Bras pour me permettre de me changer et de me ressourcer. Au menu, ce sera ratatouille avec du riz et émincé de poulet et en dessert, gâteau patate ou gâteau banane selon l'humeur du Cheffe. Nous en profiterons également pour faire un point santé et quelques massages si besoin.

Comme tu commences à connaître ma rigueur organisationnelle (Papa, Maman et Lulu peuvent en témoigner), avec Coline, tout est calé au millimètre près. On a vu, revu et encore revu l'ensemble. Alors, on n'a pas la prétention de faire des ravitaux comme Matthieu Blanchard et sa compagne Alix (leurs ravitaillements sont plus de l'ordre de l'arrêt au stand en F1 alors que nous, on court encore en karting). Cependant, l'organisation est faite de telle sorte à ce que rien ne soit laissé au hasard. Temps de passage, changement de vêtements, gestion des lampes frontales, recharge des flasques (à gauche l'eau et à droite l'Isotonic. Toujours), la gestion des déchets et l'approvisionnement des bars, gels et autres purées, …tout y passe. On doit être rapide et efficace pour éviter de perdre du temps, que je sorte de ma bulle et que la panique s'installe.

Pour te donner un ordre d'idée, j'aimerais partir le plus léger possible et optimiser au maximum mes ravitaux. Je vais donc débuter avec le matériel obligatoire: imperméable ; vêtement technique ; couverture de survie ; sifflet ; bande adhésive ; gobelet ; 1,5 L d'eau / Isotonique ; téléphone portable ; ressource alimentaire* ; à quoi j'ajouterai une seconde frontale ; une paire de gants; un cache cou / oreilles et une paire de chaussettes.

* A raison d'une consommation moyenne de 50 cl d'eau par heure et d'environ 500 calories par heure, la gestion de l'hydratation et de l'alimentation font partie des points clefs de cette aventure. Ayant la chance d'avoir une assistance personnelle, je vais pouvoir partir avec des ressources pour seulement 4 heures au maximum (hors Mafate). Ce qui va considérablement m'alléger sur le premier et le dernier tiers de course! D'autant que je profiterai également des points de ravitaillements de qualité proposés par l'organisation du Grand Raid.

J'estime donc que sur cette période, il me faut plus ou moins:

- 1,5 L d'eau

- 0,5 L d'isotonique

- 1 bar protéinée

- 4 bars sucrées / salées

- 4 purées sucrées / salées

- 1 gel longue durée

- 1 gel caféine

Un "repas" un peu plus conséquent est également prévu après 12 et 24 heures de course. Et je ne dirai pas non à la soupe chaude, aux fruits, aux carreaux de chocolat, aux biscuits salés ou encore à la patate douce des ravitaux officiels!

En plus de la logistique, Coline sera un soutien de taille. Son rôle sera aussi celui de trouver les mots pour calmer mon euphorie mais également de trouver ceux quand rien ne va. Il sera essentiel de toujours rester positif. Et de ce côté, je ne m'en fait pas, elle va assurer!

Tu l'as compris, cette responsabilité ne sera pas de tout repos…et je ne vais pas la ménager. L'aventure Grand Raid, on va la vivre à deux et intensément. Elle a dit oui, c'est bien pour le meilleur et pour le pire! Non? Elle va en effet pouvoir m'accompagner entre le point de départ à Saint-Pierre et jusqu'à Cilaos sans trop de problème. Enfin, elle va avoir droit à une belle nuit blanche avec un R1 estimé à 1h25 et un R2 à 4h50 avant d'arriver à Cilaos vers 9h00. Ensuite, ce sera le néant pendant plus de 10h00 et la traversée de Mafate. Ici, impossible d'y accéder autrement que par les sentiers (bon joueur, je vais quand même lui éviter cette portion du parcours pour la laisser reprendre des forces et se reposer). Par contre, on se retrouve en soirée à Deux-Bras, à La Possession avant minuit et j'espère sur la ligne d'arrivée au petit matin du samedi. En gros, tu l'auras compris, elle va avoir l'immense privilège / fardeau (à chacun son point de vue) de faire son Grand Raid. Parce qu'elle aussi va traverser l'île de long, en large, en travers. Je la remercie déjà d'avance!

Beaucoup de courage à tous ces hommes et ces femmes qui vont avoir cette responsabilité haut combien importante pour nous. Cela accentue encore le fait que cette course est une aventure sportive, humaine et que l'on y trouve des moments uniques de partage, de joie et de solidarité (même si avant tout cela, il y aura évidemment un gros match à jouer avec soi-même).

Également un énorme "Big up" à tous les bénévoles qui seront présents et engagés sur les parcours et les postes de ravitaillement. Parce que sans vous, le Grand Raid n'existerait pas!

"It's gonna be legend…wait fort it…dary. Legendary!" - Barney Stinson, How I met your mother

lundi 18 septembre 2023

Point d'étape à 30 jours du départ de la Diagonale des Fous

 

Le départ du Grand Raid 2019 à la Ravine Blanche à Saint-Pierre ©Imaz press, Outre-mer la 1ère, Francetvinfo

Dans tout pile un mois, je serai à Saint-Pierre au milieu de près de 2900 Fous pour l'événement de l'année à la Réunion: le départ de la Diag'. Mais avant ça, il s'agit de bien gérer la dernière ligne droite de mon projet sportif car elle est importante. Ce n'est en effet pas le moment de paniquer et de faire n'importe quoi. Je termine donc ma phase de volume et d'endurance plutôt sereinement avec encore 1 ou 2 sorties longues dans Mafate dont une nocturne. A partir du 27 septembre, j'entrerai dans la phase de maintien de forme et de récupération / régénération. Parce que oui, la préparation a été longue et ce n'est pas le moment de se blesser en voulant en faire trop. Au contraire, il est venu le temps d'être aux petits soins afin de préparer mon corps et mon esprit à cette grande aventure. L'idée étant d'arriver dans les meilleures conditions possibles sur la ligne de départ. J'ai donc prévu :

- 1 passage chez David, mon ostéopathe, 3 semaines avant le départ,

- 2 séances par semaine avec Mathilde, ma kiné, pour de la récupération (massages et presso thérapie) et encore un peu de renforcement,

- de continuer mes sorties VTT ainsi que la course à pied sur terrain plat,

- de compenser mes sorties trail par de la randonnée dynamique,

- et, évidemment, de continuer mes séances d'étirement et de "méditation" pour entrer doucement dans ma bulle.

Côté santé, je débute une cure de probiotiques de 30 jours afin de renforcer ma flore intestinale. Cela devrait m'éviter quelques troubles digestifs, jamais très sympas quand tu te retrouves au milieu du peloton…#situvoiscequejeveuxdire.

Je suis à nouveau plus stricte au niveau de mon alimentation et de mes temps de repos / sieste. Concrètement, après avoir profité de l'après Saint-Jeoire pour une bonne bière, un restaurant et surtout un rougail saucisses devant le spectacle des baleines, je vais revenir à quelque chose de plus adapté. Terminés les restaurants, l'alcool, la caféine / théine, la crème fraîche, la viande rouge, et réduction de ma consommation d'aliments acides, gras mais aussi de gluten, de lactose ou encore d'huile dans mes plats. Comme la publicité le dit, évitez de manger trop gras, trop salé et trop sucré. Ce sera légumes à volonté, féculents et protéines animales (poisson, viande maigre, poulet, …) ou végétales (tofu, galettes de légumes, …). Concernant le sommeil, le coucher se fait à 21h30 pour un levé à 6h00 et 2 siestes sont toujours au programme (30 min en fin de matinée et 60 à 90 min en milieu d'après-midi).

A partir de J-10, je débuterai une cure énergie le matin à base de gingembre, gelée royale, guarana et ginseng. Et, à partir de J-7, mon alimentation sera revue pour d'abord épuiser mes réserves en glycogène avant de les reconstruire en quantité suffisante et qualité optimale (ce régime a déjà été testé et il porte ses fruits).

Je continue également de préparer mes pieds pour éviter les ampoules. J'utilise un tanan afin de renforcer, tanner et durcir la peau des pieds (à appliquer une fois par jour). Une semaine avant le départ, j'ajouterai une hydratation de la plante des pieds afin de la rendre plus souple et d'éviter les ampoules / échauffements durant l'effort (à appliquer 1 fois par jour en plus du tanan). Encore merci à Thib's pour ces précieux conseils!

Côté tendons, l'accent est toujours mis sur le renforcement, les massages aux huiles essentielles matin et soir et nous avons ajouté l'utilisation d'ondes de chocs avec Mathilde pour stimuler et accélérer la guérison des parties sensibles. Pour l'heure, je ne suis plus vraiment gêné (espérons que cela dure).

Enfin, avec mon assistance 5 étoiles Coline, nous allons commencer à préparer et à planifier ma course. Temps de passages, gestion de l'équipement, de l'alimentation, des ravitaillements, …on va encore un peu bûcher pour aller le plus loin possible et partager ensemble une belle aventure.

Pour terminer ce point, j'aimerais te partager une citation qui en dira long sur ce que je vis depuis le mois de janvier et le début de ce projet:

"Gagner, ce n’est pas terminer premier. Ce n’est pas battre les autres. Gagner, c’est se vaincre soi-même, dompter son corps, apprivoiser ses limites et ses peurs. Gagner, c’est se dépasser et transformer ses rêves en réalité", Courir ou mourir, Kilian JORNET

Rendez-vous à Saint-Pierre sur la ligne de départ !

vendredi 1 septembre 2023

Trail de Saint-Jeoire - Août 2023

Préparation des affaires post course / Résultat de course, Trail de Saint-Jeoire - Suunto

Trail de Saint-Jeoire : J+4 [FINISHER]

11 heures, 21 minutes et 31 secondes. C'est le temps qu'il m'aura fallu pour arriver au bout de cette première édition du Trail de Saint-Jeoire (format L de 77 km pour 5 500 m de dénivelé). Je rentre ainsi dans mon objectif de 12 heures et décroche la 11è place au général, le tout, sans bâton. 92 coureurs étaient au départ. Seuls 62 ont franchi la ligne d'arrivée. Une trace exigeante. Des conditions météorologiques chaotiques. Beaucoup de dénivelé et des pourcentages de pentes élevés. Un sentier qui s'est dégradé et est devenu extrêmement glissant. Des élevages à traverser et des Patous à éviter. Voilà qui explique, en partie, le taux important d'abandon.

Pour ma part, rien n'a fonctionné comme je l'avais prévu. Ou, disons plutôt que je me suis rendu la tâche plus que difficile, notamment dû à un manque cruel d'humilité face à l'événement. En effet, trop confiant, j'ai effectué un départ rapide et je n'ai absolument pas respecté mon plan de course. Quand tu ne connais pas le terrain et que tu as plus de 3 000 de D+ en moins de 30 km, tu as plutôt intérêt à gérer ce premier tiers. Au lieu de quoi, j'ai voulu partir fort pour rester avec le groupe de tête…c'était une grossière erreur que j'ai payé pendant un long moment. Je n'arrivais ni à entrer dans ma course, ni à trouver mon rythme, ni à être relâché dans mes efforts. Le parcours n'aura aidé en rien et les fortes pentes qui composaient les 2 pétards de la journée (le Môle puis les montagnes du Sommand et la Pointe Perret) ont fait mal. Très mal! Je pense avoir connu les pires 28 kilomètres depuis que j'ai débuté le trail, il y a 2 ans. Absence d'énergie en montée. Souffrance en descente. Un sentier cassant, physiquement et mentalement. De gros passages à vide. Une remise en question générale. En bref, du négatif, une motivation en berne et des jambes aux abonnés absents. La préparation était pourtant bonne mais je me suis trompé dans l'approche mentale. Et quand rien ne va, rien ne va. Peu après 10 heure, il a commencé à pleuvoir…et cela, 5 heures durant. Finalement, être autant dans le dur est sans doute la meilleure chose qui pouvait m'arriver. Quand tu touches le fond, il paraît que tu remontes. C'est physique.

Dans mon cas, j'ai donc été contraint à être patient, à trouver des ressources et à montrer du caractère. C'est ainsi qu'il m'aura fallu près de 4 heures (et/ou un bon coup de jus après avoir touché une clôture électrifiée?) pour enfin trouver des jambes et renverser cette dynamique. J'ai donc repris l'idée de départ: être régulier, aborder les montées un cran en dessous, rester fluide dans les descentes, oublier le temps et l'ambition démesurée d'un podium (d'autant que les coureurs de tête étaient vraiment trop forts, avec 4 finishers sous les 10h00. Moi qui pensais que ça se jouerait dans les 10h15 / 10h30…énorme bravo à eux!). Résultat, j'ai réussi à me libérer. Mieux encore, j'ai commencé à prendre du plaisir et à vraiment m'amuser. Paradoxalement, c'est quand les conditions se sont dégradées que j'ai enfin sorti la tête de l'eau…les bénévoles, la Team assistance et les encouragements des copains ainsi que le terrain de jeu m'auront donné un bon sursaut de motivation!

Après 35 kilomètres satisfaisants, la fin de parcours aura tout de même été longue. Les jambes n'étaient plus vraiment au rendez-vous, notamment à cause de mon mauvais premier tiers de course. Cependant, j'ai eu la chance de courir les 10 derniers kilomètres avec un ciel dégagé et des vues incroyables sur les montagnes alentours. C'était magnifique! L'arrivée dans Saint-Jeoire et le dernier kilomètre ont été une véritable libération. J'étais content d'en finir et de retrouver la famille, avec le sourire!

Au final, le retour d'expérience est grand et va me permettre d'apprendre de mes erreurs à tout juste 50 jours du départ du Grand Raid.

Les points de satisfaction:

- Mon prévisionnel sur l'ensemble du parcours: j'étais dans les temps sur tous mes ravitaillements et je termine seulement 6 minutes après ce que j'avais planifié.

- Les Salomon Pulsar Trail: chaussures légères, confortables et dynamiques. Je n'ai eu aucune gêne sur l'ensemble de l'événement.

- La stratégie alimentaire: petite difficulté à m'alimenter lors des 2 premières heures de courses. Par la suite, les purées et gels ont très bien été acceptés par mon organisme. La soupe à PK48 et PK60 m'a fait le plus grand bien. La gaufre aura été l'instant réconfortant de la journée.

- L'assistance: un confort incroyable et une source de motivation non négligeable.

- La préparation des pieds: aucune ampoule malgré 5 heures de pluie.

- La préparation physique avec Mathilde (Kinésithérapeute Sport Péi) et David (Ostéopathe): uniquement une légère gêne au tendon d'Achille gauche au départ. Pas de gros bobos à froid.

Un grand bravo à l'association Saint-Jeoire Trail Festival et à l'ensemble des bénévoles présents pour nous avoir fait vivre un super moment!

Merci à vous tous pour vos messages d'encouragement! Un merci tout particulier à la Team Assistance (Papa, Maman et Lulu), à Thib's, à Jean-Lou et sa Famille ainsi qu'à ma Chérie Coline! Vous avez été au top du top, comme bien souvent!

Désormais, place à la récupération avant d'entamer la dernière ligne droite de mon projet sportif. Je vous donne donc d'ores-et-déjà rendez-vous le 19 octobre prochain pour l'événement de l'année

jeudi 20 juillet 2023

Trail de la Rivière des Galets - Juillet 2023

Résultat de course, Trail de la Rivière des Galets - Suunto / Vue sur la Rivière des Galets

Trail de la Rivière des Galets 2023 : J+1 [FINISHER…avec un podium'' - parce que jamais deux sans trois]

Que dire de cette édition 2023 ? L'ambiance lé là. Une lampe frontale. Un départ canon. A fond. Une ascension. Des vues époustouflantes. Un 10K rapide. Une descente glissante. A fond. L'humidité élevée. Une rivière piégeuse. Un mur toujours plus vertical. A fond. Le dépassement de soi. La libération. Une arrivée pleine d'émotions. La sensation. Oui, tout ça mérite bien d'être débriefé !

L'an passé, je bouclais ce parcours en 4h41. Étant donné ma préparation actuelle, je visais donc 4h05 en sachant que je pouvais faire mieux si j'étais dans un bon jour. Résultat ? J'ai réuni les conditions nécessaires pour être dans un Grand jour. Je termine les 40 km pour 1 800 m de dénivelé en…3 heures 51 minutes et 36 secondes ! En prime, j'accroche un podium en terminant 5è au général sur 840 inscrits et 3è de ma catégorie. Une performance à laquelle je ne m'attendais clairement pas mais que je suis allé chercher en me dépassant et en sortant de ma zone de confort. La clef de cette réussite ? Toujours rester à fond, à fond, à fond (merci Lulu).

Le fil de la course : WE de Fête Nationale, stade Nelson Mandela, départ samedi à 6:00.

Le profil de la course est roulant sur les 3 premiers kilomètres. Je pars donc en imprimant un rythme élevé et mène le peloton sur le premier kilomètre. L'idée étant d'être dans le groupe de tête avant d'aborder la première montée et d'atteindre la Canalisation des Orangers. A PK3, je suis aux alentours de la douzième place et entre dans ma bulle. La course est lancée. Régulier, je passe ces 650 premiers mètres de D+ dans de bonnes conditions et je suis content de retrouver le sentier de la Canalisation pour pouvoir lâcher les chevaux. Mais d'abord, la Canalisation, c'est quoi ? 10 km roulants perchés à mi-distance entre le sommet et le pied du rempart donnant sur Mafate. Le sentier est incroyable et offre des vues à couper le souffle sur le cirque. A chaque fois, je suis un peu plus sous le charme et cette carte postale me transcende. Le jour est maintenant levé. Je range ma frontale et démarre les choses sérieuses.

Après 45 minutes d'un petit footing à flanc de falaise, vient la descente vers les Lataniers. Il a plu ces dernières heures et les "escaliers de Mafate" sont encore plus glissants que d'habitude. Il faut donc être prudent. Je me sens bien, les jambes sont légères et je n'ai aucune gêne, ni au genou, ni aux tendons. En plus, j'ai 5 minutes d'avance sur mon objectif. Dans le top 10 à ce moment, j'ai le plein de confiance. Je décide donc de faire l'opposé des consignes de départ en prenant quelques risques pour rejoindre le plus rapidement possible le bas de la Rivière des Galets. Et ça passe. Ça passe crème même! Je retrouve un concurrent qui a eu moins de facilité que moi dans ces passages techniques. Je le double et relance pour effectuer les 5 km qui me mèneront à Deux-Bras en solo. Et heureusement que j'étais seul parce que j'ai pris 2 gamelles dans l'eau qui auraient mérité de passer dans le Bêtisier…comme le niveau de l'eau a bien monté et qu'elle est assez brune, on est obligé de se mouiller les pieds. Sauf que c'est glissant. Sauf qu'il y a du courant. Tu imagines la suite ? Bah oui, tu te retrouves vite à l'eau pour un bain…vivifiant. Après plusieurs traversées plus ou moins laborieuses, je rejoins Deux-Bras et la difficulté de la journée : le Mur de Dos d'Âne.

Vue sur l'entrée dans Mafate par la Canalisation des Orangers

L'organisation m'annonce être 7è à 3 minutes de mon plus proche concurrent. Je ne m'enflamme pas, je connais trop bien cette ascension et je sais que les 850 m de positif ne vont pas se faire si facilement. D'autant que je sens qu'après être passé dans l'eau froide, les mollets sont comme tétanisés et je crains un début de crampe. Et je ne te parle pas de l'ampoule qui s'est formée et qui a littéralement explosé sur un cailloux de la rivière 15 minutes plus tôt… Je commence donc en sous-régime et décide d'attendre de voir comment mon corps réagit après 15 min. L'idée étant de ne pas me faire rejoindre et de garder ce top 10 avant d'attaquer la dernière descente vers l'arrivée. Au fil des minutes, je me sens de mieux en mieux. Je commence à relancer et je rentre dans un rythme de montée plus élevé. Je rattrape le 6è qui n'arrive pas à m'accrocher. Je le distance et arrive au sommet en même temps que le 5è. Il m'aura fallu une cinquantaine de minutes pour grimper le Mur. Je suis en feu !

Il me reste désormais 8 crans que je connais par cœur. Je regarde le chrono, je suis en avance de 9 minutes à PK30 sur mon objectif. En faisant une grosse descente, je serai sous les 4 heures et pourrai entrevoir un podium. Que demander de plus pour manger le sentier de Bord ? Je carbure et me rends compte que je prends un maximum de plaisir ! C'est génial. A 1 km de l'arrivée, je me retourne. Il n'y a personne derrière moi. Je peux relâcher mon effort et en profiter !

Ils étaient annoncés comme favoris chez les hommes, bravo au trio de tête et au vainqueur qui réalise un temps impressionnant, pour ne pas dire monstrueux: 3h27min23s. Félicitations à l'ensemble des coureurs et bravo à l'association A2RDG. Une nouvelle fois, un immense merci aux équipes de bénévoles qui nous orientent, nous ravitaillent et nous encouragent. Ils sont plein d'énergie positive et nous, on en profite en prenant un maximum de plaisir. Merci pour le ravitaillement improvisé dans la descente du sentier de Bord. Et merci aux photographes qui sont là chaque WE pour nous donner de superbes images. C'est exceptionnel et ça représente parfaitement la passion du trail-running à La Réunion !

Une dédicace spéciale aux Copains d'Afrique Marine, Jean-Lou et leurs enfants pour m'avoir soutenu. Les retrouvailles à l'arrivée ont été la plus belle des récompenses de la journée! Et merci aux habitués qui me suivent et m'encouragent. Sans vous, les résultats ne seraient probablement pas aussi positifs !

Prochain rendez-vous, fin août, en Allemagne. Bist du bereit ?

vendredi 30 juin 2023

Point d'étape sur mon projet sportif : survivre à la Diagonale des Fous

 

Illustration Sylvia Duckworth, "L'illusion de l'iceberg" (traduction Jean-Marc Dupont)

Celà fait maintenant 6 mois que je me suis lancé dans le projet Grand Raid 2023. Où est-ce que j'en suis au ⅔ de ma préparation? Comment se construisent mes journées, semaines et mois depuis que j'ai décidé de me consacrer à 100% dans ce projet? A quoi ressemble cette discipline de vie que je m'impose?

A travers ce post, j'ai envie de te donner un petit aperçu de ma préparation et aussi de mon état de forme avant d'entamer le dernier tiers. Parce que non, je ne suis pas en vacances à manger des caris au bord de la plage et boire du rhum arrangé à longueur de journée. Bien au contraire!

Initialement, ma préparation se divisait en 3 grands chapitres: la reprise et préparation physique (janvier, février) ; la technique, le renforcement musculaire et le dénivelé (mars, avril, mai) ; le volume et l'endurance (juin, juillet, août). Les 6 à 4 semaines avant le départ seront quant à elles consacrées à du maintien de forme et de la récupération / régénération du corps et de l'esprit pour arriver sur la ligne de départ dans les meilleures conditions possibles.

Ainsi, mes semaines sont constituées de la façon suivante :
- 2 sorties VTT de 50 à 70 km avec 800 à 1 500 m de dénivelé depuis mi-mars
- 1 à 2 sorties course à pied de 8 à 12 km sur plat
- 1 sortie trail de 20 à 55 km avec 1 000 à 3 500 m de dénivelé
- 1 à 2 séances de PPG (renforcement musculaire) de 45 à 90 min
- 1 heure d'étirement / d'assouplissement par jour
- 1 à 2 séances de glaçage et de massage par jour sur les points sensibles

Côté objectifs, je suis plutôt satisfait de ce que j'ai obtenu jusqu'à présent. Outres mes 3 premiers résultats encourageants sur trail court (dont 2 victoires dans ma catégorie Senior Homme sur la Méga Salazienne et sur le Trail de Grand Bassin Mollaret), j'ai réussi à augmenter progressivement ma charge de travail et à adapter mon corps à cette demande. J'ai construit une routine autour de mon activité sportive, mais aussi de mon bien-être physique et mental, le tout accompagné d'une nutrition adaptée à mes dépenses énergétiques.

Sur mes 6 derniers mois, j'ai ainsi parcouru près de 2 500 km dont 1 500 en VTT, pour plus de 66 000 m de dénivelé positif. Aujourd'hui, j'arrive à un volume de travail intéressant. En plus de la course à pied, des sorties trail et VTT, j'ai ajouté de la marche. Celà me permet notamment de soit récupérer ou au contraire d'avoir une dynamique soutenue et de travailler la gestion de l'effort sur plusieurs heures en montagne. Le mois de juin représente donc :
- 650 km parcourus dont 435 en VTT
18 500 m de dénivelé positif
- 55 heures dehors (hors séances de PPG et étirements qui représentent plus ou moins 35 heures)

En parallèle, je me suis instauré un suivi médical sur certaines périodes clefs avec des passages chez le podologue, l'ostéo' ou encore chez les kinés. De plus, mon alimentation a été quelque peu revue et particulièrement durant les 10 jours précédents un effort de plus de 4 heures. L'objectif étant de constituer des réserves en quantités et qualités optimales pour le jour J.

En conclusion, je me sens en bonne forme et dans une dynamique positive. Physiquement, hormis une petite alerte au niveau de mes tendons d'Achille en début de semaine et une légère gêne au genou gauche, je me sens bien. Mentalement, il y a eu une baisse de motivation fin mai / début juin mais je reviens progressivement avec de nouveaux objectifs à atteindre en juillet et août. Et, pour dire la vérité, j'ai faim. Vraiment faim! Au final, je prends toujours beaucoup de plaisir dans les sentiers Mafatais et ne me lasse pas de mon entraînement croisé avec mes sorties VTT entre mer et montagne. Le terrain de jeu réunionnais est vraiment exceptionnel et j'en prends plein les yeux à chaque fois!

Enfin, je porterai le dossard N°82 et espère bien t'emmener le plus loin possible! Le rêve continue…le travail aussi!

"En avant, à fond, toujours"

mardi 20 juin 2023

Trail de Grand Bassin Mollaret - Juin 2023

Résultat de course, Trail de Grand Bassin - Suunto / Vue sur la chute de Grand Bassin - Image prise d’Internet

Trail de Grand Bassin Mollaret 2023 : J+1 [FINISHER...avec un podium' - parce que c'est vraiment électrisant]

Au programme de ce samedi 17 juin 2023, un parcours historique au Pays du Trail. 22 km pour 1 100 m de dénivelé positif. Le tracé se décompose en 3 sections avec un départ depuis Bois Court sur 3 km roulants, puis une grosse descente de 650 m de D- vers Grand Bassin avant d'attaquer le pétard de la journée, la montée de Mollaret. 1 100 m de D+ sur 5 km avec des morceaux compris entre 40 et 45%! Enfin, la dernière section sera plus roulante avec 8 km de chemin bétonné. Ça va être rapide. Très rapide!

Alors, comme j'en ai pris l'habitude maintenant, je ne me cache plus. Au départ, je suis en première ligne et compte bien partir fort. 7:00, les hostilités sont lancées par l'organisation. Le premier kilomètre se fait en 3'13'', les 2 suivants en 3'45". Autant dire, vite. Nous sommes un groupe d'une quinzaine de coureurs à se détacher avant d'attaquer la descente vers Grand Bassin. 650 m de D- sur 3 km. Presque 10 km/h de moyenne dans un single très technique avec des marches irrégulières, du petit cailloux glissant, des trous, …autant te dire qu'il vaut mieux être concentré. La cheville tourne à 400 m du point bas. Petite frayeur mais ça passe! En avant, à fond, toujours. Le premier kilomètre de montée est régulier avec une pente légère. Par contre, je sens que la transition est difficile. La descente a fait mal. L'organisme n'a pas vraiment eu le temps d'entrer dans l'évènement et je subis un peu…

La montée de Mollaret est réputée. Longue. Dure. En d'autres circonstances, ce serait intéressant. Pas ici! Je suis seul et prends un rythme régulier mais bien en dessous de ce que je prévoyais. Il faut que je respire et que je rentre dans ma course. Au PK11, je suis dans mes objectifs à la minute près et le plus gros est passé. La fin de la montée se fait sur un sentier que j'estimais roulant. Et bien, c'est sans doute ma seule erreur de la journée. Trace boueuse, glissante avec une faible visibilité et de la végétation dense par endroit, me fait perdre 9 min sur 3 kilomètres…remarque, ça ne s'appelle pas "Mare à boue" par hasard. Et sans ça, ce serait quand même moins drôle. Je suis prudent est arrive enfin dans un sentier plus roulant. PK14 est en vue avec son ravitaillement et…un concurrent!

Vue sur le village de Grand Bassin - Image prise d’Internet

Le paysage est magnifique! Verts pâturages avec des chevaux dans un parc, des vaches dans l'autre. C'est vallonné, ça sent la campagne, je suis à la maison. Transporté! Je prends un peu d'eau au ravitaillement avant de me lancer dans les 8 derniers crans. L'estimation était de les effectuer en 35 min, soit à 4'22" du kilomètre. Mais c'était sans compter sur…ma faim! Après 1 heure sans voir personne, le concurrent devant moi devient un objectif. Une cible. Dans ma tête, le couloir se rétrécit considérablement et je ne vois que lui. Lui et son t-shirt rouge. Il n'en fallait pas moins pour que je me mette en chasse. C'est assez fou ce qu'il peut se passer dans ta tête, mais à cet instant, je deviens un prédateur. Le prédateur. Je reviens à sa hauteur, le double et relance. Encore 4 kilomètres et j'aperçois au loin un nouveau concurrent. Les ampoules déclarées au PK10 brûlent, mes abdos semblent se déchirer et ma poitrine me serre. Néanmoins, je relance encore pour le rattraper. Et, enfin, le paysage. Je reconnecte avec la réalité. Moment de légèreté. De sérénité. On voit l'océan en toile de fond. L'arche de la délivrance est sur la droite, à moins d'un kilomètre. C'est presque bon!

J'entre dans le sas d'arrivée. Il me reste 200 mètres. Je me retourne. Il n'y a plus personne. Sur ces 8 derniers kilomètres, avec une moyenne à peine au-dessus des 4 minutes au kilomètre, j'aurais réussi à rattraper 3 coureurs en me faisant mal (vraiment mal) pour arriver au bout.

Le speaker l'annonce: "arrivée en 2 heures 20 minutes et 15 secondes, 8ème au scratch (sur 496 coureurs au départ) et 1er Senior, Guillaume"! Énorme! Comme un gamin, je suis juste super content. Avec un sourire jusque derrière les oreilles! Malgré une marge de progression qui reste…importante (j'ai notamment perdu 5 minutes sur une section facile et fait une montée timide), je suis très satisfait de cette performance et de ce résultat. Le top 10 est là, avec en prime une victoire dans ma catégorie Senior Homme. Une belle journée pour courir.

Merci et bravo à l'Association d'Athlétisme Jacky Murrat ainsi qu'à l'ensemble des bénévoles présents sur cet événement! Encore un grand merci à Coline, qui m'inspire, à Thib's, Paul et Maman pour leurs encouragements et aux copains qui me suivent et me poussent à aller de l'avant!

Prochain rendez-vous, le 15 juillet "à la maison" pour le Trail Rivière des Galets! En attendant, récupération avant de reprendre le travail de fond, la préparation mentale et d'atteindre les objectifs fixés pour ce mois. Juin-juillet-août est la période la plus dense mais aussi la plus ludique de ma préparation à La Diagonale des Fous. Je ne lâche rien et continue de m'amuser. Parce qu'au final, c'est le plus important… [à suivre] 

samedi 20 mai 2023

Salazienne - Mai 2023

 

Préparation des affaires, Méga Salazienne / Résultat de course, Méga Salazienne - Suunto

Alors cette course, comment ça s'est passé? A chaud, je dirais: "Putain, quel pied!"
Maintenant que l'euphorie est quelque peu redescendue: "Mais putain, quel pied!"

Oui! Comme moi, tu ne rêves pas: c'est l'énorme surprise! J'ai bouclé ses 53 km pour 3 400 m de dénivelé annoncés en 7 heures 30 minutes et 38 secondes! Avec 1 heure d'avance sur mon meilleur objectif, je termine 3ème au général et 1er de ma catégorie d'âge (senior homme) sur 423 coureurs inscrits. Au pays du trail running, sur un parcours aussi exigeant que la Méga Salazienne et après 18 mois de pratique, il s'agit pour moi d'un "truc de fou"!

Mais revenons un peu sur ma course. Le départ est donné à 3 heures du matin dans une ambiance conviviale. Les premiers kilomètres sont roulants et le rythme imposé par les "gazelles" me convient bien. Je me retrouve donc dans un petit groupe de tête composé d'une douzaine de coureurs. L'écart avec le peloton se creuse rapidement et les 10 premiers kilomètres sont réalisés en moins de 55 minutes.

Viennent ensuite les premières pentes. Elles sont régulières et s'effectuent sur un chemin forestier qui permet de courir. Néanmoins, notre groupe s'étire un peu et je reste avec 2 coureurs. Dans une descente je prends la trace de notre meneur, Benjamin (1er), et nous resterons ensemble pendant plusieurs kilomètres. Trop fort pour moi, je n'arrive pas à prendre de relais et m'efforce de garder la cadence. Néanmoins, je l'observe et j'apprends beaucoup sur sa posture, sa technique en descente ainsi que sur ses relances en montée. Impressionnant, je comprends vite que ce garçon est un sacré client (infos coureur: 14ème de la Diag' 2021 et premier réunionnais). Je me laisse donc naturellement décrocher avant d'être récupéré par Nicolas (4e). Nous ferons presque toute l'ascension vers Caverne Mussard (PK18) ensemble. Je reste dans ma bulle et anime cette montée. Et quelle montée! Elle est longue. Très longue.

Une fois au sommet, 2 choses. Les premières lueurs arrivent. Il est presque 6h00 et le lever du soleil promet d'être un sacré spectacle. Par contre, comme je le redoutais, le terrain est complètement détrempé, boueux, glissant. La descente demande une concentration importante. Je prends un peu d'avance sur Nicolas mais nous nous retrouvons au ravitaillement de Belouve (PK23). Nous échangeons un mot puis je décide de repartir rapidement. La descente se fait bien, mais je reste prudent. J'essaie d'être le plus relâché possible tout en gardant une attention élevée sur mes appuis. Cela ne m'empêchera pas une belle chute mais sans gravité: j'étais déjà bien sale de toute façon. Le jour s'est levé, je croise les premiers randonneurs et avec eux les premiers encouragements. C'est plaisant d'autant que je me sens bien, les sensations sont là, les jambes et la tête aussi. Le paysage aide, le cirque de Salazie est absolument magnifique!

Vue sur le cirque de Salazie depuis le Col des Boeufs

Je continue donc seul entre chemins forestiers, singles plus ou moins techniques, racines et cailloux. Au ravitaillement de Bras Marron (PK34), l'organisation m'annonce la troisième position. Je ne comprends pas, j'effectue mon ravitaillement en eau et repars. Le parcours est plutôt roulant avant d'attaquer le second pétard vers Plaine des Merles. Nouveau ravitaillement et nouvelle annonce de "troisième position". Il me faudra encore quelques minutes. Je percute. C'est mon classement depuis 10 kilomètres! Je pensais être dans le top 10 mais pas sur le podium à ce moment de la course. Je ne m'enflamme pas, ça me fait même sourire! Je fais en sorte de rester dans ma course, de ne pas me perdre à imaginer quoique ce soit et à garder en tête les objectifs fixés, à savoir un finish en 8h30 (et peut-être moins en fonction des conditions à venir). La course est encore longue, tout peut arriver et je ne sais pas où en sont mes poursuivants. Je me dis plutôt que je risque de m'effondrer dans la seconde partie de la montée. D'autant qu'elle ne m'avait pas laissé un super souvenir en octobre dernier.

Grand Sable, on m'annonce toujours 3e avec 5 min de retard sur le second. L'organisation et même les randonneurs que je croise me donnent à chaque fois les estimatifs de passage et redoublent les encouragements. Clairement, courir en tête est une toute nouvelle dimension pour moi et j'adore! C'est…électrisant. On est à PK42 et je me sens toujours bien. Les mots de Valérie, de Thib's, de Paul, de Coline, de la famille, de mes voisins et des copains vont raisonner dans ma tête jusqu'à la ligne d'arrivée: "ne lâche pas cette place". C'est à partir de ce moment que je réalise que j'ai le potentiel pour le faire. Que mes premiers mois de préparation et de sacrifices ne sont pas vains. Que le travail paie. Que je ne suis pas là par hasard. Cette prise de conscience est accompagnée d'une émotion forte que j'ai dû mal à contenir. Les yeux embrumés, je me recentre vite et entre dans une toute autre phase psychologique: hargneux, j'attaque chaque nouveau pas comme un mort de faim! Le mode combattant est lancé.

Je reprends une grosse cadence et relance à chaque fois que c'est possible pour finir cette ascension. D'autant que ma stratégie de course voulait que j'ai suffisamment d'énergie et de lucidité à PK46 pour terminer fort. Au vu de ma détermination et de mes sensations, ça devrait promettre. Les 8 derniers crans étant roulants et descendants! Je carbure et commence à apercevoir Grand Ilet. Après 25 kilomètres seul, je double quelques coureurs des courses Mini et Salazienne. Mais voila, à 1km de la délivrance, je loupe une bifurcation et perds 1 min…un habitant m'avertit et je fais rapidement demi-tour pour relancer une ultime fois et ne pas me laisser rattraper sur la ligne!

Finalement, j'aurais un peu plus de 12 minutes d'avance sur Nicolas (4e). Encore mieux, je suis à 16 secondes, un gros 100 m, d'Elysée (2e). Je passe la ligne d'arrivée. Le temps s'arrête. Quelles sensations incroyables! Les émotions à ce moment se bousculent. Elles sont indescriptibles! Je n'en reviens pas! il va falloir me pincer…mais pas tout de suite. Je profite!

Un grand merci à l'AC Salazie et à l'ensemble des organisateurs, partenaires, bénévoles et supporters! Félicitation à tous les coureurs et amoureux de ce sport. Merci pour cette fête et pour les belles rencontres de la journée! A bientôt sur les sentiers pour continuer ces moments de partage et à en prendre plein les yeux.

La suite? Profiter des choses simples (oui, une bière bien tassée) et prendre 3 jours de repos, avant que ça ne recommence. Prochain rendez-vous, le 17 juin à Grand Bassin!